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Demi-victoire juridique de l’extrême-droite en Angleterre.

Le leader du BNP innocenté de charges d’incitations à la haine raciale.

Sacha A. Calixte

mardi 7 février 2006

Après deux semaines de proçès, le leader du BNP (British national party, extrême-droite) Nick Griffin a été innocenté jeudi 2 février à Leeds de 2 des 4 charges d’incitations à la haine raciale déposées par le procureur de la Couronne. Mark Collett, autre membre du BNP, s’est aussi vu innocenté de 4 des 8 charges de même nature pesant sur lui. Le jury de 8 hommes et de 3 femmes s’est déclaré incapable d’arriver à un verdict sur les charges restantes. Un nouveau proçès a été annoncé par la Couronne.

Nick Griffin a été secrètement filmé par un reporter de la BBC lors d’un meeting tenu en 2004 à l’occasion d’élections locales, meeting durant lequel le leader du BNP attaque l’islam en tant que “foi vicieuse et perverse” et qualifie les chercheurs d’asile politique en Angleterre de “coquerelles”. Questionné sur les raisons de ces paroles, Griffin a répondu “n’avoir aucune haine envers les membres de minorités ethniques ni ne blâmer les réfugiés qui cherchent un meilleur avenir pour leurs enfant. Nous blâmons seulement le gouvernement pour traiter ces gens au-dessus de nos gens (for putting their people above our people), pour avoir fait de ce pays, jadis décent et stable, un bordel multiculturel ressemblant de plus en plus à une future Bosnie”.

Griffin a répété soutenir l’affirmation selon laquelle “la religion islamique est un dragon...le terrible et mortel ennemi de nos valeurs les plus fondamentales, quelque chose qui, laissé sans surveillance, ammènera la misère et le désastre dans ce pays”. Les séquences filmées montrent également Grifin dénigrant un étudiant noir victime d’un meurtre raciste survenu plus tôt et accusant les jeunes asiatiques d’entraîner des jeunes filles blanches pour la prostitution.

La défense a convaincu le jury de l’innocence des deux hommes en faisant notamment valoir que ces paroles devaient êtres prises dans le contexte d’un meeting politique privé. Selon Griffin, les propos tenus ne visaient aucun individus mais seulement la religion islamique, et se situaient dans les limites du droit de parole.

Le proçès a été l’occasion d’un spectacle politique qui, selon les porte-paroles de l’organisation, s’est avéré très profitable pour le BNP - lui fournissant une excellente publicité et une augmentation des donations, incluant “une donation de £20 000, la plus grosse de notre histoire”. Griffin, un diplomé de Cambridge, n’a pas manqué d’expliquer avec emphase ses vues aux jurés, se voyant par deux fois rappellé à l’ordre par le juge l’avertissant qu’il ne s’agissait pas d’un meeeting politique. Au long du proçès, Griffin a également pu utiliser son ordinateur portable pour animer un blog accessible sur le site du BNP.

Suite au verdict, Griffin a été accueilli à l’extérieur du palais de justice par une centaine de supporters du BNP scandant “Liberté !” Il a affirmé ne pas avoir l’intention de rectifier son language et vouloir au contraire “continuer à dire la vérité aux britanniques”. Des manifestants anti-fascistes étaient aussi sur place le mercredi et le jeudi, traitant Griffin et les hommes de main du BNP de “pourritures”. Depuis la mise en accusation des deux hommes en 2004, une campagne d’opposition au BNP soutenue par la coalition Unite against Fascism a recueilli l’appui de nombreuses personnalités du monde syndical, politique ainsi que des communautés ethniques et gays.