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Quatrième Forum Social Mondial

Destination Mumbai

dimanche 7 décembre 2003

La tenue du prochain Forum social mondial à Mumbai (Inde - ancienne Bombay), en janvier, est l’occasion de tisser des liens militants en Inde et en Asie.

Les inscriptions au prochain Forum social mondial (FSM) sont encore ouvertes ; mais seulement jusqu’au 15 décembre. Pour qui ne s’est pas encore inscrit et veut se rendre à Mumbai, mieux vaut ne plus tarder. Chaque forum social présente des enjeux spécifiques, qui tiennent tant à sa place dans l’enchaînement des initiatives prises depuis 2001 (le premier et historique rendez-vous de Porto Alegre) qu’aux conditions particulières du moment et du pays d’accueil. L’importance propre au prochain FSM peut se décliner sur le mode de la "première fois".

C’est, tout d’abord, la première fois que le Forum social va se réunir "en grand" (on évoque 75 000 participants) en dehors de ses terres d’origine, l’Amérique latine et l’Europe. Il doit faire la preuve de sa capacité à intégrer l’Orient à sa problématique politique et à son fonctionnement. C’est, aussi, la première fois que le type de dynamique "inclusive" caractéristique d’un forum social prend forme en Inde. Des traditions unitaires se sont certes affirmées dans ce pays au cours des années 1990, sans lesquelles l’entreprise n’aurait guère été concevable. Mais elles ont en général mis en relations des organisations semblables : les syndicats progressistes entre eux, ou les partis de gauche, ou encore les "mouvements populaires" de facture "gandhienne". Il s’agit cette fois de réunir des composantes très diverses, qui souvent s’ignoraient (ONG et syndicats) ou se heurtaient (courants "gandhiens" et mouvements de masse liés aux forces "traditionnelles" de la gauche politique).

La question de l’"inclusivité" s’avère ici d’autant plus importante que la société indienne est beaucoup plus plurielle qu’en Europe. Aux clivages pour nous usuels, il faut ajouter ceux qui reflètent l’ampleur des différences régionales dans cet Etat fédéral ; la place des communautés religieuses minoritaires (musulmanes, chrétiennes) à l’heure où le gouvernement est formé par un parti hindouiste fondamentaliste ; une division sociale en castes, plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord ; les tensions nationalistes quand un état de guerre latent oppose deux pays aux frontières communes, l’Inde et le Pakistan.

C’est, enfin, une première chance pour les mouvements français et européens de rencontrer, dans une démarche collective, leurs correspondants indiens et asiatiques. Les liens militants entre la France (et même, de façon plus générale, l’Europe) et l’Asie sont aujourd’hui beaucoup plus ténus qu’avec l’Amérique latine, le pourtour méditerranéen et l’Afrique. Rares sont les associations et réseaux de solidarités qui entretiennent des rapports réguliers avec l’Inde. La migration du FSM, de Porto Alegre à Mumbai, offre une occasion unique de tisser et d’élargir ces liens. Un très large éventail d’organisations sera représenté : syndicats, Dalit (les "Intouchables") et adivasi (tribus "hors système des castes"), mouvements de femmes, de pacifistes et de jeunes, associations paysannes, ONG, etc. Dans un pays où la gauche est avant tout communiste (avec en particulier le rôle pivot du PCI-Marxiste) et l’extrême gauche surtout d’origine maoïste (composée des divers héritiers du naxalisme), la variété des courants "gandhiens" rappelle que le tout reste fort original à nos yeux.

Le développement du mouvement altermondialiste a fait naître un nouveau cadre d’action internationaliste. Il ne peut se prétendre véritablement mondial sans inclure l’Orient. Pas plus que les organisations militantes européennes ne peuvent continuer à ignorer, en pratique, l’Asie. Le FSM de Mumbai 2004 est une véritable chance, qu’il nous faut saisir.

Antoine Tessour
 Site du FSM : <www.wsfindia.org> ; . Les inscriptions (jusqu’au 15 décembre) se font sur le site (anglophone), qui fournit aussi diverses informations pratiques (hôtels, etc.). Si vous avez besoin de poser des questions, écrire par e-mail à : .
Attention : les Français ont besoin d’un visa pour se rendre en Inde (voir avec le consulat indien).

Tiré de Rouge 2042 04/12/2003