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Clarté référendaire, le NPD rate encore une fois la cible

par André Frappier

dimanche 11 décembre 2005

J’étais candidat NPD dans la circonscription de Papineau lors des élections fédérales de 2004 et je tiens à dénoncer publiquement le revirement de Jack Layton concernant la Loi fédérale sur la clarté référendaire. J’ai joint les rangs du NPD à ce moment parce que je suis conscient de l’importance de construire une alternative aux Libéraux et aux Conservateurs sur le plan fédéral. Étant employé de Postes Canada je suis à même de constater la détérioration et les pertes de bons emplois ainsi que les menaces de privatisation qui découlent des politiques de libre-échange adoptées par les Conservateurs et appliquées par les Libéraux.

J’ai saisi l’occasion de mettre l’épaule à la roue en 2004 lorsque Jack Layton a démontré une ouverture non seulement par sa forte présence au Québec mais surtout par sa position sur la question nationale en reconnaissant le caractère antidémocratique de la Loi fédérale sur la clarté référendaire. Je me suis affiché comme souverainiste ayant voté en faveur du référendum de 1995, avec toutes les difficultés que cela peut comporter au sein d’une formation fédérale telle que le NPD. J’ai souhaité rallier d’autres militants et militantes à cette nécessité qu’est la construction d’un parti fédéral progressiste présent tant au Canada-anglais qu’au Québec. Mais pour y arriver, le NPD se devait d’afficher une position claire concernant à tout le moins le droit du Québec de décider librement de son avenir. C’est une question incontournable. L’absence historique du NPD de la scène politique au Québec le démontre fort bien.

Mais le NPD a tôt fait de céder aux pressions de ses députés canadiens anglais qui voyaient dans chaque ouverture de Jack Layton sur la reconnaissance des droits du Québec une perte d’appuis de leurs électeurs. Ils n’ont pas eu le courage de défendre une position démocratique ni la sagesse de comprendre qu’une percée du NPD au Québec renforcerait en retour la possibilité pour le NPD de devenir une alternative tangible. La réalité est que les votes se comptent maintenant et que les députés sont au Canada anglais.

Les dernières déclarations de Jack Layton confirment que ce parti restera complètement extérieur à la réalité politique québécoise lorsqu’il déclare avoir constaté un consensus au pays en ce qui a trait à la décision de la cour suprême concernant la Loi sur la clarté. Il a de toute évidence oublié de consulter les québécoises et québécois. Il a également mis de côté sa propre section québécoise, qui à son conseil général tenu en mai dernier à Sherbrooke a énoncé clairement que la décision de la cour suprême démontre que l’avenir du Québec au sein du Canada est une question politique et non une question juridique. Cette déclaration ajoute :" Le NPD reconnaît également que ce droit à l’autodétermination implique la capacité de l’Assemblée nationale de rédiger, et des citoyens du Québec de répondre librement, à une question référendaire."

Je me demande même ce qu’attendent certains leaders du NPD au Québec pour réagir aux déclarations de Jack Layton et defendre la position adoptée au Québec. Laissons la langue de bois de côté et ayons un peu de courage politique bon sang !

Pour l’heure retournons à nos deux solitudes, avec un NPD qui reprend ses positions traditionnelles canadiennes anglaises et un Bloc Québécois qui se complait dans une rôle d’opposition à vie, laissant par le fait-même la voie libre aux Libéraux ou même aux Conservateurs.

André Frappier

Candidat du NPD dans Papineau aux élections de 2004

NB. : Souligné par moi