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Notes de lecture

États et mondialisation

dimanche 13 octobre 2002, par Bernard Rioux

Les entreprises transnationales ont encore des bases nationales. 96% des mégacorporations qui agissent sur le marché mondial ont leur siège social dans 8 pays seulement. La propriété de ces entreprises repose sur une base nationale très claire. Leurs profits qui viennent du monde entier mais sont rapatriés dans les pays d’origine de l’entreprise. 2% seulement de leurs dirigeants sont des étrangers. Dans une enquête fait par Fortune auprès de 200 entreprises les plus importantes, ces dernières reconnaissent que les interventions des États de leur pays leur ont été profitables. Ce soutien se matérialise par des subventions directes, des sauvetages d’importantes entreprises en difficultés, par l’utilisation pour leurs besoins des impôts payées par les classes subalternes, par la dérégulation du marché, par des réformes du code du travail orientées vers la précarisation et la flexibilité de la main-d’œuvre… L’Etat reste donc un instrument indispensable dans le processus d’accumulation du capital. Les États nations continuent d’être des acteurs cruciaux dans l’économie mondiale. Il n’y a pas de crise totale de l’État et encore moins une crise terminale de l’État. Les fonctions répressives de l’État conservent tout leur vigueur pour protéger l’apartheid social que l’économie capitaliste développe.

Il y a deux visions de la souveraineté de l’État pour l’État impérialiste américain. Sa souveraineté et celle de ses alliés doivent être renforcées. Celle des pays neutres ou ennemis doit être foulée au pied. L’État américain a répudié des instruments de juridiction internationale (qui pourrait impliquer une quelconque diminution de sa souveraineté nationale). Tous les États métropolitains depuis 20 ans se sont renforcés au niveau de leur possiblilité d’intervention économique. Il y a bien eu une baisse du taux de croissance des dépenses publiques mais ces dernières ont continué à croître malgré tout, mais à un rythme plus lent.

Les États continuent donc à se développer dans les métropoles impérialistes. Mais l’histoire est tout autre dans les pays de la périphérie. Ces États ont été radicalement affaiblis et les économies périphériques ont été soumises de plus en plus ouvertement, et sans médiation étatique, aux influences des grandes entreprises transnationales et aux politiques des pays développés, particulièrement des Etats-Unis. Cela n’a pas été spontané mais a été le résultat d’initiatives politiques consciemment prises par le centre de l’empire, le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, accompagné cela par ses agences et lieutenants (le FMI, la Banque mondiale, l’OMC…) et soutenues par la complicité agissante des gouvernements du G-7. Cette coalition s’est donnée comme objectif de reconvertir les économies de l’ensemble du Tiers Monde selon ses intérêts et plus particulièrement, selon les intérêts des Etats-Unis.

Cette restructuration des pays de la périphérie signifie la pénétration illimitée des entreprises nord-américaines et européennes dans les marchés intérieurs des nations du sud, le démantèlement du secteur public de ces pays afin de générer des excédents destinés au paiement de la dette, la réduction au minimum les budgets publics pour sacrifier les dépenses vitales en matière de santé, de logement, d’éducation provoquant la détériore radicale de la qualité de la vie de vastes secteurs de la population de ces pays. Les entreprises publiques sont vendues à des prix dérisoires aux grandes entreprises des pays du nord pour augmenter leurs profits.

La forme des États capitalistes dans les pays avancés s’est transformée dans le dernier quart de siècle. Ces États ont connu un véritable régression démocratique. Un perte de pouvoir des assemblées élues (congrès et parlements, une imputabilité de plus en plus restreinte, la concentration des pouvoirs dans les mains des exécutifs gouvernementaux, la prolifération de lieux de décisions complètement étrangers à tout pouvoir élu). Une ignorance de plus en plus entêtée aux revendications de la société civile d’en bas, la convergence de tous les partis majeurs autour d’une plate-forme similaire (le parti unique néolibéral) et la concentration des pouvoirs au sommet ont développé des sentiments d’impuissance qui nourrissent l’apathie politique et le repli individualiste. Enfin la concentration des médias cadenassent encore plus cette situation en laissant comme tout discours l’expression de la pensée unique néolibérale.

(Notes de lecture du texte Imperio : dos tesis equivocadas d’Atilio A. Boron, voir le site de Rebelion, notre page de liens)