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Le front commun et la bataille pour la préservation des services publics

mardi 7 septembre 2010, par André Frappier


Tiré du site PTAG

mardi 6 juillet 2010


"Stratégiquement, même en renforçant l’unité syndicale, les directions syndicales étaient une négociation en retard sur Charest. Le seront-elles encore cette fois-ci ?"

Les syndicats du Front commun du secteur public se sont unis cette année et ont décrété une trève dans le maraudage afin de consolider leurs forces. Il faut dire qu’ils sont sortis affaiblis de le négociation 2003-2005 qui s’est soldée par un décret, la division syndicale ayant compté pour une bonne partie. Charest avait profité de l’occasion pour recomposer les accréditations syndicales avec la loi 30.

Les membres revendiquaient donc un rattrapage pour compenser les pertes encourues par les années de gel salarial. De toute évidence ce ne sera pas le cas cette fois-ci. Il est en effet difficile de rattraper le passé, l’avenir étant déjà fort difficile à négocier. On peut difficilement miser sur une négociation future pour pallier à ce qu’on a perdu dans une négociation présente.

Stratégiquement, même en renforçant l’unité syndicale, les directions syndicales étaient une négociation en retard sur Charest. Le seront-elles encore cette fois-ci ?

Dans son dernier budget, le gouvernement Charest a intégré le cadre financier que devraient respecter les secteurs de la santé et de l’éducation. Il a également inclus une contribution en santé prélevée à même les impôts. Chaque adulte paiera 25 $ en 2010, 100 $ en 2011, 200 $ à partir de 2012. Que l’on gagne 20 000 ou 200 000 $, la contribution annuelle sera la même. Il prévoit également une hausse des tarifs d’électricité de 3,7 % par an à compter de 2014, pendant 4 ans,en plus des hausses habituelles. Résultat : en 2018, l’électricité coutera 20 % plus cher qu’aujourd’hui, de nouvelles hausses des frais de scolarité, et une hausse de la TVQ de 2%.

La réduction de la croissance des dépenses dans les différents programmes et les ministères (santé, éducation, aînés, familles)atteindront 6,9 milliards. Les 62% d’efforts financiers que le gouvernement prétend assumer en coupant dans les dépenses publiques, c’est la population qui va en payer le prix.

Dans cette optique, les négociations du Front commun et son règlement, sont apparus comme un vase clos qui ne communique pas avec le reste des milieux touchés par l’attaque Libérale. Pourtant le Budget Bachand indique clairement ses intentions, réduction des dépenses implique coupures, ce qui conduit inévitablement à l’introduction du secteur privé. Les hausses de tarifs et les tickets modérateurs affecteront l’ensemble de la population ouvrière et populaire y compris évidemment les syndiqués qui verront fondre l’augmentation salariale.

Le problème majeur n’est pas le règlement en soi mais l’isolement dans lequel se sont confinés volontairement les directions des centrales. Il aurait été pourtant facile de reprendre à leur compte la défense des services publics en s’opposant au Budget, et en devenant les défenseurs de la population. Cela n’aurait pu que renforcir le rapport de force des syndicats en négociation.

Charest aura maintenant la partie plus facile, le mouvement syndical s’étant isolé du reste de la population.

Il y a fort à parier que la prochaine bataille devra porter sur la préservation des services publics, confrontés à la privatisation. Mais à ce chapitre Charest aura déjà réussi à prendre les devants. Si on devait donner un pointage aux stratèges, ce serait donc Charest 2, directions syndicales 0.