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Occupation du bureau de la ministre Françoise Gauthier par les travailleurs de la Consol de La Baie

jeudi 20 janvier 2005


L’occupation de l’usine se poursuit depuis hier soir

À l’issue d’une autre assemblée générale du syndicat des travailleuses et des travailleurs d’Abitibi-Consol (ACI) de l’usine Port-Alfred, à La Baie, tenue ce matin, les syndiqué-es mis à pied en décembre 2003 ont décidé d’occuper le bureau de la ministre Françoise Gauthier de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, situé à Jonquière. Cette dernière est ministre responsable de la région.

Le sort de l’usine, fermé pour une période indéterminée, inquiète grandement les quelque 600 travailleurs. Ils désirent connaître les véritables intentions du gouvernement du Québec advenant le cas où Abitibi-Consolidated décidait de fermer définitivement son usine de La Baie. Lors d’une rencontre tenue le 6 décembre en présence de représentants du syndicat et de la compagnie au bureau du premier ministre Jean Charest, à Québec, ACI s’était engagée à clarifier définitivement ses intentions d’ici le 15 février prochain.

Les syndiqué-es, affiliés à la CSN, demandent à la ministre Gauthier de dissiper leurs inquiétudes de façon non équivoque. Ils sont disposés à occuper son bureau tant et aussi longtemps qu’ils n’auront pas obtenu satisfaction. " Depuis l’annonce de la fermeture de notre usine, le syndicat s’est montré très patient à l’endroit de la compagnie et du gouvernement. Mais aujourd’hui le temps presse et les rumeurs sont inquiétantes. Il est temps de passer aux actes et de hausser le ton, mais tout sera fait de façon civilisée, comme c’est le cas depuis le début de la crise, il y a 13 mois ", a indiqué le président du Syndicat national des pâtes et papiers de Port-Alfred (FTPF-CSN), Laval Perron.

Choisir la région ou le parti

Les travailleurs demandent à Mme Gauthier de choisir entre la région et son parti. Ils veulent que la ministre et son chef, le premier ministre Charest disent quelles actions concrètes le gouvernement du Québec prendra contre la compagnie si elle annonce la fermeture de son usine de La Baie, le 15 février. Notons entre autres que le bail de la rivière Shipshaw, qui accorde un droit d’exploitation d’une centrale hydroélectrique de 60 mégawatts, stipule que la multinationale doit maintenir ouvertes toutes ses installations dans la région.

Les travailleurs n’excluent pas la possibilité d’exiger la démission de Mme Gauthier si les intentions du gouvernement allaient à l’encontre des intérêts de la région. " La ministre a déjà affirmé que certaines solutions seraient inacceptables. Nous voulons savoir jusqu’où elle est prête à aller pour défendre les intérêts de sa région ", explique Laval Perron.

L’occupation de l’usine se poursuit

Entre-temps, l’occupation de l’usine Port-Alfred, qui a débuté hier soir, se poursuit. Rappelons qu’au début d’une assemblée générale convoquée au Vieux Théâtre, situé à quelques kilomètres de l’usine, les travailleurs ont décidé d’aller la tenir à l’intérieur de celle-ci. Très disciplinés et accompagnés de leur propre service d’ordre, ils y sont entrés. Environ une heure plus tard ils en sont ressortis, toujours aussi calmement, laissant derrière eux une dizaine de compagnons de travail qui continuent à occuper l’usine. Les syndiqués ont l’intention de poursuivre l’occupation jusqu’à ce qu’ils aient obtenu des réponses à leurs questions.

Message clair

Les syndiqués de l’usine Port-Alfred croient qu’il est temps d’envoyer un message clair à la compagnie à une semaine de la réunion de son conseil d’administration, qui aura lieu au siège social de Montréal.

Au premier ministre Charest, ils reprochent sa " mollesse " face à la compagnie. Le 13 décembre dernier, il confiait à l’équipe éditoriale du journal Le Quotidien, de Chicoutimi, qu’il n’avait pas l’intention d’utiliser la manière forte avec ACI, ni de lier le sort de l’usine Port-Alfred à celui du bail de la rivière Shipshaw, qui a pourtant force de loi (loi 8).

Soutien du conseil central de la CSN

Le Conseil central des syndicats nationaux du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui regroupe 15 000 personnes réparties au sein de 200 syndicats de la région, appuie sans réserve les travailleuses et les travailleurs de l’usine Port-Alfred. La présidente, Mme Jeannine Girard, indique qu’ " il n’est pas question de lier le sort de la papeterie Port-Alfred à celle de Kénogami. On ne pourra jamais accepter que l’on troque le sort d’une usine contre une autre. La papeterie de Kénogami a besoin d’un investissement majeur pour produire un papier de plus grande qualité. Mais cela ne doit pas se faire au détriment de l’usine Port Alfred. La ministre Françoise Gauthier doit s’engager en ce sens et nous dire jusqu’où elle et son gouvernement iront si ACI ne s’engage pas dans cette voie ".


Source : CSN - 19-01-2005

Pour renseignements :
Laval Perron, président du syndicat : (418) 812-0395 (cellulaire)
Benoit Aubry, Information-CSN : (514) 247-3198 (cellulaire)