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Brésil

Lula face à la première grève nationale

dimanche 22 juin 2003

Les diverses organisations qui regroupent 850’000 employé·e·s du secteur public au Brésil vont engager leur première grève (à durée indéterminée) à partir du 8 juillet 2003 afin de manifester leur rejet de la réforme de la prévoyance sociale du gouvernement de Luiz Inacio Lula da Silva.

Cette grève a été décidée au cours d’une assemblée organisée par les représentants de 11 organisations syndicales qui regroupent les 850’000 salarié·e·s du secteur public fédéral [de l’Etat fédéral], y compris les professeurs des universités nationales.

Mercredi passé, les organisations syndicales ont organisé la première manifestation [voir sur ce site l’article intitulé : Premières manifestations face à Lula - 12 juin 2003] contre le gouvernement de Lula da Silva, depuis que le Parti des travailleurs (PT) est arrivé au gouvernement le 1 janvier 2003. La manifestation s’est tenue au centre de Brasilia, réunissant 40’000 personnes selon les organisateurs et 20’000 selon la police militaire.

La décision de lancer une grève à durée indéterminée fut prise contre la décision de la Centrale unique des travailleurs (CUT), liée au PT. Ses représentants ont défendu, avant l’assemblée, la voie de la négociation avec le gouvernement.

Les représentants de la CUT furent chahutés par les syndicalistes du secteur public, dont les fédérations sont, du moins jusqu’à maintenant, toutes affiliées à la CUT.

Le projet de réforme du système de retraite fut envoyé par Lula da Silva au Congrès à la fin avril. Il réduit les droits - "les privilèges", selon la formule du gouvernement - des employé·e·s du secteur public.

Par exemple, il fixe un maximum de 540 dollars par mois pour les retraites des employé·e·s de l’Etat fédéral, une somme qui est imposée d’un taux de 11% quand elle dépasse les 370 dollars. En outre, la date donnant droit à la retraite est repoussée de 7 ans : à 55 ans pour les femmes et à 60 ans pour les hommes.

Lula da Silva s’est opposé à une réforme similaire lorsqu’elle était proposée par le gouvernement antérieur. Lula avait conquis de la sorte l’appui des employé·e·s du secteur public qui ont voté massivement pour lui lors des élections qui l’ont consacré comme Président du Brésil.

Attentif à cette polémique, le président national du Parti des Travailleurs (PT), José Genoino, a affirmé que le gouvernement Lula ne constituait pas un instrument de transition au socialisme : « Nous ne sommes pas en train de faire un gouvernement d’affrontement ou de rupture révolutionnaire. Notre gouvernement est un gouvernement de changement et de réformes graduelles, dans un système économique [international] au sein duquel le Brésil est intégré ».

De plus, le gouvernement Lula a annoncé qu’il chercherait à « réorganiser » les privatisations effectuées au cours du mandat de Fernando Henrique Cardoso, mais qu’il n’envisageait pas de renationaliser les entreprises malgré les graves problèmes dont elles souffrent. Cela fut déclaré par le chef de cabinet de Lula, José Dirceu.

Dirceu a affirmé qu’à cause de ces privatisations « le Brésil était en train de couler » et il a ajouté que les « contrats [de prestation] que nous avons actuellement [entre l’Etat et des entreprises de services] devront être revus » ; cette déclaration a été faite lors d’une réunion du PT dans l’Etat de Parana.

Les secteurs qui seront concernés par ces réorganisations des contrats sont : l’énergie, les télécommunications et le réseau ferroviaire (17 juin 2003)

*Publié par La Manana del sur (17 juin 2003)