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Le cadeau empoisonné du gouvernement Charest

Les PPP, le cheval de Troie du patronat et des amis du régime

vendredi 29 octobre 2004

Symbole du cadeau empoisonné du gouvernement Charest, ce cheval de Troie sera de la délégation de la FTQ présente aux abords de l’Hôtel du Parlement, à Québec, en début d’après-midi. Le cheval de Troie des PPP est fait de bois et mesure 16 pieds de haut.

Avec la création d’une Agence des partenariats public-privé (PPP), le gouvernement Charest met en place un élément de plus pour mieux paver la voie à la privatisation des services publics, après avoir aboli l’article 45 du Code du travail et après avoir divisé les unités syndicales selon quatre catégories distinctes d’employés dans le secteur de la santé et des services sociaux.

"Les PPP, c’est le cadeau empoisonné du gouvernement Charest à la population québécoise, c’est le cheval de Troie du patronat et des chantres du tout-au-privé, lance Carl Dubé président du syndicat SCFP au Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ). Les citoyens seront perdants, les employés seront perdants, tout le monde sera perdant, sauf les amis du régime qui encaisseront les profits."

Une quasi mise en tutelle

Devant les réticences appréhendées des administrations publiques à se lancer tête baissée dans l’aventure des PPP, le gouvernement Charest a décidé de créer une agence paragouvernementale dominée par les intérêts privés et caractérisée par le recours systématique aux firmes d’experts-conseils. En vertu des énormes pouvoirs qui lui sont conférés par le projet de loi 61, la mise en place de l’Agence de partenariats public-privé constitue une quasi-mise en tutelle de toutes les administrations publiques, des ministères et sociétés d’État aux universités en passant bien sûr par les municipalités et les commissions scolaires.

Les PPP en question

Les expériences de PPP au Canada et ailleurs dans le monde démontrent que, contrairement à leurs promesses, les PPP mènent le plus souvent à l’accroissement du fardeau financier des citoyens, accompagné d’une dégradation des services publics et de l’appauvrissement de milliers de travailleuses et de travailleurs.

Dans tous les cas répertoriés par les services du SCFP, les expériences de PPP ont entraîné une forte réduction des emplois et une dégradation des conditions de travail. Seulement dans les services de santé de la Colombie-Britannique, près de 8000 postes ont été ainsi supprimés et plusieurs employés, qui ont conservé leur emploi, ont vu leur rémunération fondre de 50%. C’est là que réside la grande efficacité des privatisations tant souhaitées par le gouvernement Charest et sa présidente du Conseil du trésor.

Une mine d’or pour les amis du régime

Les PPP représentent une excellente affaire pour les dirigeants multimillionnaires des grandes entreprises transnationales qu’on retrouve presque toujours à la tête des consortiums qu’elles forment pour faire main basse sur les services publics. Véritable mine d’or pour les armées d’avocats, comptables et autres experts-conseils qui salivent à l’idée des volumineux contrats d’affaires à concocter, puis à contester devant les tribunaux, les PPP constituent aussi, pour les bailleurs de fonds, d’excellentes occasions d’investissements qui promettent des rendements croissants, stables et lucratifs, garantis par l’État.

Sur le plan des finances publiques qu’on ne cesse de dire en crise, alors que le gouvernement fédéral nage dans des surplus, les privatisations directes ou déguisées nous préparent des lendemains désastreux en générant une baisse des revenus de l’État (en taxes, impôts et revenus d’investissements collectifs), une hausse des dépenses de l’État et des organismes publics liées aux sommes à verser aux PPP sous forme d’engagements à long terme et un gonflement de la dette publique dissimulée hors-bilan (dont les coûts de rachats éventuels des PPP au terme des contrats privés).

Ce sont les contribuables actuels et futurs surtout les travailleuses et les travailleurs lentement transformés en clients payants - ainsi que les moins nantis de notre société qui en feront les frais. Que dire des générations à venir ?
2004-10-28

(tiré du site du SCFP http://www.scfp.qc.ca/)