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Question nationale : un point de vue maoïste

jeudi 14 mai 2009

Contre l’oppression nationale ! Contre le nationalisme et le chauvinisme ! Pour l’égalité absolue des langues et des nations !


Tiré du site du PCR (programme du PCR)
http://www.pcr-rcp.ca/fr/programme/


Nous ne serons jamais autant libres et égaux et égales que le jour où le pouvoir sera aux mains des travailleuses et des travailleurs. En renversant la bourgeoisie et en établissant une nouvelle société, le prolétariat révolutionnaire abolira toute forme de discrimination nationale et luttera fermement contre tous les préjugés racistes et chauvins qui continueront pendant encore un certain temps à exister parmi les masses.

Pour développer le point de vue révolutionnaire sur la question nationale au Canada, il faut d’abord démasquer le vrai du faux, révéler le contenu bourgeois qui traverse ou domine les points de vue qu’on nous impose depuis des années dans les journaux, à la télé, dans les parlements. La bourgeoisie nous ment, cherche à nous dominer politiquement au Canada comme au Québec : sur le sujet de la question nationale, il n’en va pas autrement !

Il n’y a pas qu’une seule position, qu’un seul intérêt sur la question nationale québécoise : la bourgeoisie québécoise défend ses intérêts, différentes fractions de la bourgeoisie canadienne aussi, et ce sont ces positions qui s’affrontent plus spécifiquement depuis 30 ans.

En soi, l’existence même d’une bourgeoisie québécoise, bénéficiant aujourd’hui de tous les attributs et leviers politiques et économiques pour se développer - y compris un État « fort » - démontre avec éclat que le Québec comme nation, ne souffre plus aujourd’hui d’une oppression qui l’empêche de se développer et qui justifierait - comme certains veulent encore le faire croire - une lutte de libération nationale devant être menée par toutes les forces vives du Québec et qui aboutirait à l’indépendance politique.

Dans le reste du Canada, le chauvinisme et le nationalisme mis de l’avant par la grande bourgeoisie canadienne ont accentué les divisions, tant à l’intérieur du prolétariat canadien, que face au prolétariat du reste du monde. Il n’y a pas de mots d’ordre prolétariens sur la question nationale. Qu’il s’agisse du CTC, du NPD ou des centrales syndicales québécoises, tous mettent de l’avant un point de vue bourgeois, c’est-à-dire qui fait passer, sur toute question d’ordre national, les intérêts de la nation avant ceux du prolétariat.

Comme prolétaires, nous n’avons pas à choisir entre petits ou grands capitalistes, puisque aucun des deux n’offre une solution à notre exploitation ! Au contraire, les capitalistes et à l’intérieur, les différentes fractions de la bourgeoisie, font jouer le nationalisme, le chauvinisme selon leurs besoins ; ils nous utilisent pour mieux faire triompher leurs points de vue, dans un cas comme dans l’autre, à leur profit et à notre détriment.

L’objectif général des communistes de partout au Canada demeure avant tout de détacher le prolétariat du « programme national » de la bourgeoisie et de mettre de l’avant un programme qui lutte contre les divisions nationales et pour l’unité du prolétariat à travers tout le pays.

Le Canada, prison des nations autochtones

Le Canada, comme les autres États nés de la conquête et de la pénétration européenne en Amérique, s’est construit dans la violence, l’exploitation et l’oppression des peuples autochtones. Avant la venue des premiers Blancs au Canada, plus d’un million d’autochtones habitaient ces contrées. L’arrivée des Français et des Anglais, avec leurs guerres et les maladies qu’ils amenèrent avec eux, a eu pour effet de décimer en grande partie les populations autochtones. Dans certains cas, c’est 80, 90, 95 % de certaines communautés qui ont péri. Il aura fallu plusieurs siècles (en fait, jusqu’à aujourd’hui) pour que les autochtones puissent retrouver leur niveau démographique d’alors.
Encore aujourd’hui, les autochtones vivent une situation extrêmement précaire. Leurs conditions d’existence les confinent à la pauvreté et à la misère. L’espérance de vie des autochtones est de huit ans inférieure à la moyenne canadienne ; il meurt deux fois plus de nourrissons indiens que dans l’ensemble du territoire canadien ; le taux de suicide chez les jeunes y est de sept fois supérieur à l’ensemble de la population. Dans la plupart des régions, le taux de chômage des autochtones est de trois, voire quatre fois supérieur au taux moyen canadien.

Les dures conditions de vie dans les réserves, auxquelles les gouvernements ont montré qu’ils étaient incapables d’apporter quelque solution que ce soit, le développement des luttes ainsi que leurs radicalisation, jumelés au blocage constitutionnel et au cul-de-sac des négociations entourant les droits territoriaux, aboutissent à une situation explosive.

Présentement au Canada, la montée des luttes et du mouvement revendicatif des nations autochtones constitue un fait majeur de la situation politique. Malgré les politiques d’assimilation et de génocide dont ils ont été systématiquement victimes et qui ont permis l’ascension du Canada vers les plus hauts sommets parmi les puissances capitalistes, les peuples autochtones ont toujours continué à se défendre. La résistance opiniâtre des nations autochtones, la lutte des Mohawks à l’été 1990, celles d’Ipperwash en Ontario, ou de Gustaffsen Lake en Colombie-Britannique, les différentes crises constitutionnelles canadiennes, nous rappellent à nouveau cette évidence. Depuis une douzaine d’années en particulier, de nouveaux courants sont apparus parmi eux et se renforcent sans cesse, qui tendent à radicaliser leur mouvement de résistance et à le diriger contre la bourgeoisie et son État. Nous défendons et soutenons ces courants. Le prolétariat révolutionnaire doit forger une alliance solide avec les nations autochtones dans un grand mouvement de lutte contre la bourgeoisie impérialiste canadienne.

L’État québécois : aujourd’hui, un oppresseur impérialiste à combattre !

Défendre les principes communistes sur la question nationale, c’est aussi procéder à l’analyse concrète de la situation réelle qui prévaut. Sur la question nationale québécoise en particulier, nous devons refuser les lieux communs et idées toutes faites propagées par la gauche réformiste et opportuniste. De dire que le Québec a joué historiquement le rôle d’une nation opprimée à l’intérieur du Canada est une chose. Refuser de voir les changements qui se sont produits après 40 ans de développement - voire d’hégémonie - du mouvement national québécois dirigé par la bourgeoisie en est une autre : il s’agit même d’une grave erreur.
Nous pouvons rapidement résumer ainsi cette évolution :

Le Québec ne souffre pas aujourd’hui des contraintes d’un lien colonial ou néo-colonial, ni de la domination impérialiste ; les droits politiques généralement admis sous le régime bourgeois y sont reconnus ; à trois reprises au cours des 25 dernières années, des référendums constitutionnels ont eu lieu, par lesquels les Québécois et Québécoises ont pu exprimer librement (autant que faire se peut dans un contexte de démocratie bourgeoise) leur droit à l’autodétermination nationale.
Le mouvement national québécois des 30 à 40 dernières années, regroupé autour de la perspective souverainiste et indépendantiste, a généralement exprimé des intérêts bourgeois hostiles à la classe ouvrière. La perspective nationaliste a non seulement constitué un frein au développement de la lutte de classe contre la bourgeoisie mais elle a servi de marchepied à la constitution d’un « État fort » au service de sa fraction québécoise.
À l’intérieur du système impérialiste mondial, l’État du Québec et la bourgeoisie québécoise sont intégrés, non pas du côté des dominés, mais du côté des dominants. L’État québécois, les institutions dites « nationales », le réseau financier québécois, les grands monopoles, la moyenne bourgeoisie, les grands appareils idéologiques, les capitalistes dans les PME, partagent les attributs, les caractéristiques et les aspirations de l’impérialisme. Cela apparaît on ne peut plus clairement dans le rapport qu’entretient la nation québécoise avec les nations autochtones. Du statut de nation opprimée, le Québec est passé aujourd’hui à celui de nation oppressive.
Depuis 30 ans, la bourgeoisie québécoise a dicté, dominé et hégémonisé tous les discours et positions sur la question nationale au Québec, y compris au cœur même du mouvement ouvrier. Le résultat a été désastreux pour le prolétariat : aujourd’hui, aveuglé par 40 ans de chicanes savamment entretenues par les différentes fractions de la bourgeoisie, le mouvement syndical et populaire québécois est gagné au « consensus » créé par la bourgeoisie nationaliste incarnée par le PQ. Et il a complètement désarmé le prolétariat face aux attaques subies au nom de ce même consensus. C’est assez ! Il faut secouer le joug nationaliste et redonner au prolétariat, partout au pays, les armes qu’il faut pour reconstruire l’unité du prolétariat, quelque soit sa nationalité !

Un programme pour construire l’unité du prolétariat canadien

En plus des nations québécoise et canadienne-anglaise, il y a au Canada plus d’une cinquantaine de nations autochtones et métis dont l’affirmation et les luttes se développent et posent un problème pour l’État fédéral. On compte plus d’un million d’autochtones au Canada. Dans les Maritimes, il y a plus de 300 000 Acadiens et Acadiennes, concentréEs majoritairement au Nouveau-Brunswick, mais constituant aussi des minorités importantes dans l’Île du Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse. En Ontario, il y a aussi près de 500 000 Franco-OntarienNEs. Dans les provinces de l’Ouest, il existe également de nombreuses minorités francophones, regroupant plus de 160 000 personnes ; dans ce dernier cas, elles sont privées pratiquement et souvent même légalement, de droits fondamentaux comme le droit à l’éducation dans leur langue. Toutes ces questions nationales perdurent depuis la fondation du Canada. Elles résultent du processus de conquête et de développement du capitalisme en Amérique du Nord. Les différentes questions nationales sont intimement liées à la réalité du capitalisme au Canada. Celui-ci s’est développé sur la base même de l’oppression des nations autochtones, de la nation québécoise, des minorités nationales francophones hors Québec et des autres communautés minoritaires.
La lutte contre les stigmates de l’oppression nationale historique qui subsistent encore au Québec, ne peut être menée que dans le cadre de la lutte plus générale pour l’égalité absolue des langues et des nations, y compris pour les minorités francophones partout au Canada. Autrement, elle ne sert que de faire-valoir au nationalisme bourgeois et perd ainsi son caractère démocratique.

• Pour l’égalité absolue des langues et des nations !
Dès aujourd’hui, nous luttons pour l’égalité absolue des langues et des nations. Nous nous opposons à tout privilège et à toute forme d’exclusivisme nationaux, tel l’unilinguisme. Les luttes contre l’oppression nationale et pour l’égalité dirigées contre la bourgeoisie et son État participent au mouvement général de résistance au capitalisme et viennent renforcer le camp de la révolution.
À l’inverse, le nationalisme et le chauvinisme renforcent la collaboration de classe, affaiblissent le prolétariat et font reculer la révolution au profit du renforcement de la bourgeoisie, tant au Québec qu’au Canada.

En luttant pour l’égalité des langues et des nations, nous défendons le droit des travailleurs et travailleuses du Québec comme de partout au pays, de vivre, travailler, d’être éduquéEs dans leur langue. La société capitaliste actuelle ne peut répondre ni appliquer dans les faits de tels principes ; cela signifierait un investissement de temps et d’argent pas du tout rentable pour elle ! Ce n’est pas simple, bien sûr, mais en changeant les bases matérielles d’une société de profit vers une société sans classes et tournée vers la satisfaction des besoins de chacunE, bien des choses deviendront possibles !

• Luttons contre l’oppression nationale et pour le droit à l’autodétermination des nations opprimées !
Nous défendons le droit à l’autodétermination des nations opprimées, y compris le droit à la séparation politique. Tel droit est aujourd’hui nié aux nations autochtones, qui n’ont jamais pu l’exercer librement et dont les aspirations à l’émancipation sont durement réprimées par l’État bourgeois, tant au Québec qu’au Canada. Partout où se manifeste l’oppression contre les autochtones, nous devons lutter avec eux et elles, et ce faisant, nous affaiblirons la bourgeoisie qui les opprime !

• Le projet d’indépendance du Québec : un projet 100 % bourgeois !
Le nationalisme québécois est aujourd’hui le principal instrument qu’utilise la bourgeoisie québécoise pour souder les intérêts du prolétariat aux siens, pour faire prévaloir la collaboration de classes et maintenir la paix sociale. Après plus de 30 ans de lutte nationale au Québec, l’appui du mouvement ouvrier organisé au projet nationaliste n’a profité dans les faits qu’à la bourgeoisie québécoise, sans résoudre en aucune manière l’exploitation du prolétariat. C’est surtout parce que fondamentalement, cette exploitation aujourd’hui n’est pas fondée sur l’oppression nationale, mais résulte du système capitaliste lui-même.
Rien, absolument rien dans le projet que constitue l’indépendance du Québec, ne peut offrir quelque espoir que ce soit d’émancipation et de libération pour la classe ouvrière. La bourgeoisie québécoise, et le mouvement ouvrier aveuglé par le nationalisme, refusent de le dire. Mais nous, prolétaires, devons le crier haut et fort !

• Pour vaincre le chauvinisme et le nationalisme,
préparons la défaite du capitalisme !

Aujourd’hui, si certaines réalités de l’oppression nationale existent encore, c’est parce que la classe dominante, la bourgeoisie et ses différentes fractions, ont toujours refusé les solutions les plus démocratiques et les plus justes. Pour la classe ouvrière, c’est en luttant contre la bourgeoisie qu’on mènera une lutte sans compromis contre l’oppression nationale là où elle se manifeste. Le prolétariat n’a aucun intérêt à maintenir et à perpétuer quelque forme d’oppression que ce soit car celle-ci ne profite qu’à la bourgeoisie, de par les surprofits qu’elle en tire et de par la division qu’elle réussit ainsi à susciter au sein des masses. Il faut également s’opposer à tout privilège d’une nation au détriment d’une autre, comme par exemple l’unilinguisme, tant au Québec que dans toutes les autres provinces.
Le prolétariat canadien doit mener une lutte sans compromis contre le nationalisme et le chauvinisme, qui divisent la classe ouvrière d’un bout à l’autre du pays. Cette lutte doit être menée au profit de l’unité du prolétariat avec toutes les couches exploitées sur une base « nationale » parmi lesquelles figurent les autochtones, mais aussi plusieurs minorités issues de l’immigration, les réfugiéEs.

Contre la division, unissons-nous !
De façon générale, dans nos revendications et mots d’ordre, sur chaque lutte qui se mène, sur chaque question politique qui se pose nous devons poser la question : qu’est-ce qui nous divise ? Qu’est-ce qui nous unit ? Le prolétariat immigrant, les réfugiéEs, ont les mêmes intérêts que nous et vivent la même exploitation. Nous devons lutter avec eux et elles partout au Canada pour briser les chaînes de la division, les chaînes du racisme et construire avec eux et elles, la révolution prolétarienne. Au Québec, il faut aussi briser avec la collaboration de classes et les compromissions auxquelles le nationalisme nous a fait consentir depuis trop longtemps !