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Les travailleurs font preuve de responsabilité : L’Alcan doit respecter ses engagements et faire un pas de plus

dimanche 15 février 2004, par Pierre Dostie

Saguenay, le 14 février 2004. Les travailleurs de l’usine Alcan d’Arvida tiennent leur occupation de façon responsable et sécuritaire. Leur revendication d’une usine de remplacement est conforme à l’engagement pris par la compagnie dans l’entente de 1993. La proposition de nationaliser les installations électriques de la compagnie est pertinente et responsable. Elle prouve que cette lutte n’est pas restreinte aux seuls intérêts immédiats des syndiqués. Ces travailleurs se battent pour la survie de leur région et pour le développement du Québec.

L’impasse persiste après deux semaines d’occupation et le rejet en début de semaine par les travailleurs de la proposition de règlement de l’Alcan. La pierre d’achoppement étant justement le remplacement de l’usine à cuves Söderberg que la compagnie a récemment décidé de fermer dix ans plus tôt que prévu. Les deux parties ont malgré tout montré des signes d’ouverture. Le médiateur spécial nommé par le PM Charest doit faire rapport dans 3 jours.

Appui unanime

L’un des faits saillants de cette lutte est l’appui unanime de toute la région. Malgré le caractère audacieux du moyen de pression retenu, l’occupation de l’usine et la poursuite de la production censée s’arrêter progressivement depuis l’annonce de sa fermeture, les principaux acteurs sociaux, députés, maires, commentateurs politiques, etc. ont donné leur appui à cette lutte et se sont gardés de condamner l’action syndicale qui d’ailleurs pourrait ne pas être considérée comme une grève au sens de la loi (i.e. ralentissement de travail). Jusqu’ici, malgré qu’elle soit détentrice d’une injonction, la compagnie n’a pas encore eu recours à la manière forte pour faire cesser l’occupation. Mais la tension monte et il y a lieu de souhaiter un dénouement heureux de cette délicate situation. L’Alcan doit respecter ses engagements et faire un pas de plus.

Nationalisation

Toutefois, contrairement à ce qu’affirme l’éditorialiste du Quotidien dans son édition du 11 février 2004, il n’y a pas lieu de rejeter la proposition syndicale de nationaliser les installations hydro-électriques de la compagnie. Se faire l’épouvantail à moineau au nom de la compagnie en affirmant que cela chasserait celle-ci de la région est également déplacé. Dans une perspective de prise en charge collective de la région et de nos ressources naturelles, la proposition de la nationalisation est tout à fait responsable. Pour une fois qu’un syndicat fait une proposition à caractère politique, il faut le saluer. Certes, cette question ne se règlera pas dans le cadre des négociations entre le SNEAA et l’Alcan. Mais le Premier ministre du Québec doit entendre le message. Un message qui n’est pas nouveau et qui revient de manière cyclique dans la région. Pour l’UFP, la nationalisation devrait s’étendre à toutes les ressources naturelles qui devraient être exploitées dans l’intérêt collectif et en harmonie avec les besoins des collectivités locales. La prise en main de la région nécessite la récupération des pouvoirs que nous avons cédés aux grands centres et aux compagnies transnationales. Il est plus que temps de nous débarrasser des arguments de colonisés qu’agitent certaines élites pour nous empêcher de nous prendre en main. Ce ne sera pas facile certes. Mais continuer de subir passivement la saignée de nos régions est-il plus facile en fin de compte ?

samedi 14 février 2004