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Appel de l’assemblée européenne pour les droits des femmes :

"Avec les femmes, pour une autre Europe"

dimanche 23 novembre 2003

L’assemblée européenne pour les droits des femmes, réunie à Bobigny mercredi 12 novembre, a adopté un texte intitulé "Avec les femmes, pour une autre Europe". L’"Appel de l’assemblée des acteurs des mouvements sociaux" que nous reproduisons ici.

Venues de toute l’Europe et aussi d’autres continents, plus de 3 000 femmes réunies le 12 novembre à Bobigny ont débattu de leurs conditions de vie, échangé leurs expériences de lutte et de résistance.

Nous nous élevons contre l’Europe machiste, sexiste, patriarcale et discriminatoire. Nous dénonçons le traité constitutionnel :

Il ignore l’égalité entre hommes et femmes. Le traité constitutionnel doit reconnaître l’égalité entre les hommes et les femmes comme une valeur identitaire.

Il se prête à une offensive qui vise à introduire l’héritage chrétien alors que celui-ci s’est affaibli au cours du dernier siècle. Ce qui est en jeu, c’est l’ensemble des conquêtes des femmes sur le terrain des libertés et notamment du droit de choisir, de divorcer, de travailler... Céder à ces pressions accentuerait le poids du patriarcat.

Il grave dans la pierre des positions libérales basées sur "le respect d’une économie de marché où la concurrence est libre". Cela signifie la disparition de l’Etat-providence et la remise en question des services publics.

Il prétend développer une politique de défense commune en étroite collaboration avec l’Otan, ce qui entraînera encore un peu plus les Etats de l’Union européenne dans une politique militariste.

Nous nous élevons contre :

l’Europe forteresse des accords de Schengen qui, par des options sécuritaires, interdit la circulation des personnes et mène une politique qui pénalise, exclut et rejette dans la clandestinité les immigrés, particulièrement les femmes ;

une Europe qui, par les politiques libérales, appauvrit toujours plus les femmes, renforce les inégalités professionnelles et le temps partiel imposé, licencie, et où les pensions et retraites des femmes sont très faibles, quand elles ne sont pas inexistantes ;

une Europe qui se tait sur les violences faites aux femmes, la marchandisation des corps et l’esclavage moderne ;

une Europe qui intervient dans ou soutient les guerres menées dans le monde entier.

Nous, femmes réunies ce 12 novembre en ouverture du Forum social, affirmons qu’une autre Europe est possible :

une Europe de la paix, démilitarisée et qui refuse la guerre comme solution aux conflits internationaux ;

une Europe des droits humains, économiques et sociaux ;

une Europe qui développe l’ensemble des services publics, notamment les services aux personnes, assumés majoritairement par les femmes ;

une Europe où les femmes fassent entendre leur voix et participent à égalité à la prise de décision ;

une Europe de la libre circulation des personnes, qui reconnaisse une citoyenneté pleine et entière à toute personne vivant sur le territoire ;

une Europe où les femmes disposent librement de leur corps, par l’avortement et la contraception libres et remboursés ;

une Europe qui respecte l’orientation sexuelle ;

une Europe laïque, qui s’oppose à la montée des intégrismes religieux et assure l’application et les progrès des droits fondamentaux et humains des femmes ;

une Europe qui garantisse le droit à un emploi et un salaire décent, avec l’arrêt des politiques qui accompagnent le temps partiel.

Pour imposer cette Europe, nous proposons de mener des campagnes autour des axes définis dans les six ateliers : "Femmes et guerres", "Travail, précarité et pauvreté", "Violences", "Droits sexuels et reproductifs", "Femmes migrantes, actrices d’une autre Europe", "Femmes et pouvoir : enjeux pour une autre Europe".

Ces campagnes s’inscrivent dans les luttes menées par l’ensemble des mouvements sociaux pour une Europe des droits sociaux et de l’égalité.

Les luttes et les revendications des femmes ne sont pas "spécifiques" ; bien au contraire, elles sont au coeur des luttes contre la mondialisation libérale :

parce qu’elles concernent l’ensemble des femmes comme des hommes ;

 parce qu’elles questionnent les bases mêmes de l’organisation patriarcale et capitaliste.

(tiré du site du POS -Belgique)