Tour de table : les 15 participantEs se présentent et présentent leur position sur la question souveraineté/indépendance du Québec :
Rappel historique. Présentation.
Depuis des décennies, la question nationale structure la vie politique au Québec.
Étant traditionnellement porté par la droite, le discours nationaliste semble un débat éculé pour la gauche qui, elle, mise d’abord sur la définition d’un projet de société égalitaire, solidaire et écologiste. Cependant, notre projet politique ne peut se réaliser dans le cadre du système politique fédéral canadien).
Les bourgeoisies québécoise, canadienne et américaine sont foncièrement contre l’indépendance.
Les intellectuels, qui ont d’abord pensé la libération nationale, plaçaient la souveraineté dans le cadre de la lutte de classes. Le discours indépendantiste avait alors une dimension clairement antiimpérialiste.
En hégémonisant le mouvement indépendantiste, les technocrates du PQ ont marginalisé cette dimension anti-impérialiste. Il s’agissait pour cette classe de s’aménager une place de choix dans la société capitaliste pour donner plus de pouvoir au Québec inc., à la bourgeoisie québécoise. Mais cette dernière n’a jamais adhéré majoritairement au projet de souveraineté du Québec.
Pour nous, la souveraineté n’est pas seulement un levier pour un nouveau projet de société. Elle est également la voie d’accès à la libération nationale ; c’est un moment essentiel de notre libération, c’est la réalisation d’un droit démocratique fondamental, notre droit à l’autodétermination.
L’indépendance, comme lutte de libération nationale et sociale, pose le problème de la rupture de l’État canadien. C’est, sur le terrain économique, refuser la domination étrangère sur nos ressources, nos entreprises, sur notre peuple. C’est refuser que les minières pompent pour leurs profits les ressources de notre sol, que les entreprises forestières saccagent nos forêts, que les entreprises pharmaceutiques fassent grimper les prix des médicaments essentiels. L’indépendance n’est pas seulement politique, c’est également un objectif économique, c’est la reprise en main du pays, son contrôle démocratique par l’ensemble du peuple.
La nation québécoise en redéfinition
La nation n’est pas une essence, mais une construction. C’est la classe la mieux organisée politiquement qui réussit à dominer la construction identitaire de la nation. Jusqu’ici la droite a eu ce pouvoir de récupérer le discours national, de lui enlever sa dimension anti-impéraliste en déconnectant ce discours d’avec la conscience de classe) et le réduisant le discours nationalitaire à un ethnocentrisme essentialiste.
Le Parti libéral du Québec a réussi à mobiliser avec succès pour la sauvegarde du Canada. Le PQ, en découplant la lutte nationale de la lutte sociale a affaibli la lutte pour l’indépendance du Québec. Aujourd’hui, il n’apparaît plus comme le véhicule véritable de la lutte pour l’indépendance du Québec.
Il faut maintenant relancer cette lutte dans un nouveau cadre stratégique.
Réactions des participantEs :
La tâche politique de la gauche est effectivement
• de révéler aux classes comment la lutte contre l’impérialisme doit s’articuler à la lutte pour la souveraineté ;
• présenter la lutte indépendantiste clairement comme une lutte pour la démocratie, contre l’impérialisme – afin de dépasser le discours nationaliste étroit ;
• l’oppresseur est aussi le capitaliste francophone. Ce sont les forces sociales ouvrières et populaires qui doivent prendre la direction de la lutte de libération nationale du Québec.
QS n’ose pas jusqu’ici lier énergiquement la lutte contre le capitalisme et la souveraineté. Les jeunes en particulier rejoignent plus souvent un discours radicalisé comme le militantisme contre la ZLÉA l’a démontré.
Ainsi, il faut chercher à faire fusionner l’altermondialisme et la gauche souverainiste ; ce sont des projets qui visent la même cible : la domination impérialiste sur le monde et sur les nations opprimées.
Il faut chercher des alliances avec les classes ouvrières du Reste du Canada et chercher à démontrer que la souveraineté nationale du Québec peut les aider à lutter contre le capitalisme.
La stratégie basée sur la souveraineté populaire.
L’Assemblée constituante est le couronnement de la mobilisation populaire où le peuple se donne comme tâche de redéfinir les institutions politiques.
Pour y arriver, il faut que QS soit au pouvoir, donc que les luttes pour une transformation sociale véritable aient considérablement progressé. Pour parvenir à l’élection d’une assemblée constituante, il faut parvenir à un changement majeur dans le rapport de forces des classes, à une réorganisation de la société civile. Il faut parvenir à une situation où l’élection d’un gouvernement de Québec solidaire soit à portée de main. Dans ce nouveau contexte, tout sera possible !
Quel est le but de cette Assemblée ? C’est d’associer l’ensemble du peuple à la démarche de la souveraineté du Québec. C’est un horizon pour un projet collectif de gauche ? Une telle perspective se distingue du marketing politique péquiste. Elle ne peut prendre corps qu’associée à une véritable mobilisation unitaire de la population.
Sortir du Canada est essentiel pour réaliser notre projet de société
Pensons-nous que dans le cadre politique et économique du Canada, un projet de société de gauche peut se réaliser réellement ? Nous croyons que non. La perspective provincialiste rapetisse notre projet. Si nous votons pour Québec solidaire, nous devons expliquer que cela veut dire enclencher un processus démocratique de redéfinition du statut du Québec.
Discussions sur le processus de participation au programme.
La discussion politique en direction de notre congrès de novembre est l’expression d’une démocratie. Il faudra tirer les bilans qu’il faut pour aller plus loin encore dans la démarche démocratique lors des prochains débats.
Ce débat programmatique est essentiel car il permet de nous rapprocher d’une véritable compréhension de la société et des tâches qui sont devant nous.