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L’Action Démocratique du Québec ou le parti de l’incohérence

dimanche 6 octobre 2002, par Correspondances

La soudaine popularité de l’ADQ et de Mario Dumont me fait sourire. Non pas en raison de mon adhésion à ce parti politique dit aux " idées nouvelles ", mais par rapport aux contradictions évidentes de son programme politique. Son chef clame à tout vent que sa formation représente une nouvelle génération aux idées innovatrices, quand, au contraire, la base de son idéologie est copiée entièrement sur les dogmes du néo-libéralisme et de la droite ultra conservatrice américaine du début des années 80.

En fait, quatre incohérences principales sont à noter dans le programme : premièrement, l’ADQ désire instaurer un environnement de travail moins précaire pour les jeunes travailleurs en abolissant les clauses orphelins par exemple, mais de l’autre coté, il veut modifier le code du travail afin de favoriser la sous traitance et justement créer encore plus d’emploi précaire et moins rémunérés dans l’avenir.

Deuxième incohérence : dans le domaine fiscal, il désire éliminer les abris fiscaux pour que les riches paient plus d’impôts, mais insiste sur un projet d’imposition à taux unique, appelé aussi le " flat tax ", qui diminue grandement la contribution des classes aisées aux coffres de l’État et fait reposer la grande majorité de la taxation sur la classe moyenne.

Troisième incohérence : l’instauration d’un revenu minimum du citoyen, une idée de gauche, qui serait selon plusieurs études très dispendieux à l’État, et tout ça pendant que le chef de l’ADQ promet de réduire la taille du gouvernement !

Enfin une quatrième incohérence : en matière de santé publique, l’ADQ suggère une privatisation accrue des services pour ainsi faire diminuer les coûts, améliorer la qualité des soins et augmenter l’accessibilité au système de santé. Mais la création d’un système à deux vitesses créerait irrémédiablement une concentration des meilleurs médecins dans la pratique privé et un dépérissement de la qualité des soins dans le secteur publique.

Je m’arrêterais à ces contradictions en ne doutant pas que d’autres puissent être trouver avec un peu de recherche. Bref, Monsieur Dumont devrait cesser de prendre le québécois moyen pour un naif que l’on peut manipuler à sa guise et réfléchir profondément sur le contenu plus que contestable de son programme.

Par ailleurs, en attaquant les acquis sociaux durement gagnés au fil des décennies par des conflits de travail violents et des revendications légitimes, Dumont tente de vendre la société québécoise aux intérêts particuliers et au grand capital : éliminer les syndicats, amender à la baisse les normes du travail protégeant les travailleurs et leurs emplois, généraliser la sous traitance dans le domaine public et conséquemment dans le privé, détruire le tissu social et précariser l’emploi.

En fait, sacrifier tout au patronat sur l’autel du capitalisme, telle est la pierre angulaire de la philosophie politique de l’ADQ.

Finalement, Mario Dumont semble oublier que l’adjectif " démocratique " (si pompeusement utilisé dans le nom de son parti), qui vient du mot démocratie, ne couvre pas seulement la sphère politique, mais aussi les autres facettes de la société. S’il existe une démocratie politique, tel que nous la connaissons aujourd’hui, il existe aussi une démocratie sociale qui évite de faire des distinctions de statut entre les individus et une démocratie économique qui tente d’équilibrer la répartition de la richesse dans la société ainsi qu’ à maintenir une stabilité sociale vitale pour le bien commun.

Oui, décidément, l’Action Démocratique du Québec est le parti de l’incohérence.

Jimmy St-Gelais Blainville, Qc

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