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En 2004, il faut mener de front la lutte aux politiques néolibérales du gouvernement Charest et la construction d’une alternative progressiste

Paul Cliche

dimanche 4 janvier 2004

Pour les membres de centaines de groupes sociaux et de l’ensemble du mouvement syndical, l’année 2004 en sera probablement une de mobilisation pour combattre les politiques néolibérales de gouvernement Charest. La solidarité citoyenne se forgera dans des luttes qui devraient connaître une ampleur sans précédent depuis celles qui, au Québec, ont marqué le début de la décennie soixante-dix.

Mais, parallèlement à ce mouvement de résistance de la société civile, 2004 devrait aussi être l’année où le chantier de la construction d’une alternative politique progressiste devrait connaître une accélération significative. Il serait plutôt invraisemblable, en effet, qu’un mouvement de résistance aussi généralisé aboutisse à reporter au pouvoir un Parti québécois usé qui n’a plus de projet de société mobilisateur à proposer. Ce parti dont les politiques gouvernementales ont directement tracé la voie au projet de réingénierie de l’État des libéraux. Le récent essai du sociologue Jacques B. Gélinas sur le basculement à droite de la classe politique québécoise documente d’ailleurs bien et établi un bilan éclairant de cet épisode crucial où, paradoxalement, c’est une formation politique se targuant d’ être sociale démocrate qui a agi comme le chef de file du libre-échange à l’américaine avant de se coincer dans une logique néolibérale qui lui colle toujours à la peau.

Au sortir du régime duplessiste, à la fin des années cinquante, puis au lendemain de la révolution tranquille, au cours de la décennie soixante-dix, les électeurs et électrices progressistes ont contribué à porter au pouvoir les partis réformistes de l’heure (libéral puis péquiste). Ces derniers n’ont pas tardé à les décevoir par la suite, mais plusieurs en sont demeurés indéfiniment les otages politiques faute d’alternative assez crédible à leurs yeux.

Lors des prochaines élections, le Québec sera arrivé à une autre croisée de chemins historique. L’électorat se verra alors offrir le choix entre les trois partis idéologiquement jumeaux qu’on retrouve aujourd’hui à l’Assemblée nationale et une véritable alternative politique. La fondation de l’Union des forces progressistes (UFP) qui, il y 18 mois a marqué l’unification des principaux éléments de la gauche politique, devrait alors commencer à se faire sentir ses effets de façon significative sur la composition de l’échiquier politique.

Depuis sa naissance, la jeune formation a connu une croissance soutenue en recrutant surtout dans les rangs des militants altermondialistes et dans le milieu étudiant. Elle commence aussi à attirer l’attention de plusieurs militants syndicaux. Le fait que l’UFP soit le seul parti québécois à rejeter carrément l’idéologie néolibérale lui confère une force d’attraction considérable chez celles et ceux, de plus en plus nombreux, qui veulent rendre un autre Québec possible. Le dynamisme de l’UFP provient en bonne partie du fait qu’il se définit aussi bien comme un parti de la rue participant aux luttes de ses alliés sociaux qu’un parti des urnes voué à l’action électorale.

La campagne qu’il mène présentement en faveur de l’implantation d’un scrutin proportionnel d’ici les prochaines élections, en plus de lui assurer une visibilité appréciable dans plusieurs régions, lui amène aussi beaucoup de crédibilité. Tous les partis se sont prononcés en faveur de l’adoption rapide d’une telle réforme visant à réduire le déficit démocratique, mais l’UFP est le seul qui préconise un mode de scrutin faisant en sorte que chaque vote puisse compter et que la composition de l’Assemblée nationale respecte fidèlement la volonté populaire exprimée par le choix des électeurs et des électrices.

Par ailleurs, c’est un secret de polichinelle qu’un fort contingent de militantes et militants issus du collectif d’éducation politique D’abord Solidaires, dont Françoise David est la principale figure de proue, devrait annoncer son implication dans l’action politique partisane d’ici quelques mois. Si l’UFP et le nouveau groupe réussissaient à s’entendre pour unir leurs forces on pourra dire que la construction d’une alternative politique progressiste aura franchi un pas considérable en 2004.

Paul Cliche, membre fondateur de l’UFP