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Une année très importante pour le devenir de la révolution bolivarienne

vendredi 20 janvier 2012, par Mario Gil

Il semble que pour les grands médias, les grands problèmes de pauvreté et d’inégalité sont plus importants dans les pays dissidents de l’empire que chez leurs amis.

Au Venezuela, sur la scène politique, on trouve d’une part une opposition qui a commencé sa campagne depuis juin 2011, et d’autre part un gouvernement qui accélère le rythme pour obtenir des résultats et combattre les problèmes qui jouent contre lui comme l’insécurité, la pauvreté, la corruption et l’inefficacité de l’État dans certains dossiers.

Quoi qu’il en soit, cette année, la révolution bolivarienne sera confrontée soit à la consolidation du processus socialiste soit à sa défaite. Le tout se joue de mon point vue sur deux plans : les alliances internationales assurant la défense du pays et la dynamique politique interne visant à gagner les masses dans un possible moment de déstabilisation.

Un premier axe : l’importance des relations internationales

Du côté des relations internationales, trois éléments semblent importants : - d’abord ses relations avec ses voisins, ses relations avec Khadafi et enfin ses relations avec les gouvernements religieux autoritaires comme ceux d’Iran et de la Syrie.

La diplomatie de Chavez avec la Colombie a réussi à calmer ses opposants d’outre-frontière. Ce fait a été consolidé par les coups donnés par l’armée vénézuélienne aux FARC afin de montrer sa fidélité aux accords de non-agression avec Santos.

Cette année, la naissance de la CELAC, organisme qui regroupe les pays du continent à l’exception du Canada et les États-Unis, est, en grand partie, le produit de la diplomatie unitaire du Venezuela durant ces douze dernières années. Cette politique a été initiée avec l’ALBA en 2002, Petro-Caribe et UNASUR dernièrement. Sans compter les constantes démarches diplomatiques pour intégrer le MERCOSUR. Les relations du Venezuela avec ses voisins sont peut-être excellentes aujourd’hui mais il reste qu’on peut se demander qui serait prêt à s’embarquer dans un conflit de grande envergure si une invasion étrangère comme celle qui a eu lieu en Libye se produisait ? Et qui serait prêt à favoriser la chute du gouvernement venezuelien ?

Le Venezuela a été très critiqué pour sa position en faveur de Kadhafi et pour son appui aux gouvernants religieux et autoritaires comme ceux l’Iran et la Syrie. Mais ce genre d’appui n’est pas anodin. Chavez sait bien que ces appuis sont des votes à l’OPEP, à l’ONU et des échanges de technologies et d’informations... Dans la dynamique globale, le Venezuela est un petit pays en comparaison de la Chine ou de la Russie, mais ses alliances et ses positions face aux conflits internationaux font peur à l’empire.

Aujourd’hui, ce petit pays joue un rôle très important dans la dynamique du conflit global pour le pétrole et pour les ressources naturelles puisqu’il compte avec la plus grande quantité des réserves de pétrole de la planète avec 296 500 millions de barils face à l’Arabie-Saoudite qui a 262 700 millions. Ces faits font du Venezuela une cible pour l’occident qui vise à contrôler des ressources naturelles en réponse aux crises que les pays occidentaux sont en train vivre face à la volonté de la Chine de s’assurer un contrôle de plus en plus important des matières premières.

Il se peut que les déclarations de Chavez ne soient pas les meilleures dans un monde plein d’injustices et de dictatures, mais la construction de nouveaux pôles de pouvoir peut virer en faveur des socialistes dans des rapports de force plus équilibrés, tandis que jamais cela ne va arriver tant que s’imposera l’hégémonie états-unienne.

Un deuxième axe : la dynamique interne au Venezuela

L’opposition se prétend forte suite à son avancée aux dernières élections législatives. Elle se présentera à la présidentielle dans un front unitaire regroupant les différents partis de la droite et de l’ancienne gauche ainsi que certains dissidents du chavisme. L’opposition regroupe des gouverneurs, des maires, des parlementaires, de gros capitalistes et des actionnaires des grands medias du Venezuela, ainsi que d’anciens guérilleros qui, aujourd’hui, légitiment le capitalisme comme option politique.

Durant les dernières élections, les socialistes ont perdu l’État de Miranda et la mairie de Caracas, deux défaites importantes car elles se sont produites près du Palais de Miraflores. L’opposition fait campagne depuis juin de 2010. Elle se présente dans chaque tragédie comme les inondations, elle organise des événements publics et elle mène le débat à la télévision. Mais avant tout, elle démontre des positions claires contre le socialisme et pour la défense de la propriété privée et du capitalisme.

Plusieurs membres de l’opposition font des voyages à Washington et des entrevues à CNN en espagnol. Dans ces campagnes, elle essaie de montrer un visage populiste et elle mousse sa générosité envers les pauvres. Un analyste de la droite a signalé que la droite essaie de ressembler plus à Chavez que Chavez lui-même. Par ailleurs, ce sont des gens qui ne semblent pas avoir beaucoup de stratégies politiques. Les medias pro-gouvernementaux mettent cela en évidence de façon continuelle. Bien que la population continue à privilégier les médias privés plutôt que les médias du secteur public.

Dans le camp des partis de gauche, on retrouve aussi des problèmes graves qui minent la confiance de la population à leur égard. Si ce n’est Chavez, le PSUV -le parti de Chavez- a perdu beaucoup de légitimité à cause de sa bureaucratisation et de sa corruption. C’est la raison par laquelle a été lancé le Grand Pôle Patriotique, le GPP, afin de pouvoir combattre au bénéfice du parti en favorisant la liaison entre les bases et le gouvernement. Cette politique est sûrement un mécanisme de gestion populaire de la politique, mais le rapport de force à l’intérieur va déterminer le chemin qu’il va prendre.
De son côté, Chavez est en train d’installer toutes sortes de missions pour s’attaquer aux grands problèmes qui persistent après 12 ans de révolution. On trouve deux missions fondamentales, la mission « vivienda Venezuela » et la mission « Agro venezuela » et trois autres qui s’occupent du travail, des personnes âgées et des familles pauvres. Ces missions fournissent un montant mensuel pour les enfants et des appuis financiers aux mères monoparentales. Pour celui qui connaît l’Amérique latine, on sait aussi qu’il n’y a personne qui reçoit quoi que ce soit s’il ne fait rien.

La réussite du gouvernent reposera sur la possibilité de faire percevoir à la population des acquis chaque fois plus concrets et sur sa capacité à faire voir et comprendre des informations favorables sur le Venezuela comme la diminution de la pauvreté de 20 points durant les dix dernières années ou la politique de protection des réserves pétrolières et de leur rentabilité. C’est de cela que va dépendre la consolidation du socialisme du XXI siècle, qui, pour la première fois en 12 ans, va présenter à la population aux élections une option socialiste face au capitalisme défendu par l’opposition.