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Décision du jury du Tribunal populaire sur l’exploitation sexuelle commerciale

mardi 5 avril 2011, par Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle

Suite aux trois journées de discussions et de délibération qui ont eu lieu du 18 au 20 mars 2011. Le jury a rendu un verdict clair qui intègre la plupart des recommandations formulés par les participantEs du Tribunal populaire sur l’exploitation sexuelle commerciale.

Clôture du Tribunal populaire sur l’exploitation sexuelle commerciale

MONTRÉAL, le 20 mars 2011 - Pendant trois journées consécutives, 200 personnes ont pris part aux discussions du Tribunal populaire sur l’exploitation sexuelle commerciale et ont passé à la loupe les impacts de l’industrie du sexe sur les femmes et l’ensemble de la société. De nombreuses femmes ont témoigné de leur vécu et ont dénoncé la violence physique et psychologique de la prostitution dans le cadre de ce rassemblement organisé par la CLES - Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle. Elles ont rendu compte de l’horreur qu’elles ont vécue et des obstacles rencontrés pour s’en sortir. Ces témoignages ont été suivis du lancement du manifeste des survivantes pour un monde sans prostitution que toutes ces survivantes sont invitées à lire et à signer. Les auteures du manifeste ont clairement exprimé que la prostitution est une entrave à la dignité et à l’égalité entre les hommes et les femmes, qu’elle est loin de relever, dans la plupart des cas, d’un choix libre et éclairé.

À la suite de ces témoignages, les participantes ont formulé des chefs d’accusations qui touchent à des aspects tels la mondialisation, la traite, le racisme, l’utilisation de la sexualité des lesbiennes, les agressions sexuelles, la prostitution juvénile. Ces accusations ont été formulées contre des acteurs, comme le gouvernement canadien, ses services d’immigration, les clients-prostitueurs, l’industrie du sexe. Elles se sont particulièrement intéressées à la prostitution des femmes autochtones. Suite aux présentations de Cherry Smiley et Laura Holland de AWAN - Aboriginal Women’s Action Network - ainsi que du Comité Mikona, des mises en accusations et des recommandations particulières ont été formulées pour mettre fin au féminicide des autochtones dont est complice l’industrie du sexe.

Sur leurs recommandations, le jury a exigé des hommes de faire de meilleurs choix, de ne pas tuer, de ne pas acheter de femmes ni d’enfants et de ne pas consommer la pornographie. Le jury a retenu le chef d’accusation principal contre l’industrie du sexe et l’a déclaré coupable d’exploiter les femmes en reproduisant des rapports de domination et en propageant une culture de la violence envers les femmes. Il a recommandé que des moyens soient mis en œuvre afin de permettre un dialogue véritable entre les féministes de toutes les tendances et la société en général pour que soit rendu possible le libre choix de ne jamais être victime d’exploitation sexuelle.

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Contact médias :
Axelle Beniey
Responsable des communications


Décision du jury du Tribunal populaire sur l’exploitation sexuelle commerciale

Les accusations

Nous accusons l’industrie du sexe :

  1. De capitaliser sur l’effet de contrôle social à l’égard des femmes ;
  2. De générer des abus à l’égard de l’enfance ;
  3. D’avoir volé l’essence même de la sexualité des femmes ;
  4. De récupérer et d’érotiser la sexualité lesbienne ;
  5. D’encourager et de perpétuer la violence et l’exploitation raciste ;
  6. D’être complice du féminicide et de l’exploitation des femmes autochtones ;
  7. De miser sur le trafic pour élargir son offre ;
  8. D’agir comme instrument du capitalisme et du patriarcat pour instrumentaliser le corps des femmes et des enfants ;
  9. D’être coupable de se réfugier et de se valider socialement derrière le libre-choix pour favoriser l’exploitation des femmes et enfants ;
  10. De nous diviser entre femmes et féministes, et de miner notre solidarité."

Les Recommandations du jury :

Nous exigeons des hommes :

 De faire de meilleurs choix ;
 De ne pas tuer, ni acheter les femmes et enfants ;
 De ne pas consommer la pornographie ;

Nous recommandons que de réels moyens soient mis en œuvre afin de permettre un dialogue véritable entre les féministes de toutes les tendances et la société en général, et que soit rendu possible le libre choix de ne jamais être victime de l’exploitation sexuelle.



Source : Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle