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40e élections fédérales : Ensemble contre le gouvernement conservateur

jeudi 16 octobre 2008, par Bernard Rioux

Le 16 octobre 2008

Avec 143 sièges, le Parti Stephen Harper est encore au pouvoir même s’il reste minoritaire. Face à un Parti libéral aux abois, il pourra continuer, durant les prochains mois, à mener ses politiques réactionnaires contre la majorité de la population canadienne. Cette situation pose à la gauche des défis importants.

Tiré du site presse-toi à gauche


Le gouvernement conservateur, un gouvernement illégitime

Plus de 60% de la population canadienne a voté contre un gouvernement conservateur et a rejeté ses politiques. Si on tient compte que la participation électorale a été de 59%, ce gouvernement a été élu, en fait, par une minorité des citoyennes et citoyens de ce pays. Mais Stephen Harper se retrouve avec 46% de la députation et pourra appliquer les politiques qui ont été rejeté par la majorité.

Peut-on avoir confiance au chef conservateur pour tenir compte de ces réalités et des aspirations de la population. Il faudrait être d’une naïveté innommable pour le croire. Si les grands partis néolibéraux ne réforment pas le mode de scrutin, c’est qu’ils en tirent avantage. Une représentation véritable des volontés de la population est la dernière de leur préoccupation. Et cela sans parler, que ce sont les partis tiers qui en subissent les pires préjudices. C’est pourquoi les voies du NPD sont sous-représentées et que les 940 000 votes du Parti Vert n’ont droit à aucune représentation

La crise du PLC sanctionnée par les élections

La crise du PLC est une crise d’orientation et une crise de direction. Elle s’est révélée dans toute son ampleur durant cette campagne électorale. Les Libéraux ont perdu 28 sièges. Cette dégringolade a permis en autres choses aux Conservateurs non seulement de rester en selle mais de consolider leur gouvernement. Le PLC se retrouve avec 77 député-e-s seulement et avec 27,3% des votes ce qui est, pour ce dernier taux, le pire résultat de son histoire.

La crise de direction va s’exacerber. Stéphane Dion va être éjecté de façon plus ou moins élégante. On peut s’attendre que le PLC sera en processus de reconstruction pour toute la prochaine année. Cela, c’est sans mentionner les problèmes financiers qui l’accablent. Dans une telle situation, il ne pourra même pas envisager de renverser le gouvernement conservateur ce qui donnera à ce dernier, une importante marge de manœuvre pour toute une période.

La performance du Bloc québécois exprime le refus des politiques conservatrices... dans de larges secteurs de la population

Au Québec, le Bloc a su maintenir le nombre de ses élu-e-s et incarner le refus de la vague conservatrice. Ses efforts ont réussi à donner une dimension identitaire à l’opposition au Parti conservateur et ont permis ainsi que ne se concrétise pas la percée conservatrice. Mais, ces succès du Bloc entravera-t-il vraiment les possibilités des Conservateurs de mettre en place leurs politiques ? On peut en douter. Car ce qui le permettrait vraiment c’est la fin de la domination politique des Conservateurs sur la politique canadienne. Et cet objectif, ne peut être atteint à partir du seul Québec. Voilà une discussion stratégique essentielle.

Le Nouveau Parti démocratique, une progression déniée par le mode de scrutin

Le Nouveau Parti Démocratique a également exprimé les volontés de secteurs de la population qui aspirent à plus de justice sociale et à une répartition moins inégalitaire de la richesse. Avec 37 député-e-s et 28% du vote, il a connu une progression et a su conserver ses votes jusqu’au scrutin contrairement à ce qui s’est souvent produit dans les élections antérieures. Au Québec, avec 12,2%, soit à peine moins du tiers du vote bloquiste, il y obtient un seul député, soit des dizaines de fois moins que le nombre des député-e-s du Bloc québécois. Cela démontre le caractère profondément anti-démocratique du vote uninominal à un tour.

Le bataille pour l’unité des forces sociales progressistes est incontournable

Le gouvernement Harper se servira du contexte de crise économique pour approfondir la remise en question des acquis sociaux de la population. L’opposition devra se mobiliser dans la rue comme elle a déjà commencé à le faire durant la période électorale.

L’opposition la plus déterminée trouvera sans doute certaines voies pour s’exprimer à la Chambre des communes, mais pour trouver sa véritable force, elle devra occuper la rue, créer des alliances à l’échelle du pays tout entier, dans le respect des spécificités nationales sans doute, mais dans la certitude que c’est ensemble que les mouvements sociaux progressistes qui pourront véritablement bloquer l’offensive conservatrice.


ANNEXES

Résultats préliminaires des principaux partis au Québec
Partis Nombre de député-e-s % de la députation Nombre de votes % des votes
Bloc québécois 50 66,7% 1 379 565 38,1
P. Conservateur 10 13,3% 784 560 21,7%
P. Libéral 13 17,3% 859 634 23,7%
NPD 1 1,3% 441 136 12,2%
Partri vert 0 0 129 299 3,5


Résultats préliminaires des principaux partis au Canada
Partis Nombre de député-e-s % de députés Nombre de votes % des votes
Bloc québécois 50 16,2% 1 379 565 10,0%
P.Conservateur 143 46,4% 5 205 334 37,6
P. Libéral 76 46,4% 3 629 990 26,2
NPD 37 12,0% 2 517 075 18,2%
Partri vert 0 0,0% 940 747 6,8%