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Des États généraux du mouvement syndical et des mouvements sociaux s’imposent !

jeudi 8 octobre 2009, par Bernard Rioux

Non au dialogue sur les finances publiques avec le gouvernement Charest


Tiré de PTAG
mardi 22 septembre 2009, par Bernard Rioux


Charest utilise le bâillon pour faire adopter en toute vitesse le projet de loi 40 permettant au gouvernement de faire des déficits. Il lance une consultation qui s’étendra d’octobre à février sur les moyens de surmonter ce déficit. Puis, il présente ses « solutions ». Y a-t-il une stratégie générale derrière ces gestes ?

Il ne faudrait pas en douter. Le premier ministre du Québec est suffisamment roué pour savoir où et comment il veut nous conduire. Notre tâche est de tenter d’y voir clair et de fixer nous-mêmes notre propre destination et les chemins que nous devrons emprunter pour y parvenir.

Première manche, l’adoption de la loi 40

La loi 40 vise à modifier la Loi sur l’équilibre budgétaire et des dispositions concernant la réforme comptable. Elle permet au « ministre de présenter des objectifs de déficits budgétaires décroissants. » Simplement, elle permet au gouvernement libéral de suspendre une loi lui interdisant de faire des déficits. Elle ne l’abroge pas. Elle la suspend. C’est dire que l’objectif du déficit zéro reste dans la mire du gouvernement Charest. L’année où l’équilibre budgétaire serait restauré est fixée à 2014. Et si la récession ne permettait d’atteindre cet objectif, il pourrait toujours modifier sa loi pour prolonger son application. Entretemps, il aurait eu le temps de s’attaquer à la gratuité des services, à poursuivre sa politique d’une fiscalité compétitive et inéquitable et à pousser en avant la privatisation des services publics.

L’opposition péquiste et adéquiste a été pitoyable. À l’objectif que l’économie réponde aux besoins de la population en matière de revenu, d’emploi, d’alimentation, de logement, de santé, de transport, et tout cela, dans une perspective écologiste de protection de l’environnement, ces partis néolibéraux ont préféré reprendre ensemble le flambeau de la lutte contre le déficit. Ces partis se sont faits les défenseurs d’une logique néolibérale en se faisant les apôtres des générations futures. Ils n’ont pas dénoncé une fiscalité inéquitable ! Ils ne se sont pas fait les défenseurs des services publics. Pauline Marois s’est encore une fois vantée des coupures majeures opérées par le gouvernement Bouchard. Ils ont ainsi laissé au PLQ le beau jeu d’adopter la pause de défenseur des services publics alors que les libéraux s’y attaquent chaque jour.

Deuxième manche, la consultation sur les moyens de parvenir à l’équilibre budgétaire.

D’octobre 2009 à février 2010, le gouvernement Charest se lancera dans une vaste consultation pour entendre des propositions sur les moyens de parvenir au déficit zéro. Il a renoncé à tenir un grand sommet qui aurait pu être un lieu de confrontation pour un long exercice duquel il espère distiller parmi la population un sens de la responsabilité qui la mènerait à se serrer encore une fois la serrure alors que l’argent public sert à restaurer la rentabilité des banques et des entreprises.

En posant cette question des moyens de sortie du déficit, Charest pose la mauvaise question et il le fait sciemment. Les vraies questions sont pourtant les suivantes : comment sortir de la crise ? Comment en finir avec la privatisation ? Comment faire face aux restrictions budgétaires que le gouvernement risque d’imposer dans la santé ? Comment relancer l’industrie forestière ? Comment en finir avec la détérioration de l’environnement ? Comment assurer la souveraineté alimentaire ?

Déjà Amir Kadhir, le député de Québec solidaire, a indiqué des pistes pour dégager des fonds pour la reprise. On pourrait faire 2 milliards d’économies, a-t-il souligné, justes dans le secteur des médicaments, car la Régie de l’assurance maladie pourrait payer les médicaments à moindre coût. Du côté des mines, a-t-il ajouté, il y aurait 500 millions à un milliard par année à aller chercher si on pouvait toucher les redevances qui nous reviennent sans compter les redevances sur l’eau…

Troisième manche : Charest veut faire payer aux classes ouvrières et populaires les coûts de la crise

Comme l’indiquait La Presse du 21 septembre : « Un projet de loi sur le financement des services publics » circule parmi les sous-ministres »Le premier ministre a ses solutions en poche. Il veut tirer 15 milliards de dollars de la tarification ou de l’augmentation des tarifs aux citoyens et citoyennes du Québec de plus qu’actuellement, soit un total de 36 milliards. Pire encore, le coût des services sera indexé au cout de la vie selon ce projet de loi. Sans parler de la hausse de la taxe de vente du Québec, et de la poursuite de la privatisation des services publics...

Choisissons notre terrain de débat, organisons notre unité d’action !

Jean Charest a appris de son trop long exercice du pouvoir à Québec. Il n’a pas pour autant changé d’un iota ses orientations économiques néolibérales. Mais il tente de briller dans la manipulation et la création de consensus antipopulaire. Il n’en est que plus dangereux. L’exercice de consultation qu’il propose vise à nous détourner de la nécessaire concertation pour construire une unité syndicale et populaire contre les intentions de ce gouvernement. Plutôt que de perdre notre temps à lui présenter, en ordre dispersé nos revendications, sans trop d’espoir d’ailleurs qu’il tienne compte de nos demandes, il faut mettre l’ensemble de nos énergies à organiser notre unité dans nos buts et dans nos actions communes pour faire face à des attaques qui se cachent si peu et qui tentent de se faire passer pour les seules politiques réalistes possibles.

La tenue d’États généraux du mouvement syndical et populaire pour répondre aux véritables questions auxquelles nous faisons face est beaucoup plus essentiel qu’un défilé impuissant dans le cadre d’une consultation qu’on l’on peut voir clairement comme une véritable diversion.