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L’Amérique Latine, une zone de paix et de démocratie

Sur les propos de Chavez et la supposée crise de gouvernabilité au Venezuela

jeudi 21 juillet 2011, par Mario Gil

On a beaucoup entendu parler de la possible disparition de Chavez à cause d’un cancer dont il serait affecté. Des noms n’ont pas cessé d’apparaitre et même dans nos dialogues entre camarades sont apparus des commentaires et des discussions opportunes. C’est vrai que c’est une discussion qui mérite des analyses mais le point à discuter en fin compte est bien sûr l’impact de la possible disparition d’un leader charismatique sur la continuité et l’approfondissement du socialisme du XXIème siècle au Venezuela et sur le projet d’unité latino-américaine.

À première vue, on serait d’accord avec l’affirmation qu’un tel projet ait une transcendance historique plus importante que ses leaders, mais il est aussi clair qu’actuellement l’unité et légitimité qui s’est construite autour de Chavez n’est pas anodine. C’est encore plus parlant quand on connait les difficultés que vivent d’autres gouvernements pour appliquer des mesures populaires comme c’est le cas en Bolivie par exemple. Le rapport de force n’est pas complètement assuré, particulièrement avec la contre-attaque de l’oligarchie des États-Unis en alliance avec les bourgeoisies locales. Cette contre-attaque a réussi à faire baisser le ton des critiques de Chavez contre le gouvernement du nord ou contre ses alliés dans le sud.

Mais est-ce qu’on pourrait parler d’une stratégie politique derrière les dernières positions du gouvernement Vénézuélien ? On peut être déçu des actions menées contre la présence des groupes armés colombiens de gauche sur le territoire vénézuélien ? Et on attend encore les positions anti-impérialistes du Venezuela face aux attaques d’Israël et à son blocus du territoire palestinien ?

La révolution bolivarienne a sans aucun doute fait renaître le socialisme au XXIème siècle, au Venezuela aujourd’hui. On doit parler obligatoirement d’un avant et d’un après Chavez. L’avancée qualitative expérimentée par ce pays en 12 ans est plus significative que ce qu’il a connu durant les quarante dernières années précédant la révolution. Si aujourd’hui la droite gagne le pouvoir, la gouvernabilité serait impossible puisque le peuple a développé une conscience majeure de ses droits, même si les grands problèmes contemporains des pays du sud comme l’insécurité ou la corruption persistent. En somme, le peuple est plus organisé et disposé à confronter les injustices.

Mais les crises économiques qui ont mis la bourgeoisie à la recherche désespérée de ressources naturelles et du contrôle politique peuvent jouer et favoriser la réinstauration de gouvernements autoritaires comme dans les années des dictatures en Amérique latine. Le tout n’est pas encore joué. La gauche est plus forte aujourd’hui dans la région et si bien qu’on ne peut pas dire qu’on avance mais on n’est pas en recul non plus. L’élection d’Humala au Pérou en est la preuve. Malgré des discours contre l’oligarchie et les États-Unis, il a réussi à remporter le pouvoir. Les déclarations en faveur de la gauche latino-américaine se font attendre mais ses déclarations d’avant campagne laissent voir la possiblité de la participation du Pérou dans l’Alliance bolivarienne des peuples d’ Amérique (ALBA-TCP).

Qu’y a-t-il derrière cette passivité des gouvernements d’Amérique latine ? Possiblement selon mes sources, il s’annonce un changement d’époque, un moment nouveau pour le monde où les alliances régionales vont être fondamentales et où les peuples vont avoir un rôle de premier plan à jouer. On le voit dans les manifestations du printemps arabe ou d’Europe, mais en Amérique latine depuis déjà longtemps on essaie de construire des alliances continentales et peut être qu’avec un contexte favorable à l’organisation politique et populaire des changements plus importants s’annoncent.

Signalons le côté stratégique de l’Amérique latine lorsqu’il s’agit de mettre de l’avant une diplomatie de paix, d’éviter la confrontation et de construire des alliances comme la Communauté des États Latino-Américaines et des Caraïbes (CELAC). Les principes de relation souveraine et le respect des droits humains sont les meilleurs arguments pour défendre les intérêts des peuples et pour permettre leur organisation et leur mobilisation politique. On connaît bien la tradition latino-américaine de liquidation des dirigeants et de répression constante des organisations.

Une diplomatie de la paix doit avoir comme objectif la fin des conflits comme celui en Colombie en échange de libertés majeures en matière de revendications politiques. Dans le cas d’Honduras, cette diplomatie a déjà marqué un point important car elle a permis de légaliser le front de résistance. Elle a permis le retour de Zelaya au pays. Ce fait démontre que le poids de la gauche latino-américaine est suffisant pour nouer des alliances et exercer un sorte de pression politique sur les gouvernements de droite afin de les rendre plus démocratiques. Cela permettra à ces peuples de construire leur nation d’un façon plus souveraine et en même temps de permettre que se développent des structures plus solidaires comme l’ALBA.

Par ailleurs, il faut que les organisations politiques défendent une perspective d’unité fondamentale. Les stratégies sectaires continuent à être un caillou dans les souliers pour l’avancée de la gauche latino-américaine.

MARIO GIL
Collectif Educaction