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"La charité n’est pas suffisante "

ENTRETIEN PHILIPPE SERVATY

jeudi 6 janvier 2005

Le CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde) exige, par la voix de son président, le Belge Eric Toussaint, l’annulation totale de la dette extérieure des pays dévastés (Sri Lanka, Inde, Indonésie, Thaïlande, Malaisie et autres), qui représente 330 milliards de dollars.


Est-ce vraiment la réponse à apporter maintenant ?

L’aide d’urgence est évidemment très importante. Il faut libérer le maximum de moyens financiers pour soutenir les populations. Mais une réponse structurelle à long terme est tout aussi primordiale pour éviter qu¹un éventuel futur séisme ne provoque à nouveau un tel bilan.

Vous avancez une solution globale et étatique alors que des réponses plus ciblées dans certaines régions comme l’octroi de microcrédits, pourraient s’avérer plus indiquées

La question des moyens de l’Etat est essentielle. En Floride, un cyclone provoque dix fois moins de morts, à force égale qu’en Jamaïque ou en Haïti. Pourquoi ? Parce que les infrastructures ont été soutenues par l’Etat. Les finances publiques des pays dévastés doivent donc être soulagées du poids du remboursement de la dette extérieure. Ces pays remboursent plus que ce qu’ils ne reçoivent des nouveaux prêts. En Inde, le transfert se chiffre à 50 milliards de dollars de 1997 à 2004.

Votre mesure ne revient-elle pas à donner un chèque en blanc à des gouvernements pas tous démocratiques ?

Nous en sommes bien conscients. Et nous réclamons un contrôle citoyen international des moyens financiers libérés par cette annulation de dette.