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Le Québec et l’environnement après 7 ans : remettons les pendules à l’heure !

mercredi 3 mars 2010


Tiré du site PTAG
mardi 23 février 2010
Lettre d’opinion collective


Depuis Copenhague, l’ineptie mondialement reconnue du gouvernement Harper en matière d’environnement fait en sorte que le gouvernement Charest est perçu comme LE grand défenseur de l’environnement. Si Jean Charest a certes démontré que les provinces n’endossent pas la politique honteuse de Stephen Harper dans la lutte aux changements climatiques, il reste qu’après 7 ans à gouverner le Québec, son bilan environnemental, malgré certains bons coups, est beaucoup plus sombre qu’il ne le laisse entrevoir.

Dossier nucléaire :

même si en 2003, Jean Charest avait promis qu’il ne nous engagerait plus dans le nucléaire, Hydro-Québec projette d’acquérir la centrale Pointe Lepreau au Nouveau-Brunswick. De plus, il veut construire un nouveau réacteur nucléaire sur le site de Gentilly-2 au coût officiel de $2 milliards (montant qui sera largement dépassé) sans aucun débat public. Nous alourdirons ainsi notre héritage dans cette source d’énergie aux déchets très polluants, dangereuse pour la santé et dont les coûts sont reconnus comme les plus élevés au monde.

Dossier des forêts :

l’année 2010 a été décrétée l’année de la biodiversité par l’ONU. Or seulement 5,1% de notre forêt boréale commerciale est protégée. Malgré plusieurs améliorations présentées dans le projet de loi 57 sur l’aménagement durable des forêts, les efforts en matière de conservation des forêts intactes pour la biodiversité restent minces. 88% de nos forêts publiques productives seront réallouées à l’exploitation industrielle sans même qu’il n’y ait de marge de manœuvre pour protéger ce qui reste de plus précieux, soit les dernières forêts n’ayant pas été encore exploitées c’est à dire 10% de notre territoire forestier.

Dossier transport :

alors qu’au Québec, entre 1998 et 2008, la population a crû de 6 %, le nombre de voitures et camions légers a crû de 31 %, soit 5 fois plus ! La première source d’émissions de CO2 du Québec est le transport (40 %) et elles ont augmenté de 36,7 % entre 1990 et 2007. Pourtant, le Ministère des Transports du Québec dépensera $15 milliards en infrastructures pour le transport individuel, contre $2 milliards en transport collectif, sans tenir compte des plans d’urbanisme municipaux. 3 exemples : le pont de l’autoroute 25, les reconstructions de l’autoroute Notre-Dame et de l’échangeur Turcot.

Dossier des mines :

comme l’a démontré le Vérificateur général, non seulement nous avons payé plus de $600 millions entre 2002 et 2008 pour que des compagnies minières exploitent NOS ressources (non-renouvelables), mais nous avons également hérité au fil des ans d’un lourd passif environnemental, présentement évalué à plus de $300 millions pour restaurer des centaines de sites abandonnés. Le Québec s’apprête à se lancer dans l’exploitation de 6 à 8 mégamines à ciel ouvert à « faible teneur - forts impacts », sans pourtant obliger leur restauration complète, ni restreindre leur consommation phénoménale d’eau, d’énergie et de produits chimiques. Autre enjeu crucial : le gouvernement refuse toujours d’imposer un moratoire sur les mines d’uranium, alors que le temps presse et que les impacts sur la santé et l’environnement l’exigeraient.

Les barrages contre l’efficacité énergétique :

après l’Islande, c’est au Québec qu’il se consomme le plus d’électricité par habitant sur la planète. L’électricité la plus rentable est celle que nous économisons. Suite à la commission parlementaire sur l’énergie de 2005, l’Agence d’Efficacité Énergétique a de nouveau reçu des budgets dignes de ce nom. Or, le plan de l’agence couvrant la période de 2007 à 2010 se fait toujours attendre… En pleine période de surplus énergétique, le gouvernement relance des projets de méga-centrales comme La Romaine et relance les projets tant décriés de petites centrales hydroélectriques dont il est déjà prévu que le coût marginal dépassera la valeur à l’exportation. Ainsi, nous allons détruire des écosystèmes de façon durable pour perdre collectivement de l’argent…après que les américains aient statué que cette énergie n’est pas verte. L’indépendance face au pétrole ...et la dépendance au gaz naturel : le lobby du gaz naturel semble avoir pris le contrôle de ce gouvernement. Après le Suroît, la centrale de Bécancour (fermée après 1 an, alors que nous paierons à TCE Energy au moins $1,5 milliard sur 10 ans pour NE PAS qu’elle produise d’électricité), les ports méthaniers Rabaska et Cacouna d’importation de gaz naturel ainsi que l’exploration et l’exploitation tous azimuts de gaz dans le golfe du St-Laurent et les schistes (très polluants et sans redevance pendant 5 ans), voilà maintenant que le gouvernement finance une tournée panquébécoise sur l’indépendance face au pétrole avec comme partenaire Gaz Métro, qui veut nous débarrasser du pétrole… pour le remplacer par du gaz naturel.

Dossier changements climatiques :

malgré une énième augmentation annuelle des GES, Québec prétend encore qu’une réduction de 6 % en 2012 par rapport à 1990 est à notre portée. Or, les objectifs de Kyoto ne sont pas de -6 % pour 2012, mais bien pour d’une baisse de 6% en moyenne durant les 5 années incluses entre 2008 et 2012 ! Si les secteurs autres que le transport tel que le secteur industriel (32 % des émissions) qui a réussi à baisser ses émissions de 6,2 % depuis 1990 se maintiennent, le secteur des transports devra réduire les siennes de 24 % ! Malgré l’application positive des normes californiennes, les objectifs de Kyoto ne seront de toute évidence pas atteints.

Autres dossiers problématiques :

7 ans après l’avoir promis…le non-étiquetage des OGM et l’application de la politique nationale de l’eau ; le tablettage de la révision du règlement sur la qualité de l’air ; le Plan Nord ; le BAPE rendu inoffensif ; le développement anarchique de l’éolien ; sans oublier l’amiante, qui, première cause de décès des travailleurs du Québec, mine notre crédibilité internationale ; et, pour couronner le tout, le nouveau soutien aux entreprises qui veulent « profiter des occasions d’affaires dans les sables bitumineux ».

Conclusion :

se comparer au gouvernement canadien pour démontrer combien nous sommes verts équivaut à se comparer à l’idiot du village global pour illustrer notre génie. Notre bilan environnemental est bien moins reluisant que le gouvernement le prétend. C’est pourquoi, avec l’aide de ce commissaire à l’éthique qu’il nous promet depuis 7 ans, ce gouvernement devra se distancer des lobbies miniers, forestiers, de génie-conseil, de la construction et de l’énergie pour se concentrer sur des actions réellement fidèles à l’esprit du VRAI développement durable. À la veille du budget et en pleine négociation sur plusieurs des dossiers évoqués ici, ceci est essentiel pour l’avenir écologique ET économique du Québec.

Daniel Breton, Xavier Daxhelet, Vincent François, Denis L’Homme/ « Maîtres chez nous-21e siècle », Henri Jacob/Action Boréale Abitibi-Témiscamingue, Nicolas Mainville, Melissa Filion, Virginie Lambert-Ferry/Greenpeace, Maryse Pallascio/Fondation Rivières, François Lapierre/ Coalition pour que le Québec ait meilleure mine, Sophie Thiébaut/co-fondatrice de Mobilisation Turcot, Michel Duguay, Philippe Giroul, Michel Fugère, Nicole Béland/ Mouvement Sortons le Québec du nucléaire, Yvan Croteau/ Réseau Québécois des Groupes Écologistes, Pierre Jasmin et Daniel-Jean Primeau/Artistes pour la paix, Pierre Lambert/ Mouvement Vert Mauricie, Jean-Guy Vaillancourt/sociologue, Pierre Gauthier/urbaniste, Jean Décarie/urbaniste, Eric Notebaert/Professionnels de la Santé pour la Survie Mondiale, Jacques Levasseur/Coalition Stop au Méthanier