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Journée internationale des femmes, 8 mars 2003

Déclaration de la Confédération Mondiale du Travail

dimanche 9 mars 2003


Des bruits des bottes, des intérêts mal déguisés ouvrant la voie à la guerre, …sont la toile de fond de cette journée internationale des femmes, version 2003.

En cette journée symbolique de cette année morose, nous ne pouvons nous empêcher de faire un bilan sur le chemin que nous avons parcouru en termes de conquête de droits, en termes d’application et de respect de ces droits, et en termes d’égalité entre les hommes et les femmes.

De ce bilan il découle que la pauvreté continue à augmenter et que les femmes représentent toujours une grande majorité parmi les plus pauvres. Comme conséquence directe de la pauvreté des femmes, le travail des enfants n’a pas diminué. Les droits acquis ne sont pas toujours appliqués ni même applicables car nombreux sont encore les Etats qui n’ont pas ratifié les conventions fondamentales relatives à la non-discrimination (100 et 111 de l’OIT). Et que dire de la Convention 183 (OIT) sur la protection de la maternité qui n’a été ratifiée que par 4 pays, presque 3 ans après son adoption. Ces soupapes de protection font défaut et laissent trop de femmes en dehors des filets de sécurité élémentaires. Or, dans le contexte de néolibéralisme sauvage dans lequel nous évoluons, dans le contexte où les femmes représentent une valeur sûre pour l’accumulation, les discriminations à l’égard des femmes s’accentuent.

Ce constat ne désarme pas les femmes. A travers le monde elles agissent et se battent pour construire un monde meilleur. Les formes que ces luttes prennent sont certes différentes mais l’objectif est commun. Les femmes ont toujours été convaincues qu’un autre monde est possible et qu’il était nécessaire et possible de construire un mouvement irréversible pour mondialiser les luttes et les solidarités contre la pauvreté, la violence et les discriminations à l’égard des femmes : la Marche mondiale des femmes en a été un résultat palpable de cette conviction ainsi que la grande participation des femmes au Forum social mondial de Porto Alegre. La CMT tient à honorer la lutte des toutes les femmes du monde, leur courage, leur détermination et leur humanité pour la construction d’un monde plus juste. La CMT reconnaît que pour le mouvement syndical la participation des femmes aux décisions est une exigence si l’on veut que la justice, la démocratie soient le fil conducteur du fonctionnement de nos organisations et de nos sociétés.

Les femmes disent non à la guerre

La guerre est synonyme de mort, les femmes synonymes de vie : comment les femmes pourraient-elles appuyer une logique qui détruit ce qu’elles engendrent ?
En cette journée importante pour les femmes, la CMT voudrait rappeler que celles-ci ont payé un lourd tribut aux guerres qui ont fait rage dans nombreuses régions du monde ces dernières années.

En cette journée importante, les femmes syndicalistes veulent faire écouter leur voix à propos de la situation qui prévaut au Proche-Orient car ce qui s’est passé autour de cette région nous concerne tous et toutes quelle que soit la latitude dans laquelle on se trouve.

Avant tout, notre pensée et solidarité vont particulièrement vers les femmes palestiniennes qui depuis de nombreuses années souffrent parce qu’elles et les leurs sont en première ligne de la mort, de la pauvreté et parce que dans un contexte d’asphyxie économique elles doivent inventer et réinventer des stratégies pour répondre aux besoins élémentaires de leurs familles, pour nourrir leurs enfants, pour nourrir l’avenir de la Palestine que représentent ces enfants.

En cette journée, nous ne pouvons pas non plus nous empêcher de penser à toutes ces femmes irakiennes qui depuis trop longtemps voient mourir leurs enfants, impuissantes devant le manque de médicaments, résultat de l’embargo imposé par la loi du gendarme du monde. Nous pensons à ces femmes qui, jour après jour, vivent avec la peur dans le ventre, la peur de voir les bombes retentir au cœur de ce qui fut le berceau de la civilisation arabe, au cœur de leurs maisons, de leurs écoles, …

En cette journée internationale des femmes, nombreuses sont les questions que l’on se pose, par rapport aux grandes orientations que l’on voit se dessiner, par rapport aux principes et logiques des grandes décisions.

De la réponse à ces questions naissent des convictions :

Nous, les femmes, n’adhérons pas aux convictions belliqueuses de certains pays qui foulent aux pieds les règles élémentaires de justice et des décisions des institutions internationales créées, en principe, pour garantir la paix et la sécurité.

Nous, les femmes, ne cautionnons pas que des femmes et des enfants paient à nouveau le plus lourd tribut d’un conflit qu’ils n’ont ni choisi, ni demandé, ni provoqué.

Nous, les femmes, n’ignorons pas que l’Irak, comme l’Afghanistan, n’intéresse que pour des raisons bassement économiques et stratégiques.

Nous, les femmes, n’ignorons pas non plus que des armements à haute technologie vont s’en prendre à une population affamée et affaiblie par douze longues années d’un embargo dicté par l’Occident.

Nous, les femmes, ne croyons pas en l’élan humaniste de certains dirigeants politiques qui prétendent protéger le monde entier du danger irakien et libérer un peuple de la dictature mais qui, dans le même temps, donnent leur bénédiction à d’autres tyrans.

Nous, les femmes, n’avalisons pas une politique à géométrie variable qui, une fois de plus, conduit l’Europe à faire preuve de manque de maturité politique et les pays arabes à ne pas bouger d’une babouche pour protéger la souveraineté d’un pays frère.

Alors, les femmes syndicalistes du monde entier disent NON à la guerre ! Définitivement NON !

Les femmes syndicalistes du monde entier, tout comme leur organisation, la CMT, condamnent toutes les violences, les guerres, les dictatures et défendent la paix en tant que fruit du développement, de la justice et de la démocratie.

Déclaration de la Confédération Mondiale du Travail