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Pourquoi une forme de scrutin proportionnel avant les prochaines élections ?

lundi 17 février 2003, par Marc Bonhomme

À son congrès des 1er/2 février, l’Union des forces progressistes (UFP) adoptait une motion d’urgence préconisant « …un scrutin proportionnel avant les prochaines élections… »

Étant donné le très court délai d’ici les prochaines élections, cette réforme du mode de scrutin ne peut être qu’une réforme d’urgence, perfectible par la suite.

Si on veut respecter l’actuelle et nouvelle carte électorale et l’actuel mode de votation, il faut un mode de scrutin proportionnel (MSP) compensatoire. Par exemple, 75 nouveaux sièges compenseraient l’iniquité des 125 sièges choisis par le mode uninominal à un tour. Les sièges compensatoires seraient distribués à parité femme-homme à tous les partis ayant eu 1% et plus du vote sur la base de liste de partis possiblement établis par un congrès spécial ou par un scrutin interne à chaque parti.

Le MSP pour les prochaines élections prend à rebours la Commission Charbonneau-Béland, une diversion pour répondre à l’insatisfaction populaire sans que le PQ ne soit obligé de changer quoi que ce soit malgré 30 ans de promesse d’instaurer un MSP.

Le MSP pour les prochaines élections créerait une brèche pour forcer le prochain gouvernement à donner suite à la réforme globale des institutions démocratiques.

le MPS compensatoire est soutenu par les 3 partis néolibéraux parce que la population favorise largement le MPS. Le plébiscite concurremment aux prochaines élections favorisé par le Ministre Charbonneau est donc superflu, une pure mesure dilatatoire.

Le MSP fait « que chaque vote compte » favorisant ainsi la présence au parlement de tous les partis significatifs (plus de 1% des votes) et ainsi que la participation électorale.

Le MSP, même sans parité femme-homme, favorise les candidatures de femmes et des minorités grâce à l’obligation de faire des listes, ce qui pénaliserait tout parti démocratique négligeant d’y inscrire un nombre suffisant de femmes et de minorités.

Le MSP compensatoire ne pénalise pas les régions tout en faisant place à des candidatures nationales représentatives de secteurs et de groupes sociaux.

Le MSP donne plus d’importance aux plate-formes et aux programmes des partis par rapport aux personnalités des candidats et candidates… surtout si les plate-formes des partis reconnus étaient distribuées gratuitement dans chaque ménage et que ces partis avaient le même accès aux grands médias durant la campagne électorale.

Le MPS, sous toutes ses formes, favorise le vote stratégique, pour l’orientation politique, au détriment du « vote utile » ou tactique pour le moins pire.

Le MSP donne des gouvernements plus forts parce que plus légitimes étant donné qu’ils sont soutenus la plupart du temps par plus de 50% de l’électorat.

Le MSP démocratise le vote indépendantiste parce qu’il permet l’addition des votes indépendantistes (et même social-démocrates si on croit le PQ tel) sans neutraliser anti-démocratiquement les votes anglophones et allophones parce que concentrés géographiquement, ce qui oblige à abandonner le nationalisme en faveur d’un indépendantisme de gauche.
Marc Bonhomme, 16 février 2003