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Irak

Des milliards pour tuer et rien pour la vie !

dimanche 23 mars 2003

Par Cledis Candelaresi

Que représente 100 milliards de dollars, le coût direct minimum de l’attaque étatsunienne contre l’Irak ? Un montant incommensurable pour le million d’enfants irakiens souffrant de malnutrition. Une fortune inépuisable pour une économie réduite à presque rien par les sanctions économiques imposées après la guerre du Golfe. Un rêve impossible pour 60 pour cent de la population qui survit à peine grâce à un Plan d’assistance sociale maintenant interrompu. Pour ces malheureux, un destin encore plus noir se profile, alors que les Nations Unies ne sont même pas parvenues à réunir les fonds essentiels pour mettre en place un programme humanitaire d’urgence. Hier, il ne restait comme seule perspective que l’alternative paradoxale que les attaqués paient avec leur propre pétrole la nourriture et le remèdes qui ont survécus aux bombardements nord-américains. Les États-Unis parlent d’une guerre bon marché. À partir de l’hypothèse d’une guerre rapide, le conseiller de la Maison Blanche, Lawrence Lindsey a calculé qu’on y dépensera environ 1 pour centre du Produit Intérieur Brut (100 milliards) beaucoup moins que ce qu’ont coûté les guerres de Corée (12 pour cent du PIB) ou du Vietnam (15 pour cent). Il est clair que ces chiffres peuvent croître de façon géométrique si l’agression se prolonge ou si l’on comptent les coûts associés à ce déploiement militaire, parmi eux, le soutien d’un éventuel gouvernement de marionnettes -estimé officieusement à 75 milliards - ou les « compensations » à la Turquie et à Israël pour leur appui.

Le dernier budget annuel de Washington assigne environ 1000 milliards de dollars à la défense, budget qui ne pourra se réduire dans l’avenir que sous la pression de l’énorme définit qu’a commencé à accumuler la plus grande économie du monde, au rythme de 375 milliards de dollars de plus par année. Mais, maintenant, il n’y a pas de restriction économique au déploiement d’une impressionnante technologie de la mort contre un pays dévasté par des guerres successives et par le plan de sanctions mis de l’avant par les États-Unis suite à l’invasion par Saddam du Koweit il y a 11 ans.

L’ONU a été chargée de mettre en place le plan Pétrole pour la nourriture, par lequel les Irakiens peuvent utiliser une quantité déterminée de leur production d’hydrocarbures pour se pouvoir en nourriture et en médicaments. Depuis le début de 1997, ce programme a conduit à des échanges de 44 milliards de dollars- beaucoup moins que le coût minimum direct de l’actuelle agression nord-américaine- qui ont servi à palier, pour une partie seulement, aux souffrances des IrakienNes.

Selon l’ONU elle-même, « Pétrole pour de la nourriture est insuffisant » pour combler les demandes croissantes : la distribution des rations alimentaires a touché jusqu’à maintenant 400 000 enfants du million souffrant de malnutrition que l’UNICEF a identifié comme étant dans une situation « à haut risque ». L’autre problème que c’est que ce programme ne fournit pas de ressources au-delà de ces échanges. Pour cette raison, il est impossible pour l’Irak, entre autres choses, de reconstruire une partie des 8 000 écoles rasées par les combats antérieurs et avant l’attaque des dernières heures, il n’y avait déjà pas l’énergie électrique et l’eau potable nécessaires.

Les enfants représentent presque la moitié de la population souffrante d’Irak. Le taux de mortalité infantile est de 131 pour mille, deux fois et demi plus que le taux des dix dernières années précédant le programme des sanctions économiques. Un enfant sur huit n’atteint pas l’âge de cinq ans et 25% ont déserté l’école. Maintenant, évidemment, tout va s’empirer. Selon des informations diffusés par la BBC britannique, la manque d’eau potable généré par les destruction des réseaux provoquera des maladies infectieuses qui coûteront la vie à au moins 300 000 personnes.

Kofi Annan, responsable de l’ONU, a prévenu hier que nous sommes à la veille d’une tragédie humanitaire dont l’ampleur a peu de précédents. Pour mettre en place un plan d’urgence, l’organisation calcule que 120 millions de dollars seraient nécessaires, mais jusqu’à maintenant elle n’a pas encore réuni le quart de cette somme. Les États sont parmi les principaux contributeurs et leur ambassadeur à l’ONU, John Negroponte, a annoncé que son pays déboursera 40 millions pour cette aide. Mais la mission destructive n’a pas donné le temps au gouvernement Bush d’honorer cette entente.

L’ONU a annoncé qu’elle tentera de relancer le Plan Pétrole pour des aliments, indispensable à la subsistance de 15 million d’IrakienNEs, mais qui a été suspendu quand ses inspecteurs ont quitté l’Irak . Si l’aide aux victimes de l’invasion nord-américaine se limite à ce plan d’échange, mis de l’avant, actuellement, comme l’unique assistante possible immédiatement, Washington évitera l’obligation de la Convention de Genève d’une aide humanitaire aux victimes de son agression. Et paradoxalement, l’Irak paiera son propre aide avec le pétrole de son sous-sol que Bush convoite.

Tiré du site de Rebelion (Traduction La Gauche)