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Cancun

Les bons élèves sont au Sud !

mardi 30 novembre 2010, par Daniel Tanuro

Le constat est là : les engagements des pays dits « en développement » sont en phase avec les mesures à prendre pour ne pas trop détraquer le climat, ceux des pays développés ne le sont pas.

Rappel : selon le GIEC, pour ne pas trop dépasser 2°C de hausse de la température du globe d’ici 2100, les pays développés doivent réduire leurs émissions de 80 à 95% d’ici 2050 (par rapport à 1990), tandis que les pays dits « en développement » doivent prendre des mesures pour que leurs émissions diminuent de 15 à 30% par rapport aux projections « business as usual » (BAU). Comme ces projections sont basées sur des modèles climatiques qui n’intègrent pas les phénomènes non linéaires (par exemple, désintégration des calottes glaciaires), le principe de précaution recommande de choisir les objectifs les plus drastiques.

Le soit disant « accord » conclu dans les coulisses de Copenhague à l’initiative des Etats-Unis, de la Chine, de l’Inde, de l’Afrique du Sud, et auquel l’Union Européenne et le Japon se sont ralliés, stipulait que chaque pays communiquerait son « plan climat » au secrétariat de la Convention cadre des Nations unies sur le Climat (UNFCCC). La plupart des pays se sont exécutés. Sur base des informations communiquées, on a estimé que la hausse de température d’ici 2100 avoisinerait 4°C… Une catastrophe !

Une autre information intéressante à tirer de ces plans est la ventilation des efforts entre pays capitalistes développés et « en voie de développement » : les premiers s’engagent globalement à réduire leurs émissions de 15% environ ; les seconds prévoient que leurs émissions dévieront de 25% par rapport aux prévisions BAU. En d’autres termes : le Sud réalise presque le maximum de l’effort nécessaire, tandis que le Nord n’atteint même pas le minimum, alors que sa responsabilité historique dans le réchauffement est écrasante !

Le détail des engagements de différents pays d’ici 2020 est également très instructif. Les USA, responsables de 14,3% des émissions, ont communiqué un objectif de 17% de réduction par rapport à 2005 (alors que leurs émissions ont augmenté de 30% depuis 1990 !). Il ne sera pas réalisé, le Sénat n’ayant pas adopté la loi sur le climat proposée par Barack Obama. Le Canada s’engage aussi pour 17%. L’Australie a communiqué un objectif vague, compris entre 5 et 25% de réduction. L’UE, comme on le sait, s’engage pour 20%. Le seul pays développé à respecter –de justesse- les chiffres du GIEC est le Japon, qui s’engage pour 25%.

L’image est bien différente du côté des pays du Sud. Chine : 40 à 45% de réduction par l’amélioration de l’efficience énergétique. Brésil : 36 à 39%. Inde : 20 à 25%. Indonésie : 26%... Certes, il s’agit ici de réductions relatives, tandis que les pays développés doivent réduire leurs émissions absolument. N’empêche que le constat est là : les engagements des pays dits « en développement » sont en phase avec les mesures à prendre pour ne pas trop détraquer le climat, ceux des pays développés ne le sont pas.