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Les femmes du monde entier en marche pour la souveraineté alimentaire

jeudi 27 novembre 2008, par Esther Vivas

Autour de 150 femmes venues de plus de 40 pays de tous les continents ont participé à la 7ème rencontre internationale de la Marche mondiale des femmes qui a eu lieu du 14 au 21 octobre à Panxón (Galice).

Ce rassemblement a permis d’établir les lignes directrices de travail et d’organisation pour les deux prochaines années, de renforcer les coordinations continentales et d’approuver divers documents stratégiques.

De nombreuses conclusions qui ont été tirées de cette rencontre. Il est d’ailleurs important de mettre en valeur l’appel qui a été fait, en faveur d’une action générale pour la paix et la démilitarisation qui aura lieu le 17 octobre 2010 dans la région des grands lacs en Afrique, en parallèle d’autres actions locales et en simultané dans le reste du monde. Cette initiative aura pour objectif de renforcer la solidarité internationale et rendre visible la lutte des femmes.

La thématique de cette action découle des conclusions de l’événement, puisque “les guerres appauvrissent les femmes, provoquent des violences contre elles, permettent que les grandes puissances s’approprient les recours naturels et que le viol soit utilisé comme armes de guerre ».

Forum et foires

Le rassemblement de la Marche Mondiale des Femmes a profité d’une série d’activités publiques qui véhiculèrent le travail féminin en faveur de la souveraineté alimentaire. En fin de semaine, du 18 au 19 octobre s’est organisé dans la ville de Vigo, un forum et une foire en faveur de la souveraineté alimentaire auxquelles participèrent des centaines de personnes et qui contèrent sur l’appui et la collaboration de divers collectifs galiciens comme le Syndicat Paysan Galicien (Sindicato Labrego Galego), des ONG, des coopératives de consommation, des magasins de commerce équitable et des groupes écologistes.

Dans le cadre du forum, les femmes représentantes d’organisations paysannes et de consommateurs de divers pays, évoquèrent la souveraineté alimentaire comme stratégie d’action capable de garantir le contrôle des politiques agricoles et alimentaires par la population et son accès aux ressources naturelles et aux aliments. Ces mêmes représentantes soulignèrent les difficultés des femmes paysannes à accéder à la production des aliments, aux exploitations agricoles et aux garanties administratives, etc.

Comme l’a affirmé l’ancienne secrétaire du Sindicato Labrego Galego, Lídia Senra : “Il est nécessaire de revendiquer que les femmes soient également titulaires des exploitations agricoles. Normalement, au sein des exploitations familiales les titulaires sont les hommes, et les femmes, n’ont pas leur droit à produire garanti“.

D’autres interventions consistèrent à souligner l’apport fondamental des femmes dans la production alimentaire mondiale : le travail de la terre, la culture, la surveillance du gain, l’accès à l’eau, etc. Il faut rappeler que 80% de la production des aliments dans les pays du Sud est effectué par les femmes, quand paradoxalement, ces dernières ainsi que les enfants sont les plus affectées par la faim. Ainsi la directrice de l’espace des femmes de ALAI, Irene León, fit remarquer que” les femmes alimentent l´humanité mais ne veulent pas continuer à le faire en position de désavantagées” et souligna la responsabilité du système capitaliste dans cette usurpation du travail féminin : “Les connaissances au sujet de la production alimentaire, accumulées durant des siècles par les femmes, ont été brevetées par des corporations transnationales”.

Actions dans la rue

Dans le cadre de la 7ème rencontre, les femmes de la Marche appelèrent à des actions dans la rue. Il faut mettre en évidence la performance réalisée en face de l’un des plus grands supermarchés de Vigo, durant laquelle fut dénoncé le rôle des grandes superficies dans l’appauvrissement des campagnes, la consommation irresponsable et la croissance de l’insécurité alimentaire.

De nombreuses femmes à l’aide de banderoles, déguisements, pancartes et des représentations gigantesques de produits de Danone, Coca-cola et Nestlé revendiquèrent d’autres modèles de production, distribution et consommation des aliments en faveur de la population.

Un autre moment fort fut la manifestation du dimanche 19 durant laquelle des dizaines de milliers de personnes, majoritairement des femmes, parcoururent les rues de Vigo. Les consignes contre la violence machiste, contre le patriarcat et en faveur du droit à l’avortement et à la souveraineté alimentaire furent quelques unes des plus revendiquées. La manifestation termina avec l’intervention de femmes, représentantes d’organisations d’Afrique, d’Amérique Latine, d’Europe et d’Asie qui dénoncèrent l’impact du système capitaliste et patriarcal sur les femmes. Comme a affirmé la coordinatrice du secrétariat internationale de la Marche, Míriam Nobre, à la fin de la manifestation : “Nous sommes des femmes lutant contre la marchandisation du monde, le capitalisme, la patriarcat, le colonialisme, le racisme et tout type d’exclusion ou d’oppression”.


*Esther Vivas est auteur de "En campagne contre la dette” (Syllepse, 2008), co-coordinatrice des livres en espagnole "Supermarchés, non merci" et "Où va le commerce équitable ?" et membre de la rédaction de la revue Viento Sur (www.vientosur.info). Article paru dans Diagonal, nº88. Traduit par Laure Doucelance.