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L’alliance doit d’abord se faire au sein de la gauche

dimanche 6 octobre 2002, par Molly Alexander, Pierre Dostie

À mesure que les sondages confirment la montée de l’ADQ et que le programme de ce parti est dévoilé, l’inquiétude monte dans les rangs progressistes. Dans les mouvements sociaux, on discute de la possibilité d’un appui tactique au PQ pour éviter le pire. La question de savoir quels sont, dans la conjoncture actuelle, les intérêts de la gauche, et comment celle-ci peut contribuer à contrer la montée de la droite à court terme, tout en renforçant ses propres bases, se pose avec acuité.

L’UFP et le renouvellement de la politique à gauche

L’UFP est le résultat d’un processus de rassemblement et d’unification des forces progressistes qui s’est intensifié au cours des cinq dernières années et dont le coeur de la plate-forme s’articule autour de la rupture avec la mondialisation néolibérale. Ce processus a permis une recomposition et une importante maturation de la gauche politique. L’UFP se perçoit non pas comme une avant-garde éclairée dépositaire de la ligne juste mais comme une organisation agissant sur le front de la lutte politique, en continuité avec les luttes sociales. Ce sont les luttes sociales qui donnent un sens à notre combat politique et électoral. Ce processus peut prendre la forme d’alliances avec d’autres composantes de la gauche sociale et politique, dans le respect de l’autonomie, de la fonction spécifique et des règles démocratiques de chacune. L’UFP se veut un pôle, une contribution à ce processus de rassemblement et de construction de l’unité de la gauche québécoise, un processus qui, nous l’espérons, mènera à un grand parti de masse capable de relayer les luttes sociales, d’en faire la synthèse, de définir une alternative politique crédible pour la population et éventuellement de prendre le pouvoir.

Un mouvement populaire à construire

Lors du Colloque sur les mouvements sociaux et l’action politique de gauche des 20 et 21 septembre, il a été question d’un mouvement d’éducation politique devant se mettre en marche le plus tôt possible pour contrer la montée de la droite. Ce mouvement permettrait aux diverses composantes de la gauche (partis, syndicats, groupes populaires, mouvement féministe, de jeunes, anti-mondialisation, etc.) de faire converger leurs efforts vers cet objectif commun. Certaines personnes ont suggéré que, lors des élections, il y ait des candidatures UFP, Vertes, indépendantes, en provenance du monde syndical ou populaire, mais toutes unies dans ce grand mouvement. Nous appuyons cette idée. À cet égard, l’exemple du Brésil est inspirant pour faire de la politique autrement. Toutes les composantes de la gauche convergent dans un processus qui mène à une véritable démarche de démocratie participative avec la population (exemple : le budget municipal de Porto Alegre) et qui rend le pouvoir accessible.

Le processus est aussi important que le but visé

Nous avons la conviction profonde que la formule à privilégier pour contrer la montée de la droite au Québec doit se faire dans le cadre d’un tel processus. Il est de la plus haute importance que :

 l’ensemble de la gauche (sociale et politique) élargisse et renforce sa base, d’abord et avant tout, dans le cadre d’un grand mouvement d’éducation et d’action politique progressiste ;

 ensuite, que ce soit sur ses propres bases que cette coalition considère éventuellement les possibilités d’alliances tactiques et que ce soit cette coalition qui mène les négociations en conséquence, en vue de réaliser des gains significatifs pour la gauche ;

 quels que soient les résultats des prochaines élections, l’ensemble de la gauche doit en ressortir plus forte.

De plus, on peut se demander qui peut le mieux faire reculer les valeurs de la droite : le gouvernement péquiste qui est divisé et dont une bonne partie du cabinet a des idées assez proches de celles de l’ADQ ? Serait-ce Messieurs Facal, Boisclair et Legault qu’il faut envoyer en première ligne ou les militants-es de la gauche sociale et politique, les porteurs les plus conséquents des valeurs d’égalité, de paix et de justice sociale ?

L’UFP se prépare à la prochaine campagne électorale. Nous avons lancé une campagne de recrutement et de financement et nous sommes à mettre sur pied des associations de circonscription dans la plupart des régions du Québec. L’UFP dispose d’une plate-forme et d’une structure souples et accueillantes pour l’ensemble des progressistes de la gauche sociale désirant oeuvrer sur le front politique. Nous sommes également ouverts à toute proposition qui aurait pour effet de renforcer l’unité de la gauche. Nos statuts sont cependant clairs : seules les associations de circonscription décident des candidatures UFP ou de l’appui à d’autres candidatures. Si l’UFP participe à un large processus unitaire, nos membres sauront considérer à sa juste valeur toute proposition d’alliance avec des forces progressistes. L’UFP s’est construite sur la base de cette approche.

La partie n’est pas encore jouée

La gauche ne peut être perdante si elle renforce ses alliances. Nous croyons qu’elle a la maturité politique qu’il faut pour accroître son unité devant les dangers que représente la montée de la droite. Ce qui nous rapproche est mille fois plus important que ce qui nous divise.

Par ailleurs, au moment d’écrire ces lignes, le ministre Charbonneau affirme que la réforme du mode de scrutin est encore possible avant les élections, ce qui permettrait plus facilement à la gauche de s’engager sur ses propres bases. Nous croyons qu’il n’est pas encore trop tard et qu’il y aurait lieu de maximiser la pression sur le gouvernement.

Enfin, il serait suicidaire à plusieurs égards de ne pas réagir à la montée de la droite. S’en tenir à un simple mot d’ordre en faveur d’un appui tactique au PQ serait insuffisant en plus de reléguer la gauche dans l’ombre. Seul un mouvement politique d’animation et d’éducation populaire, dans le respect de ses différentes composantes, peut contrer une victoire électorale de l’ADQ. Sans la gauche, personne ne pourra battre la droite !

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