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Le point de vue du SPQ libre, club au Parti Québécois

jeudi 14 mai 2009

Trois articles tirés du site de SPQ libre :
 Sans référendum, pas de souveraineté
 Pour dénouer l’impasse politique, l’indépendance du Québec
 À quoi sert le SPQ Libre ?


Sans référendum, pas de souveraineté

Tiré du site du SPQ libre
Octobre 2008


Marc Laviolette, président, Pierre Dubuc, secrétaire

Pour le club politique Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre)

Le référendum est à la souveraineté ce que l’heure de tombée est au journalisme. Sans heure de tombée, le journaliste n’écrit pas. Il lit, consulte, se documente. Mais ses recherches, discussions et réflexions ne trouvent leur aboutissement sous forme d’articles que sous l’injonction de la tombée.

Il en va de même pour le mouvement souverainiste. Sans l’échéance du référendum, il risque la dispersion, le fractionnement, l’étiolement. Seul le rendez-vous référendaire oblige à cibler sur l’essentiel, à discarter l’accessoire et à sonner le rappel des troupes. Seule la convocation du peuple à un choix décisif permet de vaincre les forces de l’inertie, de l’habitude et de la routine et de chambouler l’ordre social et politique.

C’est la position que défend le club politique Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre) : tenir un référendum du peuple, pour le peuple et par le peuple sur l’indépendance nationale, c’est-à-dire remettre entre les mains du peuple québécois l’initiative d’un référendum sur la souveraineté.

La marginalisation du Québec

Un bref survol de l’actualité politique, militaire, sociale, environnementale, économique et linguistique démontre éloquemment la nécessité de l’indépendance nationale à cause de la marginalisation toujours plus poussée du Québec et son intégration comme une « province comme les autres » au sein du Canada.

À Ottawa, le gouvernement Harper a mis systématiquement en application son programme visant à redéfinir l’identité canadienne autour des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Armée avec l’intervention en Afghanistan et l’augmentation conséquente des budgets militaires. Une politique que rejette le Québec. Selon les sondages, 70 % de la population québécoise s’oppose à cette guerre. Ses représentants à la Chambre des communes ont voté majoritairement contre le prolongement de la mission en Afghanistan. Le Québec, en tant que nation, se fait donc imposer cette guerre par une autre nation, la nation canadienne-anglaise.

Un Québec indépendant pourrait à l’exemple du Mexique inscrire dans sa Constitution l’interdiction de déployer des troupes à l’extérieur du pays sans déclaration formelle de guerre. Soulignons que le Mexique a une petite armée avec un budget militaire d’à peine 0,5 % du PIB, ce qui le place au 162e rang sur la liste des 173 pays répertoriés par le CIA World Factbook. Bien que situé en Amérique du Nord, le Mexique ne fait partie d’aucune alliance militaire : ni de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), ni du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD), dont font partie les États-Unis et le Canada.

Aux plans économique et environnemental, le Québec est privé des leviers essentiels et doit se soumettre aux politiques d’un gouvernement fédéral dont l’ordre du jour est défini par le lobby pétrolier de l’Alberta. Sous l’effet combiné de la hausse du prix du pétrole, du dollar canadien et du ralentissement de l’économie américaine, l’économie québécoise est aujourd’hui menacée d’une des pires crises économiques de son histoire.

Mettre fin à la dépendance au pétrole

Aux États-Unis, l’ancien vice-président Al Gore vient de lancer le défi aux Américains de combattre les changements climatiques en produisant d’ici 10 ans toute leur électricité avec des sources renouvelables. Un défi que le candidat démocrate Barack Obama se dit prêt à relever. Dans L’audace d’espérer (Presses de la Cité, 2006), Barack Obama identifiait d’ailleurs la fin de la dépendance des États-Unis au pétrole comme étant un de ses trois objectifs prioritaires.

Dès 2005, lors de la course à la chefferie du Parti Québécois, le SPQ Libre a défendu cette idée de mettre fin à la dépendance du Québec aux produits pétroliers. Il l’a réaffirmé en proposant la nationalisation de l’éolien lors du Conseil national sur l’environnement de l’automne 2006.

Il l’a étayé avec un plan de développement d’un réseau de transport public électrifié urbain et interurbain en faisant valoir l’extraordinaire potentiel de développement industriel et de création d’emplois que permet l’expertise québécoise dans la production d’électricité, d’aluminium et de matériel roulant.

La présence hypothétique de ressources pétrolières et gazières dans le golfe Saint-Laurent ne devrait pas nous distraire de cet objectif. Il serait malencontreux de se donner comme perspective celle d’un État-rentier, dont la pêche, la forêt et les mines nous ont montré les limites. Il faut plutôt promouvoir cette idée emballante d’une nouvelle révolution économique comme l’a été la nationalisation de l’électricité de 1962.

Une donnée fondamentale : le recul du français

Les données du dernier recensement ont montré le recul du français au Canada, au Québec et à Montréal. En triturant les chiffres, les fédéralistes ont cherché à invalider ce constat pourtant clair et limpide. Pourquoi un tel acharnement ? Tout simplement parce qu’ils savent que la question linguistique est désormais liée à la souveraineté du Québec. Dans leur optique, reconnaître le recul, c’est donner des armes aux souverainistes. Encore faudrait-il que ces derniers veuillent s’en servir !

On peut et on doit proposer des modifications à la Loi 101, mais comment croire qu’il sera possible de faire appliquer la réglementation aux petites entreprises lorsque celles de plus de 500 employés n’ont pas encore leur certification de la Loi 101 plus de trente ans après son adoption. En 1977, elles se sont francisées parce qu’elles sentaient au-dessus de leur tête l’épée de Damoclès de la souveraineté. Après l’échec du référendum, ce fut le retour au « business as usual ».

Le SPQ Libre croit à la nécessité de réexaminer le modèle québécois à la lumière des nouveaux paramètres que sont, entre autres, le vieillissement de la population, la faiblesse du taux de natalité, la participation massive des femmes au marché du travail et la mondialisation des marchés.

Mais nous ne croyons pas que la solution réside dans les privatisations, la déréglementation et la désyndicalisation comme le prônent les émules de Tony Blair. Ces derniers devraient d’ailleurs prendre note de l’effondrement économique de leurs « modèles », que ce soit la Grande-Bretagne de Tony Blair ou l’Irlande.

Qui fixera prochain rendez-vous ?

Un peu partout à travers le monde, les tenants du néolibéralisme sont invités à quitter la scène. Une nouvelle génération de politiciennes et de politiciens s’apprêtent à prendre la place. Des femmes et des hommes politiques qui revalorisent le rôle de l’État, qui cherchent à redéfinir l’État-providence en l’adaptant aux nouvelles conditions sociales avec des programmes ambitieux de garderies, de congés parentaux, de conciliation travail-famille et des réinvestissements majeurs dans l’éducation et le développement des sciences.

C’est le programme que développe, par exemple, Barack Obama dans « L’audace d’espérer » dont le sous-titre est « Une nouvelle conception de la politique américaine ». Au moment où ces lignes sont écrites, nous ne savons évidemment pas s’il sera élu, ni s’il lui sera possible d’appliquer un tel programme aux États-Unis compte-tenu de la puissance des éléments de droite regroupés autour du lobby militaro-pétrolier mais, chose certaine, sa candidature et le programme qu’il défend auront un impact considérable sur la scène politique occidentale et, à plus forte raison, au Canada et au Québec.

Sondage après sondage, plus de 40 % de la population se déclare favorable à l’indépendance du Québec, malgré la campagne de presse sans merci des forces fédéralistes et les vicissitudes du mouvement souverainiste. Cette aspiration à la liberté, à une vie meilleure ne se dément pas. Alors, qui sonnera le rappel ? Qui entérinera l’heure de tombée ? Qui fixera le prochain rendez-vous du peuple québécois avec l’Histoire ?

Extrait d’un livre intitulé Sans référendum, pas de souveraineté, édition du Renouveau québécois, 188 pages.


Pour dénouer l’impasse politique, l’indépendance du Québec

Par Marc Laviolette et Pierre Dubuc

« Les résultats démontrent clairement que le Québec est une nation distincte au point de vue linguistique, culturel, social et économique », a déclaré en substance, le soir des élections, Gilles Duceppe, le chef du Bloc Québécois, en retournant comme une crêpe contre le gouvernement Harper sa déclaration sur la reconnaissance de la nation québécoise.

En raflant les deux-tiers des sièges électoraux au Québec, le Bloc et son chef ont démontré qu’ils incarnaient au plan politique les valeurs québécoises et la symbiose intervenue entre le peuple québécois et ses artistes au cours de cette campagne électorale.

Avec une députation où dominent les progressistes et les syndicalistes, le Bloc Québécois a infligé toute une taloche aux Jacques Brassard, Ghislain Lebel et autres éléments de droite qui avaient prédit sa descente aux enfers pour cause de progressisme. D’ailleurs, le vote progressiste a largement dépassé les 50 % des suffrages exprimés si on ajoute aux voix bloquistes celles du NPD et des Verts.

Une impasse politique

Historiquement, les deux grands partis politiques fédéraux ont été les principales forces unificatrices à l’encontre des forces centrifuges régionales et nationales à l’œuvre au Canada et la composition du cabinet fédéral avait pour fonction de refléter l’importance relative des diverses composantes du pays.

Au Parti libéral – parti « naturel » de gouvernement – ayant comme pivot l’axe Montréal-Toronto succédait, le temps que les libéraux se régénèrent dans l’opposition après une trop longue période au pouvoir, le Parti conservateur basé sur l’alliance de l’Ouest et des nationalistes québécois.

L’histoire récente nous en fournit deux exemples avec le gouvernement Diefenbaker majoritaire, élu avec l’appui de l’Union nationale de Maurice Duplessis, et le gouvernement Mulroney prenant le pouvoir en faisant élire 58 députés au Québec avec le soutien des forces péquistes dans le cadre du « beau risque » de René Lévesque.

Stephen Harper a voulu concocter une nouvelle mouture de cette recette éprouvée en flirtant avec le nationalisme québécois, mais la pâte n’a pas levé. Car, depuis l’échec de l’Accord du Lac Meech et la création du Bloc Québécois, la donne a changé. À défaut d’avoir fait reconnaître son caractère « distinct » dans la Constitution, le Québec l’affirme à chaque élection – soit à six reprises depuis 1993 – en envoyant à la Chambre des communes une solide majorité de députés indépendantistes.

Le vrai visage de Stephen Harper

Éconduit par l’électorat québécois, Stephen Harper sera tenté de revenir aux perspectives qui étaient les siennes avant son coup de cœur pour le Québec. Farouchement opposé à toutes concessions au Québec, adversaire déclaré du concept de « société distincte », Stephen Harper s’était également opposé à l’Accord de Charlottetown parce qu’il garantissait au Québec 25% des sièges à la Chambre des communes alors que l’évolution démographique favorise l’Ouest du pays.

Que, dès le lendemain de l’élection, il ressorte le vieux projet réformiste d’un Sénat électif, auquel toutes les forces politiques québécoises se sont toujours férocement opposées, montre que le Québec ne pèse plus bien lourd dans la balance.

Il est fort possible que l’analyse des résultats de la dernière élection conduise Stephen Harper à penser que la majorité parlementaire est à portée de main en Ontario, comme l’ont souligné plusieurs commentateurs politiques au Canada anglais.

Le déclin démographique du Québec et le déplacement du pouvoir économique vers l’Ouest du pays annoncent la marginalisation du Québec au sein de la fédération canadienne. À l’axe historique Montréal-Toronto est en train de se substituer l’alliance des financiers de Toronto et des pétroliers de l’Alberta.

Le Québec, seul devant la crise économique

Cette transformation fondamentale de ce qu’a été jusqu’ici le Canada survient en pleine tourmente financière et sur fond de récession économique. Dans ce nouveau contexte économique où le rôle des États redevient fondamental, pas besoin d’être devin pour comprendre que le gouvernement de Stephen Harper aura d’autres impératifs que de venir en aide à l’économie du Québec, d’autant plus que le gouvernement Charest a été perçu comme un allié objectif du Bloc Québécois lors du dernier scrutin.

Déjà, Gilles Duceppe a souligné à plusieurs reprises au cours de la campagne électorale le caractère industriel distinct de l’économie québécoise et le peu d’intérêt que lui accordait un gouvernement Harper branché sur les besoins de l’industrie pétrolière de l’Ouest du pays. Rien ne permet d’envisager un changement de cap. Au contraire.

Le Québec devra donc affronter seul la crise économique imminente. Et il est mal outillé pour le faire. Premièrement, parce que les principaux instruments économiques qu’il s’est donné lors de la Révolution tranquille – Caisse de dépôt et autres sociétés d’État, Mouvement Desjardins, Banque Nationale, Fonds de solidarité – ne coordonnent plus leurs efforts comme l’a démontré M. Jacques Parizeau lors de la prise de contrôle de la Bourse de Montréal par la Bourse de Toronto. « Le Québec inc. n’existe plus », a-t-il alors constaté.

Deuxièmement, le Québec se retrouve affaibli idéologiquement parce que ses dirigeants se sont faits lessiver le cerveau par le discours néolibéral anti-étatique des vingt-cinq dernières années. Ils n’en sont pas tous morts, mais tous ont été frappés. La bonne chose avec la crise actuelle, c’est que les modèles qu’ils montaient en épingle – comme l’Irlande et ses taux d’impôts insignifiants – s’écroulent comme des châteaux de cartes.

Troisièmement, parce que le Québec, simple province, ne possède pas les outils économiques, financiers et monétaires nécessaires à une nation pour s’autodéterminer. Aujourd’hui, plus de 50% de l’activité économique passe par l’intervention de l’État. Avec un demi-État, on ne produit que de la demi-richesse.

Le Québec a besoin de réhabiliter le rôle de l’État. Cette tâche incombe particulièrement aux souverainistes qui doivent se réapproprier le discours fondateur de leur parti. René Lévesque disait toujours que l’État est notre principal outil collectif et l’expression de la volonté populaire.

Dans la conclusion de son discours célébrant l’éclatante victoire du Bloc Québécois, le soir des élections, Gilles Duceppe a rappelé que le seul dénouement à l’impasse politique canadienne est l’indépendance du Québec. À nous de la remettre à l’ordre du jour.


À quoi sert le SPQ Libre ? Texte publié dans le journal Le Devoir

Ce texte a été publié dans le journal Le Devoir de ce lundi 12 février 2007

Le déclenchement prochain des élections au Québec interpelle le mouvement syndical et chacun de ses membres. Qu’ils soient syndiqués au secteur public ou au privé, tous ont goûté à la médecine néolibérale du gouvernement Charest.

Dès le départ, le gouvernement a envoyé un message clair au 30 % de la main d’œuvre qui occupe des emplois atypiques, en légiférant pour nier le droit à la syndicalisation aux 25 000 travailleuses des services sociaux et de santé et des services de garde à l’enfance.

Puis, les amendements à l’article 45 du code du travail ont placé une épée de Damoclès au-dessus de la tête des travailleuses et travailleurs des entreprises privées. La fusion forcée des accréditations syndicales dans le secteur de la santé (loi 30) prépare là aussi le terrain à la sous-traitance et à la désyndicalisation. Enfin, la loi 142 a passé les menottes au secteur public.

Avec des lois adoptées sous le bâillon, le gouvernement Charest a envoyé le mouvement syndical au tapis. Qui peut être assez naïf pour croire qu’il va lui tendre la main pour l’aider à se relever ? Qui peut penser qu’il lui donnera le temps de récupérer et se remettre sur pied ? Aussitôt réélu, il va le frapper pour le rendre socialement et politiquement insignifiant.

Ce scénario n’est pas particulier au Québec. Il a été joué et rejoué dans nombre de pays avec toujours le même dénouement : l’érosion des effectifs syndicaux. De 1970 à 2000, le taux de syndicalisation a chuté de 34 % à 21 % en moyenne dans les pays de l’OCDE. Les leaders syndicaux ont participé à suffisamment d’ateliers, colloques et sommets sur le néolibéralisme au cours des dernières années pour connaître cette situation.

Social-démocratie et syndicalisme sont des frères siamois

La marginalisation du mouvement syndical serait catastrophique pour ce modèle québécois tant célébré pour ses valeurs de partage et de solidarité. Au Québec, comme partout à travers le monde, il y a corrélation entre le taux de syndicalisation et la redistribution de la richesse. La social-démocratie et le syndicalisme sont des frères siamois. L’un n’existe pas sans l’autre. Le catalogue des législations progressistes adoptées au cours de son histoire par le Parti Québécois a souvent été un copier-coller de résolutions de congrès syndicaux.

Cependant, au cours des dernières décennies, l’amoindrissement de l’influence syndicale est patent. Les lois anti-syndicales ont rétréci considérablement son champ d’action et ses positions subissent le feu nourri des médias, instituts de recherche et autres regroupements de Lucides. Le mouvement syndical doit retrouver sa marge de manœuvre et son pouvoir d’influence sur les grands enjeux politiques. Il doit faire sentir sa présence dans l’arène proprement politique.

La question nationale condamne à l’échec Québec solidaire

Les règles du jeu politique au Québec ont toujours rendu inopérants tous les efforts de création d’un parti social-démocrate. Il y a des obstacles qui tiennent à un mode de scrutin assassin pour les tiers-partis. Mais la difficulté première est la question nationale autour de laquelle s’articule toute la politique québécoise et – faut-il le répéter — une bonne partie de la politique canadienne. Plus que le mode de scrutin, celle-ci condamne à l’échec l’expérience de Québec solidaire. En cherchant à mettre en sourdine la question nationale, cette coalition de souverainistes et de fédéralistes s’engage dans un chemin souvent fréquenté au cours de notre histoire et dont l’issue est connue. À la première crise politique d’envergure, la coalition volera en éclats.

La seule soudure capable de lier ensemble des forces politiques autrement divergentes est la quête de la souveraineté. Pour faire entendre leur voix – et faire adopter des législations progressistes – les partisans de la social-démocratie doivent s’inscrire au sein de la grande coalition souverainiste. Au plan proprement politique, ce ne peut être qu’à l’intérieur du Parti Québécois. C’est la voie que nous avons choisie avec la création du club politique Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre).

Le SPQ Libre, une réponse à une vieille préoccupation du mouvement ouvrier

Fondé il y a trois ans, le SPQ Libre a négocié avec Bernard Landry, alors chef du Parti Québécois, une entente qui peut se résumer ainsi. Le Parti Québécois reconnaît dans ses statuts l’existence de clubs politiques pouvant être l’expression d’un point de vue minoritaire et les membres du club politique s’engagent à rompre avec une vieille pratique de la gauche québécoise, soit de déchirer sa carte de membre sur la place publique lorsque ses positions ne sont pas adoptées.

Les membres du SPQ Libre ont investi les instances du parti, participé à la Saison des idées, fait élire leur présidente, Monique Richard, à la présidence du Parti Québécois et présenté un candidat, Pierre Dubuc, dans la course à la chefferie. L’influence du SPQ Libre se reflète dans l’orientation résolument social-démocrate du programme adopté au congrès de 2005 et s’est fait sentir à chacun des conseils nationaux.

Avec le SPQ Libre, la gauche syndicale et progressiste revient au Parti Québécois après l’avoir longtemps boudé. La fracture date des négociations désastreuses du secteur public de 1981. Rappelons que, lors du référendum de 1995, l’alliance entre le mouvement syndical et les souverainistes s’est concrétisée à l’extérieur du Parti Québécois dans le cadre des Partenaires pour la souveraineté.

Il y a, bien sûr, toujours eu des progressistes au Parti Québécois, mais le SPQ Libre leur sert aujourd’hui de pôle de ralliement et leur permet d’intervenir de manière organisée en toute indépendance. Avec ses orientations, ses statuts, son financement et ses propres dirigeants, le SPQ Libre est la réponse à une vieille et fondamentale préoccupation du mouvement ouvrier québécois, soit celle de pouvoir intervenir au plan politique tout en conservant son autonomie.

Pas de souveraineté sans de fortes assises syndicales

Le rôle du SPQ Libre au sein du Parti Québécois est aujourd’hui capital pour l’avenir de la social-démocratie québécoise. Chacun est à même de constater les efforts déployés par certaines forces pour tirer le Parti Québécois vers la droite. Elles attribuent la dernière défaite électorale aux gains effectués par l’ADQ et proposent de reconquérir cette clientèle électorale avec un discours et un programme faisant de larges emprunts à Mario Dumont. Elles proposent une « nouvelle social-démocratie » calquée sur le « New Labour » de Tony Blair. Une approche qui s’est traduite en Angleterre par un affaissement du mouvement syndical et des politiques de droite enrobées dans un discours de gauche.

Nous croyons plutôt, au SPQ Libre, que la défaite de 2003 est attribuable au taux d’abstention, le plus élevé depuis 1927. Déçus de ses politiques à saveur néolibérale et de sa tiédeur sur la question nationale, 475 500 électeurs qui avaient voté pour le Parti Québécois en 1998 ont fait l’élection buissonnière en 2003. L’enjeu de cette élection est de les ramener dans les isoloirs, ce que seul un programme social-démocrate est en mesure de faire.

Plus globalement, l’enjeu est également la souveraineté. Avec le programme social et économique de Mario Dumont vient tout naturellement son programme constitutionnel : l’autonomie provinciale. Pour marcher résolument vers la souveraineté, le Parti Québécois doit élargir le plus possible son soutien populaire et sa base organisationnelle. Et seul le mouvement syndical peut la lui procurer.

Marc Laviolette Président, Pierre Dubuc Secrétaire