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Le NPD fait-il le bon choix ?

vendredi 9 octobre 2009


Tiré de Presse-toi à Gauche
mardi 6 octobre 2009, par Ian Forand
Ian Forand est intervenant au Comité chômage de Montréal (CCM).


Endossé par le Conseil national des chômeurs et chômeuses

Jack Layton nous dit que « le choix pour le NPD est clair ». C’est vrai. En effet, face au projet de loi gouvernemental sur la prolongation des semaines de prestations, le NPD doit choisir entre se tenir debout ou avaler tout rond le mauvais plat de lentilles servi par les conservateurs. C’est bien de cela qu’il s’agit.

Le projet de loi C-50 présenté par le gouvernement conservateur le 14 septembre dernier est vicieux et il y a beaucoup d’escroquerie derrière cette prétention de prolonger les semaines de prestations. Les chiffres avancés par le gouvernement sont douteux (1 milliard de dollars et 190 000 chômeurs qui seraient touchés par la mesure) et il est bien malheureux de voir les porte-parole du NPD se rendre sur toutes les tribunes pour les défendre, non seulement sans recul critique, mais souvent en lieu et place des ministres du gouvernement, et s’appropriant même l’initiative (« j’ai demandé à Stephen Harper d’aider les chômeurs »).

Aider les chômeurs ?

Déjà depuis une vingtaine d’années, les gouvernements qui se succèdent au fédéral s’évertuent à faire de l’assurance-emploi un monstre à mille têtes, c’est-à-dire une loi complexe farcie d’exceptions et de mesures administratives à durée limitée. Les conservateurs, avec le projet de loi C-50, ont décidé d’en rajouter. Par exemple, ce projet de loi prendra fin le 11 septembre 2010 mais surtout il remplace un paragraphe de la loi [l’article 12(2)] qui fait quelques lignes par plus de trois pages d’exceptions de toutes sortes.

Le paragraphe de la loi 12(2) devient 12(2.1), 12(2.2), 12(2.3) et 12(2.4), faisant la différence entre le moment où la demande de chômage est déposée (4 périodes différentes) et établissant jusqu’à 6 types de prolongation possible selon le nombre d’années cotisées. Ainsi, le « 20 semaines de prolongation » ne serait octroyé qu’à ceux qui auront déposé leur demande de prestations avant le 5 juin 2010 et qui auront versé « au moins 30% de la cotisation ouvrière maximale pour un an pendant au moins douze des quinze années précédant le début de sa période de prestations ». Tous les autres recevront moins, et plus souvent qu’autrement, seulement cinq (5) semaines.

Surtout, sont exclus de la mesure tous les travailleurs qui auront reçu plus de 35 semaines de prestations au cours des 5 dernières années, c’est-à-dire tous les travailleurs saisonniers, tous les travailleurs précaires (temps partiel, occasionnel, tous ceux qui auront été victimes de ralentissements économiques et qui auront été mis au chômage ne serait-ce que pour une courte période de temps. Sont exclus aussi tous ceux par manque d’ancienneté sur le marché du travail, les plus jeunes par exemple.

Et on se retrouve avec une situation où certains se verront accorder quelques semaines de prestations supplémentaires alors que d’autres n’y auront pas droit, même s’ils sont du même lieu de travail, de la même usine, qu’ils habitent la même localité, sinon le même quartier.

Ce que nous comprenons

Nous comprenons que ce projet de loi divise les gens entre « bons » chômeurs et « mauvais » chômeurs, alors que les réalités du chômage, plus souvent qu’autrement, s’imposent aux gens en dehors de leur propre volonté. Nous comprenons aussi qu’aider les chômeurs en prolongeant la période de prestations aurait pu non seulement s’adresser à tous les prestataires mais éviter la voie législative. Nous comprenons donc que les conservateurs ne s’amusent qu’à imposer un petit jeu politique avec les partis de l’opposition et que cela se fait au détriment du monde. Nous comprenons aussi que les travailleurs plus âgés méritent mieux que ces quelques semaines de prestations supplémentaires discriminatoires mais un véritable Programme d’aide aux travailleurs âgés (PATA) que le gouvernement conservateur se refuse à rétablir.

Nous comprenons trop bien aussi que les chiffres avancés par les ministres Finley et Blackburn ne tiennent pas la route, ne serait-ce que parce que le milliard de dollars annoncé repose sur un calcul de la moyenne de prestations (348$) visant 190 000 chômeurs qui bénéficieraient presque du maximum de 20 semaines de prolongation, alors que le projet de loi est arrangé de façon à verser beaucoup moins que les 20 semaines promises. Sans compter que les exclus sont tellement nombreux qu’il est douteux qu’il puisse rejoindre 190 000 chômeurs.

Le NPD nous a habitué à mieux

Ne pas vouloir d’élections est une chose. Prétendre que le projet de loi C-50 va « aider les chômeurs en leur versant un milliard de dollars », qu’il s’agit de « voter en faveur de l’amélioration du régime d’assurance-emploi », qu’il s’agit d’un « choix responsable que d’appuyer une politique qui aidera des dizaines de milliers de Canadiens au chômage » en est une autre. Ceux qui connaissent la loi de l’assurance-emploi et son application, ceux qui ont combattu avec toute l’intégrité et la fougue que nous leur connaissons, et ils sont nombreux au NPD, savent que ce projet de loi est misérable et honteux pour notre population. Le NPD doit se ressaisir et faire le bon choix.