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Qui est Paul Martin ?

lundi 24 mai 2004, par Bernard Rioux

Le 12 décembre 2003, Paul Martin devient officiellement le premier ministre du Canada. Le 23 mai, il déclenche les élections fédérales. Qui est ce personnage qui cherche à faire légitimer son pouvoir à la tête de l’État canadien ?

Si on se fie à l’histoire du personnage, son accession au pouvoir n’annonce rien de bien pour la majorité de la population canadienne. Car, en fait, qui est donc Paul Martin ?

Un accumulateur calculateur

Paul Martin a fait ses classes chez Power Corporation durant les années 60 et 70. Président de la Canada Steamship Lines à l’âge de 35, il a diversifié ses avoirs et a élargi sa fortune. Aujourd’hui, cette dernière est estimé à 700 millions de dollars. Il a récemment cédé la responsabilité de ses entreprises à ses fils et à sa femme. C’est là s’acheter une respectabilité à peu de frais. Il est vrai que Paul Martin n’a jamais été très pointilleux sur ces questions.

Un ancien ministre des finances insensible au sort des plus démuni-e-s

Carriériste conséquent et fils d’une famille de politiciens libéraux, Paul Martin se lance en politique en se présentant au poste de chef du Parti libéral du Canada au début des années 90. Il est alors défait par Jean Chrétien. Mais, il deviendra bientôt son ministre des finances.

Comme ministre des finances Paul Martin s’est révélé un néolibéral insensible n’hésitant pas à couper dans les dépenses sociales, à s’accaparer des surplus du fonds de l’assurance-chômage pour effacer le déficit de l’État fédéral. C’est près de 30 milliards de dollars qui ont été ainsi détournés de cette caisse. Il s’est attaqué aux revenus des chômeurs et des chômeuses et a diminué et leurs possibilités d’accéder à l’assurance chômage. Seuls 4 chômeurs et chômeuses sur 10 ont maintenant accès à l’assurance-chômage. C’est un recul considérable qu’il a ainsi imposé aux plus démuni-E-s. Il a diminué les transferts fédéraux aux gouvernements provinciaux et tout en faisant pression sur ces derniers pourqu’ils diminuent leurs dépenses sociales.

Le chef de la caste mandarinale outaouaise

Si son passé est garant de l’avenir, il ne faut pas s’attendre à une amélioration de la situation de la majorité de la population canadienne avec Martin au pouvoir. Comme premier ministre, Paul Martin concentrera un pouvoir énorme et il sera le maître-d’œuvre de politiques concoctées par le Bureau du Premier ministre qui concentre l’ensemble du pouvoir de l’exécutif. Il est maintenant le chef de cette caste qui veille à la centralisation des pouvoirs dans l’État canadien et son utilisation pour le plus grand profit des élites économiques. .

Un défenseur inconditionnel des milieux d’affaires !

Paul Martin a annoncé les grandes lignes des politiques qu’il nous prépare. Le patronat jubile déjà. Après le déficit, Paul Martin veut maintenant s’attaquer à la dette tout en promettant des baisses d’impôt. Pour ce qui est de l’élargissement ds services à la population, ce ne sont pas ses priorités.

Un promoteur de la pauvre armée canadienne...

Paul Martin a déjà annoncé qu’il va augmenter les investissements dans les dépenses militaires. Son diagnostic : les forces armées canadiennes sont insuffisamment pourvues en effectifs, sous-financées et sous-équipées. Les dirigeants militaires et le complexe militaro-industriel canadien salivent déjà !

Un ami du président Bush

Bush, a-t-on pu lire, a applaudi à l’élection de Martin à la direction du Parti libéral du Canada. Et il a sans doute de bonnes raisons de se réjouir. En effet, Paul Martin a promis de faire du rapprochement politique avec l’administration américaine une de ses priorités. Des contrats militaires pour les entreprises américaines ne devraient pas nuire. Le soutien au projet de bouclier anti-missile du président américain devrait également aider à rapprocher les comparses. Le soutien a ce projet signifie la rupture avec la politique canadienne des dernières décennnies sur la non-prolifération des armes de destruction massive et l’alignement sur la positoin américaine en cette matière. Parmi les preuves de loyauté, Paul Martin proposerait la formation d’une force policière internationale pour mettre fin à la détérioration de la sécurité intérieure irakienne sans parler de la poursuite de l’engagement en Afghanistan.

Ce rapprochement conduit Paul Martin à envisager l’exploitation des sables butimineux du nord canadien afin de fournir les États-Unis en combustibles fossibles.

En prenant ses distances d’avec le protocole de Kyoto, Paul Martin s’assure d’aplanir une autre divergence importante avec l’adminitration américaine.

Un fédéraliste centralisateur

Paul Martin est un fédéraliste centralisateur. Les grands axes de ce centralisme s’inscrit dans la suite des principaux axes de l’Union sociale canadienne : reconnaissance de la légitimité du pouvoir fédéral de dépenser sans tenir compte des sphères de compétences fédérale ou provinciale ; envahissement des juridictions provinciales ; contrôle fédéral des politiques provinciales ; absence de droit de retrait des programmes décidés par Ottawa... C’est en suivant ces orientations centralisatrices que Paul Martin fait de l’intervention en éducation, en santé et en direction des municipalités, trois secteurs de compétence provinciale, des priorités de son action.

Un chauvin canadien

Ce centralisme s’articule à une politique de nation building dont un des principaux axes est la négation de la réalité nationale du Québec. Paul Martin a soutenu la loi sur la clarté qui nie le droit à l’autodétermination du Québec en fixant unilatéralement la tenue d’une référendum reconnu comme légitime. Toute sa politique s’inscrit dans une politique de normalisation du Québec visant à refouler ses aspirations nationales.

Paul Martin aspire à faire reculer les positions syndicales et populaires dans l’ensemble de l’État canadien. La droite canadienne (fusion de l’Alliance et des Conservateurs) se promet d’aller plus loin dans cette direction. On n’a pas à se payer d’illusions. Martin ne nous prépare rien de bon. Construire les alliances les plus larges pour résister aux offensives qui se préparent est la seule voie qu’il nous reste.