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Discours d’Alexa Conradi lors du Lancement de la Marche mondiale des femmes

jeudi 18 mars 2010


7 mars 2010
Tiré du site de la Fédération des femmes du Québec


Pour la troisième fois, de l’Afrique du Sud en passant par l’Angleterre, le Bangladesh, le Cameroun, El Salvador et la Turquie, des milliers de femmes, aux souliers usés par l’histoire, marcheront pour affirmer une vision féministe du monde.

En 2000, les femmes ont mis au monde un réseau féministe international incontournable de lutte à la violence envers les femmes et à la pauvreté : la Marche mondiale des femmes. Nous nous sommes donné un réseau puissant de solidarité. C’est une contribution du mouvement féministe québécois à l’histoire.

En 2005, nous avons offert au monde une Charte mondiale des femmes pour l’humanité, jetant les bases d’un projet féministe de liberté, d’égalité, de paix, de justice et de la solidarité.

En 2010, nous entamons notre marche sous le slogan « Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche ». Nous marcherons dans un contexte où les droites militaires, morales, économiques et antiféministes, toutes grandes adversaires des droits des femmes, cherchent à démanteler les outils et programmes essentiels au développement d’une société égalitaire et solidaire où les femmes peuvent vivre en paix. Dans un contexte où les gouvernements introduisent, parfois directement, souvent insidieusement, une façon de voir le monde qui nous apparaît foncièrement sexiste, raciste et inégalitaire, l’heure est venue pour une grande mobilisation de la population afin de signifier que nous en avons assez.

Comme rempart au cynisme et au recul de nos droits, pour nous et nos enfants :

■Nous exigeons la signature de la Déclaration internationale sur les droits des peuples autochtones par le gouvernement du Canada. Le Canada et les États-Unis sont les deux seuls pays au monde à refuser de signer cette déclaration.
■Nous dénonçons la militarisation de notre société en revendiquant le retrait immédiat des troupes canadiennes en l’Afghanistan par le gouvernement du Canada et en appelant le gouvernement québécois à interdire le recrutement militaire dans les établissements scolaires.
■Avec la marchandisation grandissante du corps des femmes, nous exigeons du gouvernement du Québec qu’il légifère sur les publicités sexistes et qu’il mette en place dans les écoles des cours d’éducation à la sexualité promouvant des rapports égalitaires dans une perspective ni sexiste, ni hétérosexiste.
■Devant les tentatives de la droite religieuse et politique de contrôler nos corps, de réduire notre liberté, nous revendiquons que le gouvernement du Canada garantisse le droit inaliénable des femmes de décider d’avoir ou non des enfants, ce qui implique le maintien et la consolidation des services d’avortement gratuits offerts partout au pays.
■Pour réduire les écarts entre riches et pauvres et pour instaurer une meilleure justice économique, nous défendons l’accès à un salaire minimum de 10,69$ de l’heure et nous revendiquons la fin des catégories à l’aide sociale qui perpétuent les préjugés à l’égard des personnes en les qualifiant de « méritantes » et de « non méritantes » et sert à justifier le maintien de certaines personnes dans la grande pauvreté.
■Enfin, avec la destruction insidieuse de nos services publics, outils essentiels à l’atteinte de l’égalité, nous luttons contre la privatisation et la hausse de la tarification des services publics, notamment en santé et en éducation. Nous voulons aussi protéger l’eau et l’air de la marchandisation.
Pour faire des gains, pour faire reculer les néolibéraux et les conservateurs, nous n’appelons pas à une simple manifestation mais bien à une grande Marche où les femmes et les hommes du Québec se porteront à la défense d’une société égalitaire, généreuse et viable. Le mouvement féministe a une grande et longue histoire de soulèvements contre les exclusions et les injustices. Nous devrons témoigner d’une grande détermination car nous nous levons contre des forces puissantes.

Alors que la droite fait du chemin dans les valeurs sociales, nous estimons que l’heure est venue à une mobilisation créative, surprenante et courageuse de la part des féministes et de nos alliés.
C’est aujourd’hui que ça commence ! En 2010, ça va marcher !