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La partie est loin d’être gagnée

il faut se mobiliser pour qu’une vraie proportionnelle soit en vigueur dès les prochaines élections

dimanche 26 octobre 2003

Suite à une saga remontant aux années 1970, une mobilisation citoyenne, qui a pris la forme d’une large coalition en faveur d’une réforme en profondeur du mode de scrutin, a permis de franchir un pas important vers l’instauration d’un scrutin proportionnel au Québec. Grâce à l’action de cette dernière, on est passé de l’espoir à une possibilité concrète lorsque le premier ministre Charest s’est engagé à respecter la promesse faite par Parti libéral d’effectuer cette réforme « dans les deux premières années du mandat de son gouvernement » en précisant qu’il présenterait, le printemps prochain, un projet sur cette question à l’Assemblée nationale.

Cette annonce en a convaincu plusieurs que la lumière pointait enfin au bout du tunnel. Ce n’était pas trop tôt après plus de deux siècles à subir les effets pervers du scrutin majoritaire uninominal à un tour dont les aberrations antidémocratique se sont avérées pires au Québec qu’ailleurs. Mais on a dû déchanter lorsque le ministre responsable du dossier, Jacques Dupuis, après avoir pris acte du consensus social « très important » existant en faveur d’un scrutin proportionnel, a effectué un volte-face en disant qu’il ne fallait pas s’attendre à ce que la réforme soit en vigueur lors des prochaines élections prévues pour 2007.

Ce dernier a également refusé d’accéder à la demande formulée par l’UFP pour qu’il présente son projet de loi dès cet automne afin que l’implantation du nouveau mode de scrutin puisse, à coup sûr, se faire à temps pour le rendez-vous électoral. C’est donc dire que les libéraux s’apprêtent à renvoyer l’instauration du scrutin proportionnel aux calendes grecques et que la saga risque de se poursuivre encore longtemps. Les libéraux entendraient-ils imiter les péquistes dans ce dossier ? On se souvient que ces derniers ont inscrit cet engagement à leur programme dès 1969, mais qu’ils l’ont mis de côté pendant les 17 ans et demi où ils ont exercé le pouvoir.

Le report libéral est évidemment cousu de fil blanc lorsqu’on constate à quel rythme infernal le gouvernement libéral met en oeuvre, sans consensus social, une politique de réingénierie de l’État inspirée de la plus pure orthodoxie néolibérale.

Le contenu de la « révision » envisagée par les libéraux soulève aussi beaucoup d’appréhensions en ce qui a trait aux objectifs d’équité et d’égalité poursuivis par les tenants d’une véritable proportionnelle. L’UFP favorise une proportionnelle de type régional parce que cette formule serait « mieux adaptée aux besoins du Québec », mais le ministre Dupuis songe plutôt à un système mixte de type compensatoire. L’UFP ne s’y oppose pas en autant qu’il adopte une formule où, comme en Allemagne, les distorsions causées par le scrutin majoritaire sont entièrement corrigées par la compensation effectuée grâce au scrutin proportionnel.

Divers indices laissent toutefois prévoir que le gouvernement se contentera d’une proportionnelle à rabais où seuls les partis ayant obtenu au moins 15 % des votes pourraient être assurés d’une représentation équitable à l’Assemblée nationale. La réforme équivaudrait ainsi à une simple opération cosmétique qui continuerait à favoriser les trois partis déjà en place. Adieu donc au développement d’une formation de gauche permettant aux forces progressistes d’occuper éventuellement la place qui leur revient sur l’échiquier politique québécois.

Dans cette conjoncture peu encourageante, aggravée par le fait que l’opposition péquiste ne joue pas son rôle de chien de garde parce qu’elle est, comme dans bien d’autres dossiers cruciaux, sur la même longueur d’onde que les libéraux, l’Union des forces progressistes estime qu’il est grandement temps de passer à l’action. Elle lance une campagne qui, dans une première étape, se traduira par une tournée d’information dans toutes les régions où le parti est implanté. Les militants et militantes rencontrés y seront invités à proposer des moyens d’action visant à déboucher promptement sur une mobilisation de masse qui donnera lieu à des actions menées conjointement, souhaitons-le, avec d’autres groupes poursuivant des objectifs semblables à ceux de notre parti.

L’histoire le prouve : toutes les conquêtes démocratiques importantes n’ont pu survenir qu’au prix de luttes politiques ardues. Le Québec ne fait pas exception.

C’est le temps de passer à l’action !