Par Hervé Do Alto le jeudi, 22 janvier 2009
Le processus constituant aura en effet survécu à d’innombrables tentatives de blocage, de la part d’une opposition prête à tout pour faire obstacle à un texte remettant en cause certains de ses privilèges.
Dans ce contexte, le calme qui caractérise la campagne référendaire actuelle est presque étonnant. Il n’est en définitive que le résultat de l’état de division dans lequel se trouve désormais la droite bolivienne. La stratégie de déstabilisation poursuivie par les élites liées aux groupes de pouvoir de Santa Cruz, qui trouva un épilogue tragique dans le massacre du Porvenir le 11 septembre dernier, a durablement scindé l’opposition en deux blocs. D’une part, une majorité qui se félicite du compromis scellé en octobre dernier avec le parti d’Evo Morales, le Mouvement vers le Socialisme (MAS), autour d’un texte constitutionnel fortement remanié. D’autre part, des secteurs radicaux qui se nient à tout dialogue avec le gouvernement et qui, au prix d’une marginalisation croissante, veulent encore croire à leur victoire dans les urnes.
À court d’arguments, les partisans du « NON » à la nouvelle constitution ont focalisé leurs attaques sur la place accordée par le nouveau texte à la religion catholique, dont le poids demeure prépondérant dans le pays. Avec la reconnaissance de tous les cultes sans distinction, et l’indépendance à l’égard de toute religion, l’État bolivien ne serait plus lié à l’Église romaine, comme c’est le cas aujourd’hui. La campagne de la droite sur les dangers de la « laïcisation » ne semble cependant guère avoir eu d’impact sur une population qui, d’après les sondages d’opinion – qui sous-estiment généralement le vote rural, largement favorable au MAS –, paraît largement acquise à l’adoption du nouveau texte.
La prise en compte des principales revendications de l’opposition dans la version finale du texte – telle l’autonomie départementale chère à Santa Cruz – a littéralement privé les secteurs les plus radicaux de toute munition contre un gouvernement qui apparaît plus que jamais comme le seul garant de l’unité nationale. La réception positive des déclarations tenues par Morales qui a menacé, le 12 janvier dernier, de recourir à des décrets dans le cas où le Sénat (où la droite est majoritaire) ferait barrage à l’approbation de lois permettant l’application concrète de la Constitution, est symptomatique de l’état d’esprit régnant actuellement en Bolivie. Si le texte est la cible de critiques de la part de certaines organisations sociales qui reprochent au pouvoir exécutif d’avoir cédé sur des points majeurs, telle la question agraire, son approbation apparaît néanmoins comme une étape nécessaire et incontournable vers la construction d’une autre Bolivie. Une Bolivie bâtie sur des principes d’égalité et de justice sociale, capable de faire respecter sa souveraineté contre les diktats des Etats-Unis et des multinationales.
De La Paz, Hervé Do Alto