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Déclaration de citoyens irakiens en exil

Pas en notre nom !

lundi 2 septembre 2002

La déclaration publique publiée ci-dessous a été lancée il y a 15 jours en langue arabe par des intellectuels irakiens vivant en Grande-Bretagne. Nous donnons, ici, une traduction française effectuée à partir du texte anglais.

On dit qu’une guerre contre l’Irak est nécessaire afin d’éviter un danger pour la région et de libérer le peuple irakien de la tyrannie de Saddam Hussein.

Nous, en tant qu’Irakiens déjà libérés de cette tyrannie, vivant hors de l’Irak, dans les démocraties occidentales, affirmons que ces deux affirmations sont fausses.

En tant que chercheurs, scientifiques, écrivains, enseignants et citoyens engagés, beaucoup d’entre nous ont personnellement fait l’expérience de la persécution exercée par la dictature irakienne. Or, nous déclarons : "Non à la guerre, pas en notre nom et au nom du peuple irakien qui souffre".

Des générations d’Irakiens ont souffert : d’une succession de régimes tyranniques ; de deux guerres [celle contre l’Iran entre 1980-1988, puis la dite "guerre du Golfe" en 1991] ; de 12 années de "sanctions les plus amples jamais imposées à une nation au cours de l’histoire" (selon Sandy Berger, conseiller auprès du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis, 14 novembre 1997).

Pour ce qui a trait à la question des armes, l’Irak a connu sept ans et demi d’inspection des plus approfondies ; les installations interdites furent contrôlées et détruites, alors que la puissance la plus dangereuse dans la région, Israel, refuse toute inspection de ses installations nucléaires, chimiques et biologiques.

En Irak le régime de Saddam Hussein ne dispose de plus rien si ce n’est de déclarations grandiloquentes. Dès lors, il cherche à exploiter la montée réelle de rage dans tout le Moyen Orient face aux souffrances incroyables du peuple palestinien. C’est l’inhumanité du monde civilisé qui laisse se perpétuer les atrocités commises par Sharon, au mépris de toutes les résolutions de l’ONU, qui consent encore au régime irakien une quelconque crédibilité.

En même temps, les sanctions imposées ont eu des effets catastrophiques sur la situation sociale du peuple irakien. Elles ont rendu la vie des Irakiens encore plus dépendante de la machine étatique, et moins de la production indépendante et de la libre distribution. La vie de la société est quasiment interrompue sous les effets. du brutal embargo de l’ONU ; des manipulations du régime et des intrigues régionales sans scrupule. Des politiques sectaires et ethniques ont remplacé toute activité politique citoyenne, et la vie culturelle et intellectuelle connaît un déclin accéléré, avec la fuite des créateurs et du personnel qualifié. Une autre guerre va écraser une société déjà plus que fragile. Et elle peut déboucher sur une guerre civile, avec des effets qui débordent sur tout le Moyen Orient ainsi que sur une déstabilisation potentielle en direction de l’Europe et du monde dans son ensemble. Déjà, les Irakiens constituent une part importante de ceux qui risquent leur vie pour chercher asile à l’Ouest.

Nos aspirations pour l’Irak et, en réalité, pour l’ensemble du Moyen Orient, résident dans l’établissement d’Etats qui respectent les droits de la personne humaine, qui garantissent les droits nationaux du peuple kurde, qui appliquent de manière universelle le droit et qui ne disposent plus d’armes de destruction massive..

Nous croyons que le régime de Saddam Hussein est responsable d’avoir conduit l’Irak d’une situation prometteuse vers une catastrophe complète. Ce régime doit être tenu pour responsable de l’infâme fiasco et de crimes commis contre le peuple irakien : Arabes et Kurdes, et personnes de toutes croyances et opinions.

Mais le remède ne doit pas provoquer plus de dégâts pour les innocents et la société dans son ensemble. Un réel changement ne peut qu’être apporté par le peuple irakien lui-même, et cela dans un contexte de paix et de justice pour tous les peuples du Moyen-Orient. Un tel type de changement, combinant vérité et réconciliation, ainsi que des procédures légales visant à punir les criminels, a été adopté dans diverses parties du monde. Pourquoi cela ne pourrait-il pas être le cas en Irak ?

Nous demandons à l’ONU de mettre en place un agenda afin de lever les sanctions économiques et de faire tout ce qui lui appartient pour freiner la course vers la guerre, une guerre qui ne fera que plonger la région dans l’abîme. Nous lançons un appel à tous et à toute afin qu’ils/elles s’opposent aux plans guerriers dangereux et irresponsables de l’administration américaine. - 12 août 2002

Pour contact : Tahrir Mahdi, 6 Ridgeway Crescent Gardens, Orpinton, Kent BR69QH

(tiré du site à l ’encontre)