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KKK...

Yanik Crépeau, Québécois solidaire Montréal

dimanche 19 février 2006

Non, je ne pense pas ici au Klu Klux Klan, l’organisation raciste qui brûle des croix aux États-Unis mais à trois mots en allemands : Kinder, Küche, Kirsch. Le KKK allemand était un slogan Nazi qui résume la vision qu’avait le Fürher de la place des femmes dans la société. Pour les dirigeants du IIIème Reich, la place des femmes était à l’église (Kirsch) ou dans la cuisiine (Küche) à s’occuper des enfants (Kinder).

Vous vous demandez pourquoi j’évoque le souvenir douloureux d’une époque pénible et d’un régime abject.

Je constate depuis quelques semaines une attaque brutale contre les CPEs. Il y a eu la loi 124 qui ébranle le modèle bâti par les travailleuses en garderie et les parents. Il y a la promesse de Harper de déchirer l’entente signé avec Québec pour remplacer le système public par une subvention directe aux parents de 1200 dollars en déclarant qu’un des buts de cette mesure était de verser de l’argent à la femme au foyer qui refuse d’envoyer ses enfants dans une garderie publique. Enfin, la presse faisait écho d’une "étude" de l’Institut C.D. Howe disant que les enfants qui passaient par le système québécois des CPEs étaient plus violents que les enfants des autres provinces. Quand Mario Dumont dénonçait les CPEs en campagne électorale, personne ne le prenait trop au sérieux mais aujourd’hui les attaques contre les CPEs viennent de tous les côtés.

Pour la bourgeoisie canadienne, des institutions comme les CLSCs ou les CPEs sont des cancers qui les empêchent de maximiser leurs profits. Pire encore, les CPEs empêchent le retour "au bon vieux temps" quand les femmes restaient au foyer pour s’occuper des enfants. Quand Charest, Harper et l’Institut C.D. Howe s’en prennent aux CPE, ce n’est pas seulement aux travailleuses en garderie qu’ils s’en prennent mais à toutes les québécoises vouées à un retour dans les Églises et les cuisines afin de s’occuper des enfants.

Si le bilan du combat des femmes est admirable, aucune avancée n’est irréversible. Chaque acquis, surtout lorsqu’il ébranle un des pilier du système capitaliste (le patriarcat) est non seulement arraché de dure lutte mais sera très vite attaqué et remis en cause par la bourgeoisie. Le néo-libéralisme et ses avatars locaux (le manifeste pour un Québec lucide) n’est que la systématisation de cette remise en cause. Le néo-libéralisme n’est pas quelque chose tout droit sorti de la cuisse de Jupiter mais une théorie politique élaborée par des intellectuels de droite ("l’École de Chicago") qui jugent le Keynesianisme est maintenant devenu une béquille inutile parce que cette béquille a servi, à l’époque, à combattre l’attrait du communisme dans les société capitalistes en crise. Pour eux, puisque l’ennemi politique, l’Union Soviétique, n’existe plus, le compromis qu’était la social-démocratie est devenue une chose coûteuse, inutile et surtout nuisible. Leur vision c’est simplement revenir au bon vieux temps où les capitalistes gouvernaient le monde sans partage et sans compromis parce que l’alternative n’existe plus.

Je voyais cette semaine que deux députés du Bloc Québécois et un chef syndical dénonçaient la compagnie Olymel (propriété de la Coop Fédéré) en qualifiant ses agissements de "capitalisme sauvage" . Chaque fois que je vois cette expression de "capitalisme sauvage", je sursaute. L’idée même de capitalisme sauvage nous laisse penser qu’il existe un capitalisme domestiqué, raisonnable, acceptable. Le capitalisme c’est comme un chat, rendez-le à la nature et il redeviendra sauvage en quelques semaines et ce de manière irréversible. Le capitalisme "domestiqué" n’est qu’une illusion, au mieux une rêverie d’hommes et de femmes politiques naïfs, au pire une tromperie orchestrée par les capitalistes eux-même. Quoi qu’il en soit, grattez le mince verni d’honorabilité des capitalistes domestiqués et très vite vous trouverez une doctrine aussi rétrograde et réactionnaire que celle qui ramènent les femmes dans les églises et les cuisine afin de s’occuper des enfants.

Ce sera bientôt le 8 mars et malheureusement on constate que le patriarcat n’a pas encore dit son dernier mot. Si ne kynésianisme et la social-démocratie sont des béquilles dont la bourgeoisie veut se débarrasser, c’est loin d’être le cas du patriarcat et de l’oppression des femmes. Les femmes de ce monde devront user encore pas mal de semelles à marcher et marcher encore pour que la Charte mondiale des femmes pour l’humanité devienne une réalité.

La "Charte mondiale des femmes pour l’humanité appelle les femmes et les hommes et tous les peuples et groupes opprimés du monde à proclamer individuellement et collectivement leur pouvoir à transformer le monde et à modifier radicalement les rapports qui les unissent pour développer des relations basées sur l’égalité, la paix, la liberté, la solidarité, la justice.

Elle appelle tous les mouvements sociaux et toutes les forces de la société à agir pour que les valeurs défendues dans cette Charte soient effectivement mises en œuvre et pour que les pouvoirs politiques prennent les mesures nécessaires à leur application.

Elle invite à l’action pour changer le monde. Il y a urgence !!!"

Toutes les militantes et surtout tous les militants doivent répondre à cet appel et militer activement au côté de nos soeurs en lutte. Leur combat est notre combat et leur victoire sera la victoire de l’humanité entière. Les militantes et les militants marxistes- révolutionnaires doivent lire, relire cette Charte et comprendre tout le potentiel révolutionnaire qu’exprime ce document. L’égalité, la liberté, la solidarité, la justice et la paix ne peuvent ni ne pourront exister dans une société capitaliste. Le capitalisme a besoin de l’oppression, de la précarité, de l’injustice et de la guerre pour vivre et survivre. C’est pour lui comme le sang qui coule dans ses veines.

Aux femmes qui ont marché, milité, réfléchi et qui nous ont donné cette charte je dis merci. Merci d’être lumière au milieu des ténèbres, merci d’être espoir en ces temps sombres et surtout, merci d’être là pour aimer l’humanité.