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Sur la dissolution des m.-l , contribution à l’histoire de la gauche au Québec

Sommes-nous preneurs d’idées ?

(La Nouvelle barre du jour, nos 130-131, octobre 1983)

dimanche 6 juin 2004, par Gordon Lefebvre

Je dirais, pour paraphraser une auteure célèbre, que l’on ne naît pas intellectuel, on le devient. En ce qui me concerne, je peux fixer avec exactitude le moment où je suis devenu un intellectuel : c’est lorsque j’ai commencé d’écrire et de publier mes réflexions sur l’expérience politique de ma génération. Avant, j’étais un militant féru de théorie, un liseur cultivé, mais essentiellement un praticien de la politique.

Dès les débuts de mon engagement, surtout à partir de mon adhésion au mouvement Parti pris, puis au Mouvement de libération populaire, le marxisme s’est imposé à moi comme une conception du monde. Toutes les expériences et les adhésions ultérieures ont concourru à renforcer ce point de vue. Mais le marxisme que je découvrais au cours des années ’60 ressemblait si peu au marxisme-léninisme que l’on a connu au cours des années ’70.

1.L’idiot du village

"On va déblatérer ici contre les intellectuels, les rendant responsables de tout. C’est déjà commencé. Ici se conjugue la recherche habituelle du bouc émissaire avec un trait constant de l’anthropologie québécoise : le mépris de l’intelligence.

Il faut laisser vagir."

André Belleau, Liberté, 131

"Une autopsie du rôle social de l’intellectuel (...) ne serait pas complète sans un examen de l’anti-intellectualisme ; cela n’est d’ailleurs pas sans questionner ce que nous vivons au Québec depuis quelques années."

Normand de Bellefeuille, Etudes françaises, 1982, vol. 18, no 1

Dès le départ, j’ai pris mes distances comme "compagnon de route", peut-être le plus sceptique de tous. En effet, entre le mouvement marxiste-léniniste et moi, l’écart n’a cessé de grandir avec les années. Il suffit d’énumérer les points de divergences pour constater la distance qui nous séparait : d’abord je m’opposais farouchement à son antinationalisme primaire, au relent citélibriste ; je rejetais son analyse du Parti québécois, son antiféminisme, sa condamnation des réformes et de tout mouvement réformiste ; surtout, je vomissais son gauchisme en matière de pratique syndicale. C’est moins à la doctrine marxiste que je m’en prenais qu’à un mouvement liquidateur. Les lettres m.l. sont les abréviations de ce mouvement, l’amputation alphabétique du mot militant et la contraction de militantisme ou de militance, avec ses sautes débilitantes. Ce mouvement, je le scrutais comme on scrute un glacis ; et ce liséré, ce talus qui s’adosse à une génération politique donnée, je voyais à travers lui, comme un prisme qui réfracte la lumière, la crise de cette génération dans son rapport à l’histoire et à la politique.

Mes réflexions sur l’Autocritique du groupe Mobilisation, qui datent de 1976, constituent le premier moment d’une rupture qui s’est consommée avec la dissolution du groupe En lutte ! et l’effondrement du micro-parti PCO au cours de l’année 1982.

Dix années de dogmatisme. Songez au tort que cela peut faire à la pensée ! Dix ans, c’est deux fois ce qu’a duré le Bloc populaire ! Et pendant ce temps, le mouvement n’a pas une seule oeuvre politique ou économique d’importance à son crédit. Ce fait le juge plus que tout autre. Il juge aussi ceux qui le regardaient de l’extérieur et vivaient dans son ombre portée : ils n’interrogeaient jamais ses réalisations, mais avaient les yeux rivés au ciel des principes que ce mouvement liquidateur pointait du doigt. L’activisme effréné, la face visible de sa pratique politique, et le verbalisme révolutionnaire, son pendant théorique, ont caché pendant tout ce temps un incroyable désoeuvrement. Aujourd’hui, les ex-militants, même délivrés des entraves de l’organisation, continuent de voir et de réfléchir à travers une pensée dressée au rabot m.l. Même dans l’aveu de leurs fautes, ils ne cessent de s’étendre en faux.

Maintenant que le mouvement est mort, "on" blâme des "intellectuels" pour les dégâts qu’il a causés. Le terme "intellectuel" est pris en location par l’anti-intellectualisme le plus virulent, attisé par des intellectuels qui se sont furieusement niés dans l’ouvriérisme. C’est là l’"œuvre", si l’on peut dire, d’ex-animateurs sociaux, d’ex-étudiants, d’ex-professeurs qui se sont convertis en ouvriers pour rééditer le passé bolchévik avec la fidélité de copistes du Moyen Age, jusque dans les bavures !

Intellectuel ce mot sans propriété, mot locataire, occupe la place laissée vacante par ceux qui, militants bornés, intervenants de tous crins, veulent se faire oublier. "On" met le blâme sur le dos de l’intellectuel qui n’est personne, au fond, puisqu’il est à la fois partout et nulle part.

Ici, nous sommes devant l’irréparable. Au sein des groupes populaires, comme au sein du mouvement syndical, l’ouvriérisme a donné à l’anti-intellectualisme des dimensions qu’il n’avait pas auparavant. Aujourd’hui, plus qu’hier encore, l’intellectuel véritable qui fréquente ces milieux apparaît comme l’idiot du village. Il n’y a de place pour lui que s’il se tait, que s’il respecte la consigne qui veut que l’on justifie tout ce que le mouvement ouvrier dit ou fait. C’est dans ce climat d’hostilité que je suis devenu un intellectuel (sans guillemets). Comme le dirait Sartre, l’intellectuel se découvre tel dans le regard de l’anti-intellectuel.

2. La solution de Jonestown

"Ne pas se dissoudre surtout, ne pas se dissoudre. Rester, résister, être encore..."

Eugène Ionesco, Journal en miettes

Nous sommes quelques-uns à chercher le sens de cette dissolution. La différence entre moi et les autres dans cette affaire, c’est la façon de la recevoir, autant le fait que l’idée de la dissolution. Le fait accompli, la politique de la terre brûlée habituelle aux fuyards, j’en prends acte. Je n’ai guère le choix. Et l’idée de dissoudre le travail de tant d’années, idée exagérée, fausse, est reçue, mais mal reçue. Je n’accepte pas l’idée d’avoir oeuvré pour rien, d’avoir vécu ces années d’un effort sans solution, d’essais sans issue, de repentirs et de retours en arrière en pure perte !

Une idéologie vient de se taire. Se saborder veut dire : mettre fin volontairement aux activités. Se dissoudre (remarquez la forme pronominale) n’est donc pas un accident de parcours. C’est une prescription, puisqu’on enjoint une génération de militants, pressés de s’annuler, d’aller dans ce sens. L’éblouissement du suicide ! Triomphe du vide ! Quand on en est rendu là, on peut conclure sans se tromper à l’assassinat de la créativité.

Le fait que les m.l. lâchent tout au moment où leur discours (du moins le volet portant sur la crise) cadre le mieux avec la situation générale et qu’un mouvement de gauche, délié du dogmatisme, est plus que jamais nécessaire, c’est la preuve indubitable du caractère passif du mouvement de cette génération, de l’absence chez elle d’une véritable volonté politique de changement. Cela n’est pas le fait seulement d’un talus ou d’un liséré politique, mais celui d’une génération qui se délecte dans une attitude de pur protestantisme d’Etat. Ces militants ne voulaient pas créer un parti des travailleurs comme ils l’annonçaient depuis 1972, ils ne voulaient pas en faire vraiment l’effort. Au contraire, ils ont passé le plus clair de leur temps à dissuader, à empêcher, à décourager, à démoraliser. Quand ils ont osé, c’était seulement pour défaire. Et le moment venu d’agir, au moment où il fallait agir, passer à l’acte, ils se sont annulés, retirés, éliminés de l’histoire. Aujourd’hui, comme les chats, ils enfouissent leurs traces. Dissoudre pour mieux organiser l’oubli !

Dissoudre afin de masquer l’étendue des dégâts ! Addition remarquable de catastrophisme et d’amnésie, les discussions simples et brutales qui entourèrent le congrès de la fin montrent jusqu’où était prêt à aller ce mouvement liquidateur. Son action n’a cessé pendant dix ans de traduire cette volonté d’interrompre le questionnement. Sa dissolution réalise avec une économie de moyens l’interruption du questionnement pour des décennies !

La dissolution compromet l’avenir, elle bloque le passage d’une période à une autre. Par ce geste, une génération politique vient de signifier à tous qu’elle ne laisse aucun héritage théorique, qu’elle enfouit les acquis de l’expérience sous les décombres du pire. Mais l’irréparable, dans cette affaire, c’est cette dissolution sans bilan qui s’est accomplie suivant tous les rites démocratiques. Ce bilan, je ne le sais que trop, personne n’avait le désir de l’entreprendre. Cela signifie qu’il n’y a plus de relève, que l’on n’a plus besoin de relève, que tout est bien dans le statu quo coi !

La dissolution sans bilan, c’est la continuation de la politique m.l. en vertu du seul moyen par lequel cette politique s’est toujours manifestée : la liquidation. Ne posons pas trop vite la dalle sur sa tombe. Ne soyons pas tentés de remplir de pardons le vide qu’il laisse derrière lui. Maintenant qu’il est dissout, son ombre portée n’est plus visible, mais elle travaille en sous-main, parce qu’elle a été introjectée dans les consciences. Suprême ruse, au fond, que cette dissolution ! Les forces qui s’en détachent continuent comme avant de trahir la mémoire et s’activent à l’organisation de l’oubli. Ils veulent vite oublier et se faire oublier, mais, surtout, ils veulent se faire pardonner leurs fautes. L’organisation de l’oubli, c’est donc la neutralisation à l’accéléré du passé récent. Le bilan de l’expérience aurait stigmatisé les déviations et les aurait rendues par avance impossibles. Il aurait jeté des ponts entre deux périodes ; il aurait pu être ce lieu où la prodigieuse distance qui nous sépare du but devient perceptible ; et, plutôt que de clore ce passé récent sur ses lacunes, il surplomberait notre présent comme un puits de lumière.

3. Remotiver l’espoir

"Résignation. C’est littéralement rendre le sceau, c’est-à-dire annuler une signature, remettre un pouvoir ou une dignité. Il est donc impliqué dans résignation qu’on ne fera plus rien pour changer ce qui est arrivé.

Alain, Définitions

Maintenant que les avant-gardes ont joué la carte de leur punition suicidaire, il faut se mettre en marche sans tuteurs et sans guides, arpenter un pays de ruines politiques jusqu’à la sortie du tunnel. La question peut maintenant être posée : sommes-nous encore capables de prendre parti et de prendre date ? Sommes-nous preneurs d’idées ? Jusqu’ici, nous avons fait la preuve par neuf de notre incapacité à être des porteurs conséquents. Une génération velléitaire a mis la politique de l’autonégation "au poste de commande" ; elle n’a pas su persévérer et s’est tuée "à l’essai". Oublieuse de ses pratiques, elle aura fait de l’engagement un véritable enfer, et de la pensée politique, un mouroir d’idées. De la militance, un égrugeoir.

Le vertige qui me saisit, en ouvrant cette parenthèse historique, est fait surtout de l’inquiétude devant notre avenir. Est-ce que Jonestown est une issue ? Comment qualifier cet acharnement à se nuire ? La dissolution, c’est aller trop loin dans son déni. L’aventure de ces années liquides ne nous a pas préparés à cette situation critique où l’on ne sait plus voir d’issue. Le rétrécissement de la vue conduit à l’oblitération de l’espoir. Il faut le tirer du trou noir où il s’enfonce. Remotiver le mot.

L’espoir n’est pas vraiment l’espoir sans une polémique constante avec son contraire. Il doit avoir un nom, un visage reconnaissable, avoir des buts pratiques, des objectifs réalisables. Tourner le dos à la politique alors qu’elle est plus que jamais nécessaire va nous coûter très cher. L’expression des individus est vaine agitation sans un véhicule politique. Dans le contexte de crise qui prévaut, on mesure comme a été stupide et irresponsable le retrait brutal de l’histoire que les militants viennent d’effectuer, eux qui promettaient de changer tant de choses dans l’ordre politique !

Les concepts qui ont travaillé notre pensée et les notions qui ont nourri nos espoirs s’ovalisent. Investis dans la ligne de montage du slogan et du mot d’ordre, parti, avant-garde, classes, lutte populaire et ouvrière ont fini pas déchoir en une série de notions édentées, amorties dans l’utilisation inconsidérée, et ne mordent dans aucune des franges de la jeunesse actuelle, ces jeunes dits "sacrifiés". Dommage. La société capitaliste, comme d’ailleurs toute société, n’est pas, à ce que je sache, un nirvana , mais un lieu de luttes incessantes et meurtrières, le lieu de toutes les violences, blanches ou autres. Nul n’y survit sans moyens de défense, sans organisations sociales et politiques.

La crise économique (qui est aussi politique et morale) s’aggrave de jour en jour, et va continuer de s’aggraver. Ce qu’on appelle crise aujourd’hui n’est qu’un prélude. Cette crise, contrairement à ce qu’ont cru les m.l., ne crée pas une situation révolutionnaire. Elle peut fort bien aboutir à une révolution conservatrice soutenue pas les héritiers de la Révolution tranquille qui détiennent les petits pouvoirs de notre société bloquée. En se prolongeant, en s’approfondissant, elle peut faire surgir un découragement profond chez des milliers de chômeurs et de chômeuses, de ménagères, de jeunes, à qui elle donne le sentiment d’être dégradés. Chez ceux et celles qui occupent un emploi, on craint plus le chômage que l’exploitation. Dans le climat de démission qui prévaut actuellement, il convient de réhabiliter aux yeux du plus grand nombre la catégorie même du politique . Les idées ne meurent pas, ni les pratiques qu’elles ont inspirées, quand il y a une relève. Tâchons d’en trouver une d’ici à quelques années, sinon le désespoir va nous broyer.

L’époque qui nous a mis au monde ne nous aurait quand même pas légué un vieillessement précoce. Peut-être est-il temps encore de réagir, de redécouvrir la possibilité d’une pensée politique concrète, seule base d’une décision, d’une volonté. Malgré le fait qu’une partie importante de notre génération ait opté pour la démission, il faut avoir le courage de remotiver les mots qui portent toujours, quoique masqué, le sens de l’avenir. Autour de moi, l’invitation à tout laisser choir devient pressante. Mais toutes les raisons invoquées pour arrêter m’apparaissent comme les meilleures pour poursuivre la lutte. Elles ne font que prouver le bien-fondé de mon engagement initial.

Je continue de retourner les pierres une à une. Il faut montrer le chemin sans cauchemar d’une acceptation qui ne soit pas démission. Démissionner, manquer à sa parole, c’est se faire l’allié de ce que la réalité renferme de moins acceptable. Pour certains, la dissolution est un geste définitif qui abolit raisons d’être, projets, paroles, expériences. Mais je sais qu’elle n’interrompt pas ma raison d’être, mon engagement, mon passé. Elle me précipite en avant, me déleste d’un poids mort. Elle est ce seuil périlleux, ce point crucial où le retournement est possible, imminent.

J’ ai compris, j’ai très bien compris, le geste que ma génération vient de poser. Dissoudre, c’est clair ! Cela signifie que nous avons eu tort de lutter contre le système capitaliste et les valeurs qui le fondent. Nous nous sommes agités pour rien, nous aurions dû, comme bien d’autres, nous y résigner. Notre seuil de tolérance à l’injustice, aux inégalités, au scandale de notre société bloquée, ce seuil était trop bas ! Dissoudre, c’est donc élever ce seuil pour que l’on ne voie plus rien, ne sente plus rien.

4. Le crépuscule du matin ou du soir ?

"En politique, c’est-à-dire dans ce domaine des relations humaines où l’on ne compte pas par unités, mais par millions, la sincérité se définit comme la concordance, vérifiable à tout moment, entre les paroles et les actes."

Lénine, Oeuvres complètes, t. 24

Notre expérience de l’histoire nous permet de dénoncer l’illusion qui, chaque fois, a conduit les contemporains (et surtout les victimes) d’une crise à extrapoler leur expérience et à lui conférer une signification catastrophique fondant une vision crépusculaire. Lorsqu’on vit de l’intérieur la fin d’un monde ou d’une époque, disons d’une façon plus précise : lorsqu’on assiste à la destruction ou à la transformation rapide d’un certain système de valeurs dont on a vécu jusque-là, qui faisait de notre vie ce qu’elle était, comment ne pas s’écrier : tout s’écroule ! On ne voit que l’écroulement, on ne sent que ce qui s’effondre, en nous et hors de nous.

Cette vision crépusculaire ne nous permet pas de distinguer encore le neuf qui se profile derrière la crise. Le decrescendo d’un monde qui s’éteint et le crescendo d’un nouveau se superposent souvent en une période hybride où l’ancien et le nouveau se mêlent dans une transition heurtée, télescopée, dissonante mais féconde. Dans l’écroulement d’un système de valeurs, nous percevons bien les craquements préliminaires à la dissolution du monde. On réalise brusquement, comme sous une lumière tragique d’orage, quelle est la fragilité essentielle, l’impermanence radicale de nos constructions et de nos efforts.

Parler d’une "accélération de l’histoire", en ce qui nous concerne, n’est pas seulement une métaphore. L’histoire s’est accélérée et nous sommes désormais condamnés à l’affronter. Mais les réflexes anciens continuent largement de dominer, de travailler les consciences et se manifestent par la recherche d’un refuge, par l’abstention et le retrait brutal de l’histoire.

Ces attitudes doivent être condamnées et stigmatisées, car elles aggravent notre situation. Si elles ne sont pas combattues, vigoureusement, elles nous abattront plus sûrement que toute répression ouverte. La "fatigue culturelle" que décrivait Hubert Aquin il y a vingt ans, paraîtra alors un pâle présage de ce qui adviendra.

Le référendum de mai 1980 est la borne historique qui sépare notre histoire récente. Il y a un avant et un après. Il y a une pensée et un imaginaire préréférendaires. Il y a maintenant une pensée postréférendaire à inventer, à découvrir. Notre monde change, a changé, va changer. Mais l’espoir, s’il est relancé, ne portera plus sur les mêmes pilotis qu’auparavant. Les idées se décomposent, leurs formes arrêtées, figées, pourrissent. Ces formes passeront. Mais les idées renaissent et reprennent racines ailleurs que là où on les attend, parfois dans des formes réchappées ou hybrides (formes transitoires nées du télescopage de formes diverses).

Une société bloquée, c’est une société qui ne laisse pas à la capacité créatrice de l’humain la possibilité de se manifester. La voie, pour en sortir, c’est encore la ligne du risque . Invention, création, liberté. Je vais chercher loin, je le sais, jusqu’au Refus global. Mais n’est-ce pas notre permanent projet, et ne faut-il pas de temps à autre le relancer lorsqu’il fléchit, lorsque l’obscurité tend à le couvrir.