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Forum social européen

Féminisme et altermondialisme

dimanche 16 novembre 2003

Le Forum social européen a débuté par l’assemblée des femmes réunie à Saint-Denis. A travers cette initiative, c’est la volonté de rendre visibles les luttes des femmes qui s’est exprimée.

La Marche mondiale des femmes contre les violences et la pauvreté de l’année 2000 avait relevé un premier défi dans le mouvement altermondialiste : montrer que les femmes sont partout les premières victimes de la mondialisation capitaliste et qu’elles sont soumises aux règles du patriarcat. Mais au-delà du constat, le véritable enjeu était la mobilisation et la création d’un réseau international. Près de trente ans après les grandes mobilisations féministes, le mouvement des femmes doit être de nouveau à l’offensive. Dans toutes les grèves, les manifestations contre la guerre, les syndicats, les associations et les partis, les femmes sont présentes et actives. Elles luttent pour leurs droits et pour les droits de tous. Leurs mobilisations sont souvent annonciatrices de grands mouvements sociaux, et lorsque les organisations traditionnelles hésitent à se lancer dans la bagarre, l’autonomie de leur mouvement leur permet de bousculer les habitudes et de prendre les initiatives.

La mobilisation altermondialiste n’a certes pas été initiée par les femmes, mais elle ne pourra se renforcer sans elles. Pour cela, les militantes doivent rendre visibles leurs luttes, afin de définir des revendications spécifiques, souvent ignorées par l’ensemble du mouvement, et se donner les moyens pour peser collectivement dans la mobilisation. L’existence d’une journée à part dans le cadre du Forum social européen a cette fonction. Loin de représenter un repli frileux sur des questions qui n’intéresseraient que les femmes, elle permet au contraire d’emmagasiner des forces pour être davantage présentes dans toutes les mobilisations. De prendre confiance en soi dans un monde militant encore dominé par les hommes, afin de mettre au centre des préoccupations la question des droits des femmes.

Vouloir changer ce monde, ce n’est pas seulement lutter contre toutes les formes d’exploitation, mais aussi éradiquer toutes les oppressions qui réduisent au silence la moitié des êtres humains sur la planète. C’est opérer un changement radical des rapports sociaux entre les sexes. C’est oser dire que le privé est politique. C’est soutenir que la lutte contre les violences domestiques et le droit à l’avortement sont des revendications aussi importantes que la lutte contre les licenciements ou contre l’impérialisme. C’est oeuvrer pour une démocratie totale qui donne le pouvoir à chacun et à chacune d’entre nous.

Stéphanie Chauvin

Rouge quotid’Un 13/11/2003