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Non à la privatisation : défendons le bien commun !

mardi 24 août 2010


Tiré du site de la FFQ
10 août 2010


Le printemps dernier, le gouvernement du Québec a accéléré la tendance lourde à la marchandisation du bien commun en annonçant notamment plusieurs tarifications des services publics. Aussi, l’Assemblée générale de l’ONU a reconnu à la fin juillet l’accès à une eau de qualité et à des installations sanitaires comme un droit humain. Dans la série : « En prévision du rendez-vous de la Marche cet automne », voici maintenant des extraits d’argumentaires et de positions de la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (Avril 2010) à propos de la privatisation :

Nous revendiquons la fin de la privatisation des services publics et du bien commun – santé, éducation, eau, énergie éolienne – et nous nous opposons à toute augmentation des tarifs de ces services.

Déclin démographique, vieillissement de la population, ampleur de la dette, concurrence de plus en plus dure avec les pays asiatiques, l’omniprésence du discours néolibéral présente une vision apocalyptique, axée sur les impératifs présumés d’une économie au discours unique et présentée comme toute-puissante. Il est assez inquiétant d’observer que le pouls du Québec bat au rythme accéléré de la globalisation. Le gouvernement québécois s’inscrit clairement dans cette perspective néolibérale qui prône le rétrécissement du rôle de l’État n’hésitant pas à mettre en œuvre les trois dogmes de la sacro-sainte trinité de la « nouvelle » économie mondiale, soit : la libéralisation, la privatisation et la déréglementation ! Ici comme partout dans le monde, on assiste à la mise en péril du bien commun et à sa marchandisation.

Ce monde où tout devient marchandise met en péril le bien commun, c’est-à-dire la préservation des ressources, un environnement sain, la santé, l’éducation et la culture. Si la démocratie c’est la défense du bien commun, alors la marchandisation du monde ne peut donc conduire qu’à moins de démocratie.

La liste des mesures antisociales n’en finit plus de s’allonger : augmentation des tarifs d’électricité – un des services publics qui hausse le plus souvent ses tarifs ; hausse des tarifs en transport en commun ; hausse des cotisations à l’assurance médicaments — d’autres hausses de tarifs sont à craindre ; dégel des frais de scolarité ; restrictions dans l’accès aux services d’aide juridique ; pénurie persistante de logements à bas loyers ; etc. On privilégie les partenariats public-privé (PPP). Avec la formule des fonds publics/privés, le gouvernement a tendance à abdiquer son pouvoir de décideur et de régulateur des politiques sociales au profit de riches mécènes, ce qui soulève de sérieuses questions sur la démocratie. Bref, les stratégies de privatisation ne cessent de se multiplier et de dévoiler leurs multiples facettes. Nos services publics se dégradent ; leur accessibilité, leur gratuité et leur qualité sont constamment menacées. Ce virage accéléré vers la droite a aussi pour conséquence la précarisation et la détérioration des conditions de travail, particulièrement pour les femmes.

En quoi ce problème contribue-t-il à la dégradation des conditions de vie des femmes ?

Les politiques de privatisation conduisent inévitablement à un déséquilibre dans le partage des richesses. Elles touchent durement les personnes les plus pauvres de la société. Or, les femmes sont globalement plus pauvres que les hommes, elles ont des salaires plus bas, elles ont moins accès à l’emploi et à la syndicalisation, elles ont moins de sources de revenus. Lorsqu’elles travaillent, leur salaire est plus bas que celui des hommes et elles sont surreprésentées dans les emplois précaires et à temps partiel. Soulignons que parmi les groupes défavorisés, il y a des « plus défavorisées ». Les femmes autochtones se retrouvent trop souvent dans un état de pauvreté abjecte. Les femmes immigrantes ou racisées sont particulièrement susceptibles de vivre des situations de pauvreté étant discriminées sur le marché du travail. Les femmes handicapées se heurtent, elles aussi, à de nombreux obstacles pour trouver un emploi. Les femmes âgées et les femmes seules sont les citoyennes les plus touchées par la pauvreté.

Retour aux valeurs familialistes

La mise en place de services publics a grandement contribué à dégager les femmes de nombreuses tâches qui leur étaient traditionnellement dévolues, ce qui a contribué à leur émancipation. Plus encore, les emplois de qualité offerts par le système public ont largement été occupés par des femmes. La transformation du rôle de l’État et le démantèlement des protections sociales affectent ainsi particulièrement les femmes. Le gouvernement transfère aux familles et aux communautés les services publics sous forme de travail non rémunéré. Et ce sont les femmes qui doivent assumer ces responsabilités !

Les femmes ont vu réapparaître la vieille idéologie familialiste, selon laquelle les femmes – c’est-à-dire quasi exclusivement les femmes — redeviennent les nouvelles unités de soins sur lesquelles la société doit désormais compter pour s’occuper des malades et des personnes âgées vulnérables-.

Pour toutes ces raisons, le démantèlement, la tarification et la privatisation des services publics atteignent les femmes de plein fouet.

Plus spécifiquement, en matière de droit à la santé, nous demandons :

© L’arrêt immédiat de toute facturation de produits et services médicaux relative aux diagnostics, aux examens, aux soins et aux traitements dans les cabinets de médecins et dans les établissements de santé qu’ils soient publics ou privés, et ce, pour toutes et tous, y compris pour les personnes nouvelles immigrées et migrantes.

© L’arrêt et l’interdiction de mettre en place toute nouvelle participation du privé au financement et à la prestation de services publics de santé. Nous voulons des services publics de qualité assurés par l’État en tant que garant des droits universels.

Plus spécifiquement, en matière de droit à l’éducation, nous demandons :

© L’arrêt immédiat des frais exigés aux parents pour les élèves du préscolaire, du primaire et du secondaire ainsi que le gel des frais de scolarité au collégial et à l’université.

© Un régime de prêts et bourses qui permettent une couverture adéquate des frais de subsistance et la fin de la comptabilisation des pensions alimentaires pour enfants dans les revenus des parents-étudiants.

© De mettre en place des modalités permettant, à terme, la fin du financement public des écoles privées, en favorisant l’intégration progressive des écoles privées au système public d’éducation, dans le plein respect du personnel impliqué.

Plus spécifiquement, en matière de droit à l’eau, nous demandons que l‘Assemblée nationale du Québec interpelle le gouvernement canadien afin qu’il reconnaisse que l’eau est un droit fondamental qui doit être exclu de l’ALÉNA.

Plus spécifiquement, en matière d’énergie éolienne, nous demandons la nationalisation de l’énergie éolienne.

Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter la section suivante de notre site : http://www.ffq.qc.ca/luttes/marche-mondiale-des-femmes/champs-daction/revendications-et-outils-3/

Cet été, en prévision du rendez-vous de la Marche cet automne, la FFQ a mis périodiquement de l’avant diverses préoccupations et revendications de la Marche mondiale des femmes sur le site Internet.


« Le néolibéralisme est une théorie économique selon laquelle le marché, libéré de toute contrainte et laissé à lui-même, réglerait tous les problèmes que la société rencontre tant au niveau local que mondial. Cette théorie économique a profité de la mondialisation pour s’étendre à toute la planète. Le phénomène se nomme : la globalisation. Les néolibéraux sont hostiles à la plupart des interventions de l’État dans l’économie (sauf s’il s’agit de l’armée ou de la police). Ils sont pour le libre-échange entre les pays, sans tenir compte des inégalités des richesses qui faussent le jeu. Ils sont contre les syndicats et les lois qui favorisent le droit d’association. Ils considèrent les dispositifs de protection sociale (assurance hospitalisation, assurance-chômage, aide sociale, assurance maladie, etc.) qu’offre l’État comme un vol dont ils sont victimes. Ils veulent réduire les impôts. Les néolibéraux croient que l’État est un frein au développement. Ils soutiennent que la réglementation est un obstacle à l’efficacité et à la rentabilité. » Réf. : ATTAC-Québec, Le néolibéralisme : le vol organisé du bien commun, Les fascicules des BIC (Brigades d’information citoyenne), 2005.

ATTAC-Québec, Le néolibéralisme : le vol organisé du bien commun, Les fascicules des BIC (Brigades d’information citoyenne), 2005.

C’est le cas, entre autres, lors de la création du nouveau fonds de 400 millions de dollars sur dix ans, en partenariat avec la Fondation Chagnon, visant à intervenir auprès des « jeunes enfants en situation de vulnérabilité ». En effet, bien que d’importantes sommes d’argent proviennent de sources privées (25 millions), un important pourcentage des sommes investies provient également de fonds publics (15 millions) puisés à même les poches des contribuables. Dans cette perspective, ne serait-il pas juste et raisonnable que l’élaboration des programmes et les objectifs qu’ils veulent poursuivre ne soient pas laissés exclusivement à la discrétion des partenaires privés ? On a beau affirmer que les orientations du Fonds pour le développement des jeunes enfants sont en concordance avec la mission du ministère de la Famille, il n’en demeure pas moins que, comme ce sont les familles pauvres qui sont prioritairement visées par les interventions qu’on entend mettre de l’avant, le ministère manque à sa responsabilité de répondre aux besoins de l’ensemble des familles québécoises par l’universalité de ses mesures. Pour sa part, la mission de la Fondation Chagnon est claire : elle vise notamment à « contribuer au développement et à l’amélioration de la santé par la prévention de la pauvreté et de la maladie ». Or, le fait d’associer la pauvreté à la maladie plutôt que de travailler à l’élimination de ses causes structurelles, n’est-il pas en soi une orientation ?

Issues d’une minorité visible.

COALITION FÉMINISTE POUR UNE TRANSFORMATION DU SYSTÈME DE SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX, Pour des services sociaux et de santé adaptés aux attentes des femmes, Cahier de revendications, 1998, p. 9.

Depuis quelques années, nous voyons une prolifération de programmes visant à intervenir de plus en plus tôt auprès des familles et des enfants vivant un « contexte de vulnérabilité ». Les familles monoparentales à faible revenu sont parmi les premières à être ciblées par ce type d’intervention. Rappelons que 80 % des chefs de famille monoparentale sont des femmes. Ces femmes sont ciblées comme étant des mères potentiellement défaillantes, ce qui pourrait être susceptible d’engendrer des comportements déviants chez leurs enfants lors de leur adolescence ou un manque de maturité scolaire chez leurs jeunes enfants. Cette vision nie l’existence de déterminants sociaux et remet la responsabilité de la pauvreté sur les femmes et les familles. On peut se demander aussi, comment cette intervention affectera la qualité de ce que la mère veut transmettre à son enfant (valeurs, projections symboliques, ainsi que les normes qui donnent un sens et des points de repère à la vie) ? Comment l’enfant considérera-t-il sa mère rétrospectivement ? Comme une mère défaillante, dépendante ou une mère responsable ?

Près d’une centaine d’organisations communautaires, étudiantes, syndicales, féministes et écologistes ayant des assises dans toutes les régions du Québec ont formé la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics afin de faire reculer le gouvernement Charest qui prévoit s’attaquer au déficit par la hausse des tarifs et par la compression des dépenses. www.nonauxhausses.org

Faire de l’éducation publique la priorité nationale du Québec, Manifeste endossé par onze organisations syndicales et étudiantes du réseau de l’Éducation, novembre 2008