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Suisse : Votation sur les minarets : après le choc, la mobilisation nécessaire

mercredi 25 novembre 2009

Voici un dossier sur le vote en suisse en faveur de l’interdiction des minarets. Une série d’articles de la Gauche Radicale Suisse. En commençant par un article de Daniel Süri en date du 4 décembre.

Il est suivi notamment d’un tract du MPS (mouvement pour le socialisme) et d’un article de J.-M. Dolivo (membre de solidaritéS, avocat et député au Parlement du canton de Vaud).

Votation sur les minarets : après le choc, la mobilisation nécessaire.

Journal de SolidaritÉs - 4 décembre 2009

Reconnaissons à nos pires adversaires le mérite d’une tactique intelligente bien qu’involontaire : en choisissant la construction des minarets comme prétexte de leur campagne, ils ont donné la possibilité à des centaines de milliers de votant-e-s de se prononcer sur tout autre chose que les critères esthétiques de l’architecture religieuse.

La carte géopolitique de la votation fédérale publiée par l’Office fédéral de la statistique est révélatrice. Dans un vert très foncé, les districts qui ont accordé plus de 70 % de leurs suffrages à l’initiative. Par exemple ceux de l’Oberland dans le canton de Berne ; de la Leventina au Tessin ; du Sarganserland dans les Grisons ou du Rheintal à Saint-Gall. Des lieux où la probabilité de voisiner un minaret est nulle et où les femmes voilées ne courent pas les rues.

C’est donc bien qu’il ne s’agit pas de cohabitation difficile entre deux communautés concurrentes des religions du Livre. Un constat renforcé encore par le fait que les grandes agglomérations où vivent la plupart du temps les musulman-e-s ont généralement voté non.

Que s’est-il donc passé pour qu’à Kulm (AG), les minarets deviennent une menace à repousser toutes affaires cessantes ? Certes, les duettistes libyens Hannibal et Mouhammar Kadhafi ont humilié l’Heidiland, brutalement ramené au rang de petite puissance dont le commerce extérieur dépend souvent du bon vouloir de cyniques potentats locaux. Certes, les courbettes de l’officialité genevoise au moindre froncement de sourcil de l’ambassadeur d’Arabie saoudite illustrent une servilité qui tranche sur la légende héroïque d’un pays par essence fier, indépendant et démocratique.

Mais encore ? Eh bien, un monde qui, sous les coups de boutoir de la mondialisation, s’effondre. Un univers paysan où les prix ne sont plus négociés à Berne, mais fixés par le marché mondial du lait ou des céréales. Où les régulations traditionnelles ne fonctionnent plus. Où chaque jour, deux domaines agricoles disparaissent, sous le regard impuissant d’agriculteurs désormais lâchés par la bourgeoisie suisse.

Dans les agglomérations populaires des grandes villes, où l’initiative n’a souvent été repoussée que de justesse, la Tribune de Genève a raison de dire que « Certains, polytraumatisés de la crise, ont glissé dans l’urne un vote de protestation et de méfiance plus que de haine et de défiance ». (30.11.2009)

Laminé par une crise qui s’installe et la peur de perdre son emploi, précarisé et atomisé, le monde du travail cherche ses marques.

Qu’entre victimes des politiques économiques et gouvernementales ne se cimente pas la solidarité, mais se diffuse la méfiance, tient à plusieurs raisons. Le néolibéralisme a inscrit dans les faits — et pas seulement dans les discours — la guerre de tous contre tous, dressant les salarié·e·s les uns contre les autres. La logique de la chasse aux abus a substitué à l’usage solidaire d’une assurance mutuelle la logique de la vindicte des « bons usagers » contre les « mauvais ». Les campagnes haineuses de l’UDC sont venues renforcer la xénophobie officielle qui imprime sa marque aussi bien à la « gestion des flux migratoires » qu’à l’application d’un droit des étrangers et de l’asile fantomatiques. Le réduit national suisse se love dans l’Europe forteresse de Schengen. L’étranger extraeuropéen, voilà l’ennemi. Et quoi de plus extraeuropéen que ces musulman·e·s, même s’ils sont suisses ? Et quoi de plus insolite, au regard des « valeurs » que le président du PSS, Christian Levrat, estime partager avec l’UDC ? L’Islam, c’est quand même le choc des civilisations, non ?

Une bataille a été perdue ; mais, que nous le voulions ou non, la guerre se poursuivra. Déjà, l’UDC affûte ses armes pour lancer la chasse à l’étranger délinquant. Déjà, les démagogues, comme le président du PDC, Darbellay, annoncent des mesures contre la... burqa.

Les milliers de manifestant-e-s qui se sont spontanément réunis dans les rues romandes (une foule de 4’000 personnes à Lausanne, 2 500 à Genève, des centaines à Fribourg, Bienne, Neuchâtel et Sion) ce mardi 1er décembre montrent que le potentiel existe pour relancer actions et mobilisations. Contre toutes les discriminations, pour les mêmes droits économiques et sociaux pour tous les salarié·e·s, contre l’assimilation forcée.

Daniel Süri


Suisse : Xénophobie et islamophobie contre les salarié·e·s

Tract a été distribué par le MPS lors de deux manifestations qui ont eu lieu le mardi 1er décembre, à Lausanne et à Genève. Elles ont regroupé chacune plusieurs milliers de personnes et ont relié la cathédrale locale à la mosquée.

L’acceptation de l’initiative « contre les minarets » suscite de multiples commentaires qui camouflent l’arrière-fond de ce vote.

Un terrain miné

A droite, le Conseil fédéral collégial, le Parlement dans sa large majorité, les associations patronales aux commandes ne cessent :

• de désigner à la vindicte populaire ceux qui abuseraient de l’assurance invalidité, des allocations de chômage, de l’« assistance sociale » ; l’immigré·e est une cible de choix. Le résultat est double : la dégradation des assurances sociales pour tous et toutes est masquée par « la lutte contre les abus » et une fraction des immigré·e·s est particulièrement visée (Kosovars, ex-Yougoslaves, Turcs…).

• de durcir les mesures de surveillance contre tous les salarié·e·s (chômage, AI, absentéisme, etc.) et de police contre les salarié·e·s les plus précaires (requérants d’asile, sans-papiers), sans mentionner les mendiants (répression contre les Roms). Cette politique sécuritaire s’étend à diverses sphères de la vie sociale : de la télésurveillance au contrôle sur le lieu de travail, jusqu’à la récente Loi sur la sécurité intérieure (LMSI). Elle revivifie une technique policière : diviser un ensemble entre « ceux qui n’ont rien à se reprocher » et « ceux qui pourraient avoir quelque chose à se reprocher ».

• de sciemment couper le lien indissoluble entre deux droits fondamentaux : d’un côté, la libre circulation des personnes ; de l’autre, un droit protégeant effectivement les salarié·e·s (droits syndicaux sur les lieux de travail, à travail égal salaire égal, protection contre le dumping salarial et social, droit à la formation et à la protection contre le chômage, droit à une retraite digne). Cette négation de l’unité entre ces deux droits a été consacrée par le type d’accords bilatéraux avec l’UE et a suscité une mise en concurrence des salarié·e·s, avec le désarroi et le sentiment d’impuissance qui s’ensuivent. Tous deux se coulant dans la méfiance « du tous contre tous » et la xénophobie. Une xénophobie qui prend, aujourd’hui, les couleurs de l’islamophobie et vise de la sorte des salarié·e·s extra-communautaires, tout en réaffirmant « les valeurs de l’Occident », sous la forme des « valeurs helvétiques ».

• de recevoir avec la plus grande discrétion (« valises pleines d’or » et de contrats) ou avec le plus grand faste (invités aux fêtes helvétiques, comme celles organisées par la Ville de Genève à majorité de gauche), les propriétaires d’Etats esclavagistes tels que l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis ou, il y a encore très peu de temps, la dictature libyenne (dont le retour sera le bienvenu).

• d’accueillir à bras ouverts et même d’aller chercher les grands capitalistes de la planète entière et leur donner refuge dans « nos » banques, tout en participant directement à la guerre quotidienne de Schengen contre les salariés extra-communautaires aux portes de l’Europe (participation à la mise en place des camps de réfugiés-prisonniers aux frontières de l’UE : de l’Ukraine à la Libye).

Nier la réalité

La gauche officielle est présente dans tous les exécutifs du pays. Le plus souvent avec les écologistes, elle cogère donc, sur le fond, cette politique avec les droites communales, cantonales, fédérale. Austérité budgétaire frappant les dépenses sociales, et de ce fait les secteurs populaires fragilisés, renforcement de la politique sécuritaire.

Les appareils syndicaux gèrent méticuleusement, avec « l’économie » (c’est-à-dire le patronat), les accords bilatéraux, le 2e pilier, l’AI, la SUVA, l’assurance chômage, etc. Pour ce travail, ils sont payés (par ce qui a pour nom, entre autres, « contribution de solidarité »). Leur presse laisse faussement entendre qu’il existe des contrôles effectifs des conditions de sécurité au travail, une surveillance des salaires et que les conventions collectives de travail ne sont pas systématiquement violées. Ils acceptent, de fait, que la droite démolisse ce qui subsiste de la protection légale contre les licenciements, ne faisant rien, par exemple, contre la révision en cours de la loi fédérale sur les poursuites et la faillite qui élargit les possibilités de licenciements. Ces derniers, nombreux actuellement, sont au mieux cogérés sous forme de plans sociaux.

Cette gauche a renoncé, depuis longtemps, à reconnaître et à mettre en relief le véritable clivage à l’œuvre dans la société : celui entre Capital et Travail. C’est-à-dire une représentation vérifiée de la réalité socio-économique, une représentation qui pourrait structurer la pensée, les projets et l’imaginaire des salarié·e·s. Cette absence a fait que « certains polytraumatisés de la crise ont glissé dans l’urne un vote de protestation et de méfiance plus que de haine » (éditorial de la Tribune de Genève, 30.11.2009). La carte de l’islamophobie

Les divers éléments de la politique de la droite sont élaborés et mis en œuvre soit en accord avec l’UDC, soit sous l’effet des pressions de cette dernière. Dans ce cas, les projets gouvernementaux sont présentés comme un « moindre mal » pour justifier l’appui – actif ou passif – d’un Parti socialiste rivé à ses deux sièges au Conseil fédéral.

La campagne même des partis gouvernementaux face à l’initiative contre la construction des minarets traduisait les lignes de force de cette configuration politique. Silence était fait, par la gauche officielle, sur la jonction entre l’initiative et l’ensemble de la politique contre les migrant·e·s. Silence était fait sur les soubassements xénophobes de la « gestion des flux migratoires » et une de leurs expressions, l’islamophobie. Par contre, les discours pour trier les « bons » et les « mauvais » musulmans, les « intégrés » et les « non intégrés », les « intégristes » et les « modérés », sans parler des terroristes, abondaient dans les prises de position. Ce fut une véritable aide aux initiants, à laquelle s’ajouta la censure de leurs affiches.

Lors de l’annonce des résultats, Freysinger & Co ont remercié leurs détracteurs qu’ils nomment à dessein « les élites politiques ». Ces « élites » n’ont rien trouvé de mieux que de dénoncer « l’incompréhension » des votant·e·s, qui se transforme miraculeusement en intelligence lorsque ces derniers soutiennent leurs projets.

Quant à l’UDC, dans la tradition de la « droite patriotique » helvétique, elle rassemble un éventail de forces allant de la droite néolibérale économique jusqu’à des secteurs ouvertement d’extrême droite ; sans même mentionner des liens avec des organisations fascistes. Cela permet à l’UDC de jouer diverses cartes pour consolider une base électorale utilisée comme bras de levier dans les négociations au sein des exécutifs. L’initiative contre la construction des minarets était une de ces cartes. L’UDC en utilisera d’autres en cette période de crise.

En l’absence d’une désignation claire de qui s’oppose à qui, et sur quoi, en ces temps de chômage et de régression sociale, l’UDC, ces professionnels de l’affichage de boucs émissaires, aura le vent en poupe. Elle utilisera d’autres facettes de l’islamophobie, avec ses traits racistes.

Réagir

Les réactions dans la rue, dès le 29 novembre, traduisent un potentiel de nécessaire désapprobation et révolte. Il est indispensable de leur donner un prolongement autour de thèmes et revendications.

• Chacun, individus ou groupes constitués, doit pouvoir exprimer ouvertement ses pratiques et valeurs religieuses comme culturelles spécifiques.

• Multiplier les initiatives favorisant l’interculturalité (échanges et enrichissements culturels mutuels) et non pas l’assimilation forcée, nommée « intégration » par la droite et la gauche gouvernementales.

• Egalité des droits économiques, sociaux et politiques pour tous les salarié·e·s (« musulmans », « kosovars », « africains », « latinos », « genevois », « vaudois », « zurichois »…).

• Mettons en question la multiplication des statuts et permis d’étrangers. Prolongeons les mouvements pour la régularisation des sans-papiers, ainsi que pour la régularisation de toute personne travaillant au moins 1 heure par semaine (définition officielle de la population active) et de sa famille. Opposition active contre les renvois forcés d’étrangers.

• Controns la future campagne xénophobe de l’UDC sur la « criminalité des étrangers ». Les autorités lui ont déjà ouvert un espace, entre autres avec les mesures racistes policières et administratives anti-Roms.

• Face à réouverture du débat sur la libre circulation – qui sera instrumentalisée par l’UDC – il faudra s’efforcer de forger l’unité des salarié·e·s en soudant droit à la libre circulation et droits socio-économiques égaux pour tous et toutes.


Suisse : le terreau de l’initiative anti-minarets

mercredi 2 décembre 2009, Tiré du site du NPA
L’auteur, J.-M. Dolivo est membre de solidaritéS. Il est avocat et député au Parlement du canton de Vaud.

Une majorité (57,5 %) de citoyennes et citoyens helvétiques ont accepté le 29 novembre une initiative fédérale visant à interdire la construction de minarets. Les cantons de Genève (59,7 % de non), Vaud (53,1 %), Neuchâtel (50,8 %) et Bâle-ville (51,6 %) l’ont refusée. De grandes villes de Suisse-allemande, comme Zurich (63,7 %) ou Berne (56,4 %), ont également dit non. Cette initiative raciste a été soutenue par l’Union démocratique du centre (UDC). Un parti de la droite dure, conservatrice et xénophobe, qui participe au gouvernement fédéral ainsi qu’aux exécutifs cantonaux.

Sous prétexte de combattre un prétendu danger d’islamisation rampante, cela institue une mesure discriminatoire fondée sur l’interdiction d’un édifice religieux qui vise à stigmatiser une «  identité étrangère  », musulmane, à travers la religion. Pour l’UDC, il s’agit de renforcer la méfiance à l’égard des musulmans, et plus généralement à l’égard de ceux qui ne partageraient pas «  les valeurs occidentales  ». Un avatar du «  choc des civilisations  », à la suite du 11 septembre 2001.

Les musulmans représentent 4,5 % de la population en Suisse. Ils sont 400 000, dont environ 10 % revendiquent une pratique religieuse. Les préjugés et les peurs qui ont prévalu n’ont bien entendu strictement rien à voir avec la réalité. Aucun problème sérieux de cohabitation entre les personnes de religion musulmane et le reste de la population  ! L’initiative fait du reste ses meilleurs scores dans des cantons où il n’y a quasiment pas d’habitants de confession musulmane (71,4 % en Appenzell ou 68,8 % à Glaris  !).

Le «  succès  » de cette consultation s’explique avant tout par un réflexe de repli sur soi, d’angoisses face à la crise économique et ses conséquences. Le bouc émissaire, c’est l’étranger, et le plus étranger des étrangers, dans les fantasmes identitaires, le musulman.

Quant au terreau politique de cette interdiction de construire des minarets, introduite dans la constitution suisse, c’est une politique migratoire raciste, mise en œuvre depuis des décennies.

J.-M. Dolivo, membre de solidaritéS, est avocat et député au Parlement du canton de Vaud.


Article de Jean Batou (SolidaritÉs)

Le vote majoritaire des électrices et des électeurs suisses du 29 novembre dernier en faveur de l’initiative anti-minarets est un résultat d’une extrême gravité. Le fait qu’il émane d’une consultation populaire est en effet particulièrement inquiétant, puisqu’elle mesure effectivement la progression de la xénophobie et du racisme parmi nous.

’’solidaritéS’’ partage l’indignation et la colère de nombreux habitantes et habitants de ce pays qui ne comprennent pas que l’on puisse ainsi stigmatiser une communauté religieuse en s’attaquant à un signe extérieur de sa foi – les minarets –, ce qui représente en réalité une mesure vexatoire de nature clairement raciste. C’est pourquoi, nous nous engageons à nous battre, avec l’ensemble des démocrates de ce pays, attachés au respect des libertés fondamentales, pour purger notre constitution de cet article abominable.

Pourtant, un tel coup de tonnerre n’a pas éclaté dans un ciel bleu. Cela fait plusieurs années que l’islam est ainsi systématiquement décrié par de nombreux médias, tantôt comme ennemi potentiel de l’Occident, tantôt comme fourrier du terrorisme. La thèse du clash des civilisations a été en effet propagée par de puissants intérêts économiques et politiques, aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, pour justifier ainsi leurs guerres coloniales sanguinaires, aux forts relents de pétrole, que ce soit en Irak, en Afghanistan ou en Palestine.

Au pays de Guillaume Tell, l’islamophobie est aussi une façon à peine déguisée de stigmatiser un grand nombre d’immigré-e-s, au teint moins clair, souvent d’origine musulmane : Kosovars, Bosniaques, Turcs, Kurdes, Maghrébins... Et malheureusement, elle n’est pas seulement le fait de l’UDC et du Parti Evangélique Suisse, mais ne cesse d’émailler les discours des autorités les plus diverses. Pire, elle est même endossée par certains milieux dits de gauche, qui défendent aujourd’hui la lutte contre l’islam au nom d’une « légitime défiance ».

Combien de fois n’avons-nous pas entendu désigner à la vindicte populaire les faux réfugiés africains, les sans papiers kosovars, les délinquants multirécidivistes magrébins… Mais aussi les ressortissants Turcs ou ex-Yougoslaves qui « abuseraient » de l’assurance maladie, de l’AI, de l’assurance chômage ou de la prévoyance sociale aux frais du contribuable. Et ceci dans un pays qui a une longue tradition de rejet de l’immigration.

Faut-il s’étonner dès lors, qu’aujourd’hui, l’irrésistible ascension de la précarité et du chômage, la hausse sans trêve des primes d’assurance maladie, l’érosion continuelle des retraites, le dumping salarial brutal… suscitent le rejet croissant des immigrés, en particulier d’origine extra-européenne, désignés comme boucs émissaires. Et ceci surtout dans la mesure où les organisations traditionnelles des salarié-e-s ont paru jusqu’ici incapables d’apporter des réponses à de tels fléaux…

Prenons garde que notre incapacité à lutter de façon efficace contre les conséquences sociales dramatiques du néolibéralisme ne suscite demain une explosion plus incontrôlable encore de la xénophobie et du racisme. C’est pourquoi le vote honteux de dimanche dernier aura au moins eu un effet salutaire, s’il nous incite aujourd’hui à réfléchir, à débattre et à agir ensemble, pour traquer sans concession l’« islamophobie atmosphérique » qui imprègne notre société, des sommets à la base. Il aura eu un effet d’autant plus prometteur, qu’il nous aura vraiment convaincu d’attaquer ce mal à la racine.

Jean Batou


Suisse : Plus de 4500 personnes ont manifesté à Lausanne leur indignation suite au vote islamophobe de dimanche dernier

Voici le tract d’appel à une manifestation unitaire d’organisations sociales et politiques du canton de Vaud en suisse. Plus de 4500 personnes se sont rassemblée pour condamner le vote du 29 novembre pour l’interdiction de la construction de minarets en Suisse.

(...)
Marche « de la cathédrale à la mosquée »

L’acceptation par une majorité de citoyennes et citoyens le 29 novembre 09 de l’initiative fédérale interdisant la construction de minarets est une honte ! Elle bafoue les libertés démocratiques. Elle porte une atteinte grave à l’exercice du droit à la liberté de croyance. Aujourd’hui des politiciens de l’UDC se permettent de parler de l’ « islamisation rampante ». Rappelons-nous que, dans les années 30, sévissait, en Suisse et en Europe, une politique de lutte contre « l’enjuivement » ! On agite des peurs et on renforce les préjugés. Des mosquées sont souillées. Ce n’est pas admissible ! Nous nous devons de marquer notre volonté d’être solidaires avec les musulmans et tous les étrangers·ères qui ne doivent pas devenir des boucs émissaires. Ils·elles ne sont responsables ni du chômage, ni de la pénurie de logements, ni de la baisse de nos retraites !

Parce que nous refusons le racisme et les discriminations,
Pour marquer notre solidarité avec les musulmans,
Parce que nous rejetons l’islamophobie,

Venez nombreux-euses à cette manifestation !

Organisée par le Mouvement de lutte contre le racisme (MLCR)

soutenue par le Centre Social Protestant (CSP-Vaud), Les Verts, solidaritéS Vaud, le PSV, le POP, GSsA, L’Autre syndicat, des membres des communautés juives, protestantes, catholiques et musulmanes.


Voici des informations sur l’ initiative raciste de l’UDC, (un parti facho suisse) pour interdire les minarets. Elles sont antérieures au vote du 29 novembre.

Nous mettons en lien des articles de groupes de la gauche radicale suisse. Tous ces groupes s’investissent dans la quatrième internationale.

SOLIDARITÉS :
Initiative « anti-minarets », « antiburqa »… : taratata, islamophobe !
http://www.solidarites.ch/journal/index.php3?action=2&id=4059&num=157&db_version=2

GAUCHE ANTICAPITALISTE :
29 novembre : NON à l’initiative contre la construction de minarets !
http://www.gauche-anticapitaliste.ch/?p=1763

MOUVEMENT POUR LE SOCIALISME :
Les vrais enjeux camouflés derrière les minarets
http://www.labreche.ch/mps/docs/Minarets11_09.html