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Une nouvelle pollution à l’ère de la mondialisation

dimanche 13 juillet 2003, par Ginette Lewis

L’ère du spectacle ou de la consommation passive s’est développée avec l’arrivée de la télévision. Les vidéos et DVD n’on fait qu’amplifier cette passivité des spectateurs et spectatrices. Mais là avec la mondialisation des marchés, cette consommation prend des allures de pollution. Les valeurs capitalistes y sont diffusées mais sans aucune subtilité. L’American dream devient la norme et les différentes cultures deviennent désuètes.

Les records Guinness

Ce sont d’abord les différentes .émissions de records Guinness qui montrent des prouesses de mangeurs de hot dogs mais qui, dans le fonds, idéalisent la compétition et développent cette façon de penser de toujours se comparer aux autres pour se surpasser. Suivent les émissions de faits ou de vidéos insolites, de catastrophes ou de thrillers policiers qui elles, reposent sur la fatalité, sur le destin et le sort contre lequel personne ne peut rien. Ce sont des catastrophes naturelles ou des erreurs humaines y compris dans les actes de répression policière grossière. Et à la fin de la soirée, un peu plus tard car il y les enfants, faut attendre qu’ils soient couchés, les films d’horreur ou de cul. Là les femmes en prennent pour leur rhume ou bien elles se font assassinées, ( les meurtres de femmes sont toujours le fil à plomb des films d’horreur,) ou bien elles se font violées à tour de bras dans les films de cul et supposément elles aiment cela. La violence faite aux femmes est à l’honneur. Quelle belle soirée de TV. Bonne nuit, chériE. Mais quand tu travailles, que tu es épuiséE et que tu n’as pas d’argent…tu écoutes ces émissions : métro-boulot-TV-dodo.

Et les loft story

Mais où j’en peux plus, quitte à ne pas prendre de pause-café c’est quand la discussion porte sur les nouvelles émissions qui façonnent des artistes en moins de deux. Ah elle, elle est bitch ; lui, il chante mal ; elle, elle est gênée ; lui, ils est beau ; ils forment un beau couple. Quelle misère !

C’est la loto des artistes, ces émissions. En moins de deux, ils deviennent célèbres, connuEs et riches. Mais c’est une histoire d’horreur car dans la vraie vie, la vraie vie d’artistes : ce sont les clubs malfamés, les contrats à trente sous ; les gens qui ne t’écoutent pas chanter ou jouer ; le gérant qui t’exploite quand il ne te vole pas purement et simplement ou qui gère ta vie à ta place ; l’argent, la dope, la coke, la prostitution et la mafia que tu ne dois pas voir, oui la vraie vie d’artistes. Il n’y a pas grève des intermittents en France dans l’industrie du spectacle pour rien.

Et ces jeunes qu’on crée que deviendront-ils-elles après que l’industrie du spectacle aura passé à autre chose ? On crée un rêve, une illusion de célébrité pas pour la personne mais pour l’argent que cela génère. Demander à Péladeau et Quebecor comment Star Académie lui a rapportée ? Il ne vous le dira pas mais les analystes financiers ont rapporté que cela lui avait permis d’éponger des déficits faits dans ses entreprises américaines. Et roule la machine.

Et voilà que Guy Cloutier se lance dans le même sillage avec pour l’automne un concept qui a fait fureur en France les Loft story : des célibataires vivent ensemble et sont invités à former le couple idéal en vivant devant le public qui choisit. Le voyeurisme mis en priorité avec ses dessous de corsets : la perversité -et tous les moyens sont bons-, deviennent les nouvelles valeurs. C’est de la pornographie avec ou sans cul.

Quelle belle soirée de TV. Bonne nuit, chériE. Mais quand tu travailles, que t’es épuiséE et que t’as pas d’argent…tu écoutes ces émissions : métro-boulot-TV-dodo.

Et la télévision ?

Il reste simplement à la casser ? Non, la télévision demeure un instrument de démocratie et de diffusion de l’information ; encore faut-il que la presse soit libre et publique. Mais dans le contexte de la mondialisation et de la privatisation, cet instrument risque de perdre ses derniers acquis pour faire place à des insignifiances pensées par l’entreprise privée pour faire augmenter les cotes d’écoute et les cagnottes. Il nous faut en finir de ce spectacle passif et sortir dehors par exemple pour marcher pour la paix.