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La population de Vancouver redoute les Jeux

lundi 22 février 2010

La population de Vancouver redoute les Jeux
tiré du site edgeofsports.com
mardi 9 février 2010, par Dave Zirin

Quand je suis arrivé à Vancouver, la première chose que j’ai remarquée c’était les froncements de sourcils. Le Comité international olympique a loué tous les panneaux d’affichage en ville pour célébrer la joie olympique, mais ils ne peuvent acheter les expressions des gens.

C’est clair que les Jeux olympiques d’hiver ont rendu l’humeur sombre dans cette ville côtière bucolique. Même les douaniers vérifiant mon passeport ont commencé à marmonner au sujet des billets de hockey à $5000. Les sondages publiés lors de mon premier jour à Vancouver, ont confirmé ma première impression. Seulement 50% des résidentEs en Colombie-Britannique pensent que les Olympiques auront des effets positifs et 69% disent que trop d’argent est déjà dépensé pour les Jeux.

« Le point le plus frappant dans les sondages est que plus les Olympiques s’approchent, moins la population de Colombie-Britannique voient les Jeux comme ayant un impact positif. » dit Hamish Marshall, directeur du sondage, Angus Reid. « La sagesse populaire est que plus nous approchons des Olympiques, plus les gens ici deviendraient excités et sympathisants. » Si la récession mondiale ne s’était pas pointée ou n’avait pas fait irruption dans la planification de l’année dernière, ainsi que les commanditaires corporatifs, se désistant, peut-être le comité olympique de Vancouver serait plus en connection avec les résidentEs. Mais les sauvetages publics pour les projets olympiques ont définitivement changé l’humeur locale.

J’ai parlé à Charles, un chauffeur d’autobus, dont la bonne humeur a diminué quand je l’ai interrogé à propos des Jeux. « Je ne peux pas croire qu’il y a un an, je désirais ces jeux » dit-il. J’ai voté pour cela lors d’un pébliscite, mais maintenant, oui, je suis déçu. » Cette désillusion augmente au fur et à mesure que le fardeau financier des Jeux devient public. L’évaluation du coût original était de $ 660 millions en argent public. C’est évalué maintenant à $6 milliards et ça continue d’augmenter. Un récent rapport sur l’impact économique disait que les jeux rapporteraient $10 milliards. Price Waterhouse Coopers vient tout juste de publier sa propre étude montrant que l’impact économique total se chiffrerait vers le $1 milliard. En plus, le budget du village olympique dépasse de $100 millions et a été renfloué par la ville.

Les coûts du service de sécurité fut évalué à $175 millions et il dépassera finalement $1 milliard. Les dépassements de ces budgets coïncident avec des coupes drastiques dans les services publics. A mon premier jour en ville, la couverture du journal local affichait à la une des nouvelles réjouissantes au sujet des Jeux, alors qu’un titre annonçant le congédiement imminent de 800 enseignantEs paraissait plus loin en bas de page.

En tant que supporteur olympique, le reporter sportif du Globe and Mail, m’a dit : « Les perspectives de coupures dans les services de la ville parallèlement au dépassement des coûts olympiques sont, pour le moins, mauvaises ».

Mais ceci n’est pas seulement des erreurs de relations publiques envers les résidantEs de Vancouver, notamment sur le côté est de la ville, où les sans-abris ont augmenté en flèche. Carol Martin qui travaille dans l’est de la basse-ville de Vancouver, l’endroit le plus pauvre économiquement au Canada, dit clairement : « Le comité soumissionnaire pour les Jeux avait promis que pas une seule personne ne serait déplacée à cause des Jeux mais il y a maintenant 3,000 personnes sans-abri dormant dans les rues de Vancouver et ces gens font face à un harcèlement croissant des policiers en train de « nettoyer » les rues à mesure qu’on s’approche des Jeux. »

J’ai arpenté les ruelles de l’est de la basse-ville, et il y a des groupes de policiers à chaque coin de rue, essayant de les entourer avec une frustration et colère évidentes. Des affiches anti-olympiques tapissent le voisinage, créant un portrait différent des joyeuses présentations des Jeux 2010 à l’aéroport. Le comité Olympique de Vancouver a essayé de réprimer le mécontentement en distribuant des billets pour événements olympiques de deuxième catégorie comme la luge. Ça n’a pas fonctionné.

Les citoyenNEs de l’est de la basse-ville et des environs, sont en train de préparer un exutoire différent pour leur frustration envers les Olympiques. Pour la première fois dans l’histoire des Jeux, une manifestation à grande échelle, est planifiée pour accueillir les athlètes, touristes et dignitaires étrangers.

Regroupant divers enjeux, des résidantEs de Vancouver ont lancé un appel pour une semaine d’actions anti-jeux. Des manifestations portant sur divers enjeux, s’étendant des sans-abris aux droits autochtones, sont annoncées. Des manifestantEs de Londres et de Russie, site des deux prochains Jeux Olympiques, seront présentEs. On prévoit un campement urbain, des pancartes, et des actions directes. Pour tout vous dire, selon les derniers sondages, 40% des résidentEs de la Colombie-Britannique, supportent les revendications des manifestants, comparés à seulement 13% dans le reste du Canada. Harsha Walia du Réseau de résistance olympique, a dit : « Nous observons une augmentation de la résistance à travers le pays à mesure que ces Jeux sont vus comme une grosse fraude ».

Les Jeux vont aussi coïncider avec la plus grande et durable marche annuelle à Vancouver, la Marche commémorative des femmes, le 14 février, attirant l’attention sur les centaines de femmes disparues et assassinées – notamment les femmes autochtones – en Colombie-Britannique. Le comité olympique de Vancouver a demandé aux organisatrices de la Marche commémorative si elles allaient changer le parcours de la marche pour les Jeux olympiques. Stella August, une des organisatrices avec le Power of Women Group, dans l’est de la basse-ville, m’a dit : « Nous sommes des guerrières. Nous avons fait cette marche pendant 19 ans et nous n’allons pas nous prosterner devant les Olympiques ».

Une chose est certaine : si vous êtes à Vancouver, et que la compétition de curling ne fait pas battre votre coeur, il y aura tout un spectacle à l’extérieur de l’aréna.


Dave Zirin, l’auteur de cet article a donné une conférence très courue dans un forum public de Vancouver le 20 janvier sur le sujet des Jeux Olympiques de Vancouver. Il a aussi donné des conférences dans plusieurs collèges pendant son séjour à Vancouver. Il a louangé les efforts de ceux qui à Vancouver sont en train de s’organiser contre vents et marées pour apporter un message de justice sociale au spectacle corporatif olympique.

Dave Zirin a un site, The Edge on Sports, où cet article paru en premier.

www.edgeofsports.com