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Prisonniers politiques autochtones en grève de la faim

Le gouvernement chilien cède en partie, la grève de la faim se poursuit

jeudi 7 octobre 2010, par Antoine Casgrain

Le gouvernement chilien a cédé d’un pas devant les autochtones mapuches en grève de la faim, forte d’un soutien international grandissant. Le ministère public s’est engagé à retirer la plupart des accusations sous la Loi antiterroriste pour les remplacer par des accusations criminelles régulières. Cependant, 14 des 34 prisonniers en jeûne poursuivent la grève de la faim jugeant ces mesures insuffisantes.

La campagne nationale et internationale de solidarité en soutien aux autochtones mapuches se poursuit alors que près d’une quinzaine de prisonniers poursuivent la grève de la faim dans les geôles du pays. Malgré le fait apparent d’avoir forcé le gouvernement à négocier et retirer les accusations actuelles, les prisonniers autochtones jugent les mesures insuffisantes. Leur grève de la faim se poursuit depuis 86 jours et sept grévistes sont dans un état critique à l’hôpital local.

Le gouvernement a soumis au Congrès des modifications à la Loi antiterroriste et à la justice militaire. Ces modifications sont critiquées de toute part. Non seulement elles ne garantissent aucunement qu’elle serait utilisée pour réprimer la mobilisation du peuple mapuche, mais elles incluent « en échange » l’augmentation des peines visant les attaques aux forces de l’ordre. Rien n’a été réglé quant au fondement antidémocratique des lois martiales et d’exception, ainsi qu’à leur application raciste envers la résistance du peuple mapuche.

Néanmoins, le retrait des accusations de terrorisme est une avancée non négligeable qui a été applaudie par les organisations de droits humains et les représentants mapuches. Les promesses en ce sens devront être appliquées rapidement par les autorités sinon elles risquent de briser le mince lien de confiance qui existe entre l’État chilien et la nation mapuche.

Cependant, l’État chilien doit faire davantage, en commençant par l’abolition de la Loi antiterroriste, un héritage de la dictature. Rappelons que cette loi a été appliquée par les gouvernements de centre gauche, particulièrement par l’ancienne présidente Michelle Bachelet, encensée aujourd’hui sur la scène internationale pour son engagement social. En même temps, la seule solution à long terme est la reconnaissance du peuple-nation mapuche et l’octroie de droits politiques découlant de cette reconnaissance, notamment le droit à la vie, les droits humains fondamentaux, le droit à des territoires autonomes, et le droit à la participation aux décisions concernant l’exploitation des ressources.

Campagne de solidarité internationale

L’urgence et la solidarité sont encore à l’ordre du jour. À près de trois mois de jeûne, les prisonniers politiques mapuches ont subi déjà d’énormes séquelles à leur santé. Leur détermination à faire respecter leurs droits politiques a obtenu le soutien actif des mouvements sociaux au Chili à travers des manifestations quotidiennes.

Du Québec , signez et envoyez cette lettre à l’ambassade du Chili à Ottawa, au Consulat chilien à Montréal et au président du Chili, Sebastian Piñera.