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UNE LUTTE À QUATRE AUX PROCHAINES ÉLECTIONS QUÉBÉCOISES

L’Union des Forces Progressistes : le front politique dont les mouvements sociaux ont tant besoin

lundi 7 octobre 2002, par Molly Alexander, Pierre Dostie

S’il existe une communauté de pensée certaine entre les milliers de militantes et de militants progressistes que l’on retrouve dans une foule d’organismes au Québec (du syndicalisme au communautaire en passant par le féminisme, l’écologie, les médias alternatifs etc.), il demeure que sur le plan politique, et plus spécifiquement électoral, c’est la dispersion, sinon la désertion. Cela est en grande partie dû à l’absence d’un véritable parti politique de masse capable de proposer et d’incarner un projet de société véritablement alternatif. Un parti dans lequel les progressistes se reconnaissent et dans lequel ils voient le prolongement naturel de leurs luttes quotidiennes.

Un relais politique nécessaire aux luttes progressistes

Même s’il a longtemps drainé le vote de gauche dans l’espoir que la souveraineté débouche éventuellement sur la social-démocratie, le Parti Québécois n’a pas les qualités d’un parti progressiste. De plus en plus de militants déçus ont retiré leur appui à ce parti qui continue néanmoins de mystifier la population sur son identité. Le vide laissé à gauche et les « espoirs déçus du PQ » ne contribuent pas à valoriser la politique par ailleurs salie par les cas de scandales et de pots-de-vin. Le mode de scrutin, qui favorise habituellement l’alternance des deux vieux partis et désavantage les nouvelles formations politiques, contribue à la marginalisation de la gauche politique pendant que les revendications des mouvements sociaux ne trouvent que très peu d’écho dans le discours des partis néolibéraux. Pensons à l’accueil fait à la Marche mondiale des femmes, au Sommet des peuples, aux demandes du mouvement syndical en ce qui concerne la réforme du code du travail, etc. Si le gouvernement du PQ a fait quelques avancées ces derniers temps - encore qu’il faudra voir les résultats - sur la lutte à la pauvreté (projet de loi 112) ou encore sur la réforme des institutions démocratiques, c’est d’abord parce que les mouvements sociaux se sont fortement mobilisés sur ces questions. C’est aussi croyons-nous parce que les militantes et militants de la gauche politique ont relayé ces revendications dans le champ politique et que la perspective d’un parti progressiste représente, en période pré-électorale, une menace potentielle pour le PQ qui a de moins en moins d’emprise sur la gauche sociale.

Les partis néolibéraux, actuellement représentés à l’Assemblée nationale sont des partis plus ou moins à la solde des empires de la finance et des entreprises transnationales. Car ce sont ces empires qui tirent les ficelles et soumettent la politique et les politiciens à leurs impératifs économiques et financiers, notamment à travers l’ALENA, la ZLEA, le FMI, la BM, l’OMC, etc. Ces empires ont tout intérêt à ce que le peuple méprise la politique - et ne s’en mêle - pendant que triomphent l’individualisme et le consumérisme, ces corollaires du productivisme capitaliste en restructuration sauvage dans le cadre de la globalisation des marchés. La gauche sociale porteuse des luttes progressistes a besoin d’un débouché naturel sur le front politique : un parti progressiste de masse qui soit capable de rassembler les forces de changement sur la scène électorale ; qui soit un relais politique crédible pour porter les aspirations actuelles du peuple Québécois, notamment en s’adressant à la question nationale et à la question sociale d’une manière originale ; qui soit capable d’intégrer avec cohérence l’ensemble des revendications des progressistes en un projet de société crédible à proposer à la population ; un parti qui soit à la fois un instrument de pouvoir progressiste devant la montée de la droite et un lieu où il soit possible de réinventer le pouvoir et la démocratie ; Un « sit-in » de sans-logis à Québec le 1er juillet
Pierre Dostie et un militant montant une tente
un parti de la rue tout autant que des urnes qui sait se prémunir contre l’électoralisme ; un parti démocratique dont les pratiques quotidiennes sont l’illustration de son projet de société. Et qui ce faisant, donne le goût de l’engagement politique et réveille les espoirs populaires anesthésiés par la culture politique dominante. Espoirs, soit dit en passant, que s’apprête à récupérer l’équipe (sic) de Mario Dumont, le plus jeune des vieux politiciens, au profit des forces du marché. La politique a horreur du vide.

L’unité politique des progressistes est en marche

Dans ce contexte, il est indispensable, dès maintenant et lors de la prochaine campagne électorale, de faire connaître à la population en général et plus spécifiquement aux militantes et militants des mouvements sociaux, l’existence de l’Union des forces progressistes, fondée le 15 juin dernier, qui se veut l’embryon de ce parti progressiste dont le Québec a tant besoin. Depuis au moins cinq ans, les progressistes regroupés au Rassemblement pour l’alternative progressiste, au Parti de la démocratie socialiste, au Parti communiste du Québec et, plus récemment au sein d’associations locales de l’UFP (dont une bonne partie des membres est sans allégeance partisane antérieure), sont décidés à faire l’unité politique et organisationnelle. La gauche politique québécoise n’est plus empêtrée comme il y a vingt ans dans des modèles rigides de référence et des querelles idéologiques de chapelles. Elle a tenu des Colloques, des comités de liaison, des campagnes électorales communes, (notamment celle de Paul Cliche dans Mercier en avril 2001 avec 24% des voix). Elle a partagé des analyses de la conjoncture qui ont permis un recadrage politique. Elle a favorisé l’émergence d’une nouvelle culture politique et développé l’unité dans l’action. À travers ce processus unitaire, une urgence s’est imposée : la nécessité de combattre la dictature des marchés et de la finance dans le cadre de ce que l’on appelle la globalisation. Il est primordial de renforcer la résistance à cet empire et aux menaces qu’il représente pour les institutions démocratiques, l’environnement, les droits sociaux, la justice sociale, les libertés civiles (législations « anti-terroristes »), etc. Cette urgence est fondamentale parce qu’à terme, elle concerne la survie de l’espèce humaine, de la planète. Cette urgence n’est pas seulement ressentie par nous. Elle est universelle comme on l’a constaté à Porto Alegre. C’est sur cette base que les principaux groupes politiques progressistes ont trouvé un terrain commun, ont élaboré une plate-forme large capable de faire l’unité sur l’essentiel et susceptible de rallier, nous le souhaitons ardemment, une bonne partie de la population québécoise en recherche d’une véritable alternative.

Une plate-forme progressiste, un parti novateur

L’UFP a la souplesse d’accueillir autant les individus que les groupes, à qui elle reconnaît le droit de s’organiser autour d’enjeux particuliers à promouvoir au sein de la Plate-forme commune. La plate-forme de l’UFP est la seule qui soit franchement en rupture avec le néolibéralisme ; elle favorise une démocratie participative, une économie alternative, basée sur le développement durable, équitable, coopératif, écologique et solidaire. Dans cette plate-forme, la lutte à la pauvreté et l’amélioration des normes minimales du travail prennent une bonne place, tout comme les revendications portées par la Marche mondiale des femmes, le partage de la richesse par un revenu décent garanti, une réforme de la fiscalité incluant l’élimination des paradis fiscaux et l’introduction de la taxe Tobin, un réinvestissement dans la santé et l’éducation. Enfin, les régions ne sont pas oubliées. On propose des redevances sur l’exploitation des ressources naturelles, l’instauration d’une péréquation et le développement de chantiers coopératifs. Mais pour vraiment répondre aux besoins des régions, l’UFP propose rien de moins que l’instauration de structures électives favorisant la maîtrise politique et économique des communautés sur leur propre développement social. Ce ne sont là que quelques éléments de la plate-forme de l’UFP. Il est impératif que lors de la prochaine campagne électorale au Québec, la population puisse faire un véritable choix. Si elle en a assez du tandem PQ - PLQ, elle aura alors le choix entre un parti ultra-néolibéral, l’ADQ et un parti progressiste, l’UFP, qui entend proposer bien plus que le mirage adéquiste : un projet de société vraiment alternatif et une façon alternative de faire de la politique !

Le parti de masse ne tombe pas du ciel

Avec l’UFP, les militantes et les militants de la gauche sociale, ont maintenant l’opportunité de faire déboucher leurs luttes quotidiennes sur le front politique à travers un parti qui se propose de prendre le relais des revendications progressistes et d’en faire une synthèse en terme d’un projet de société à réaliser par le moyen du pouvoir électoral. Mais un tel parti ne pousse pas tout seul dans le champ de la politique. Il se construit jour après jour avec les énergies militantes bénévoles. Il ne compte pas sur la force de l’argent mais sur celle du nombre et de la solidarité. Prendre simplement sa carte de membre à 5$ est déjà un geste important, un premier pas. Tout en reconnaissant l’indépendance des mouvements sociaux, l’UFP ouvre la porte à ceux que l’expérience politique intéresse. Elle favorise un dialogue mutuellement profitable avec les groupes qui ont des réserves envers la politique partisane. Elle accueille les membres individuels qui désirent construire un parti qui leur ressemble, et qui les rassemble. Il est impératif que les revendications progressistes deviennent des décisions, des réalisations, un projet de société réaliste et réalisable.

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