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Nous, les citoyens pacifistes du monde, nous existons

jeudi 20 février 2003

Le matin du 15 février, par un froid de moins 45, je suis parti, comme des milliers d’autres, manifester pour la paix à Chicoutimi. J’avais déjà pu voir les bulletins de nouvelles d’Europe, et je savais donc vaguement que ce jour risquait de compter. Et ce que j’ai vu ce jour-là dans la rue et sur les chaînes du monde m’a profondément frappé. Mieux que jamais auparavant, la manifestation planétaire du 15 avril m’a permis de prendre pleinement conscience d’un fait, qui n’est peut-être pas nouveau, mais qui devient chaque jour un peu plus évident et incontestable.

Nous, les pacifistes du monde, nous existons.

Et nous sommes nombreux.

Nous sommes des dizaines de millions, bientôt des centaines de millions.

Nous croyons en la possibilité de régler nos conflits autrement qu’en s’attaquant à coup de kamikaze ou de bombes à l’uranium ou à fragmentation.

Et nous communiquons les uns avec les autres, dans toutes les langues, au mépris des frontières artificielles que l’histoire des petits politiciens nous a léguées.

Nous nous reconnaissons, les uns aux autres, le droit de vivre et d’être différents, tout en étant conscients de notre but commun : voir nos enfants grandir heureux dans un monde de paix.

Et nous exerçons déjà, chacun dans nos pays, une influence qui ne cessera de croître.

D’ici quelques mois ou quelques années, l’étoile de Saddam Hussein aura pâli, sous la très forte pression des armées et des diplomaties du monde ou sous la pluie des bombes étatsuniennes. Et d’ici deux années, six au maximum, les élections ou la constitution américaine auront forcé George W. Bush à quitter la maison blanche.

Notre mouvement, quant à lui, aura probablement pris de l’ampleur. Et si c’est le cas, nous devrons en remercier ces rapaces du pétrole qui s’affrontent, et qui considèrent les milliers de morts qu’ils laisseront derrière eux comme un détail de peu d’importance, de simples dommages collatéraux…

Car sans les provocations de Saddam Hussein, ce bandit sanguinaire que nous avons armé au temps où il servait nos intérêts, comment aurions nous pu voir s’ébranler l’armée des États-Unis, la plus invraisemblable machine de mort et de destruction massive de toute l’histoire de l’humanité ?

Et sans le bellicisme effréné de Bush, sans le mépris consommé que son administration aura montré tout au long de cette crise pour l’opinion publique de son propre pays et de toute la planète, sans le petit sourire narquois qu’il affiche lorsqu’il parle d’aller tuer des centaines de milliers d’Irakiens et d’Irakiennes de tous âges, nous n’aurions jamais pu constater le nombre incroyable de pacifistes qui en ont assez de ces idiots qui oublient que la guerre n’est pas un jeu.

Merci Messieurs Bush et Hussein. Par vos esclandres, par vos bruits de bottes, et par la bouche rapace de vos canons, vous avez réveillé les centaines de millions de citoyens pacifistes qui sommeillaient partout sur la planète.

Maintenant, messieurs, nous sommes debout. Inutile donc de continuer vos simagrées.

Nous sommes debout, nous sommes de plus en plus nombreux, y compris aux États-Unis, et nous continuerons de communiquer malgré vos pauvres petites frontières pour partager ce rêve d’un monde meilleur, sur le chemin duquel vous n’aurez été qu’un repoussoir, une occasion de converger, et tout au plus un malheureux contretemps.

François Privé
Alma, Québec, Canada
citoyendebout@hotmail.com