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Rapports entre construction de Québec solidaire et rôle des mouvements sociaux dans le processus de transformation sociale

lundi 18 octobre 2010, par Cercle citoyen de Gauche socialiste sur les rapports entre Québec solidaire et les mouvements sociaux

Le débat sur les rapports que Québec solidaire doit établir avec les mouvements sociaux est un débat essentiel pour le congrès qui vient. Le Cahier de participation du congrès le formule ainsi : Comment Québec solidaire peut-il promouvoir au sein même des résistances syndicales et sociales son projet alternatif de gauche ?

1. Construire un parti utilisant la lutte électorale pour défendre les revendications ouvrières, populaires, écologistes et féministes et donner une voix aux mouvements sociaux est essentiel.

La conquête du pouvoir politique demeure un passage obligé si l’on vise un changement à l’échelle de la société. Seule une organisation politique structurée, un parti politique, peut présenter un programme faisant la synthèse des revendications économiques, sociales, démocratiques et politiques et les intégrer en un projet global de société. Il est donc nécessaire que Québec solidaire occupe sans timidité ce terrain et favorise la rupture des mouvements sociaux d’avec le PQ et son social-libéralisme qui a été un facteur de recul et de démobilisation. Québec solidaire doit chercher à permettre l’expression de la résistance populaire dans le cours même des campagnes électorales.

2. Construire un parti qui unit son combat à celui des mouvements sociaux

Au Québec un parti politique de gauche en construction comme Québec solidaire n’a pas le monopole de la politique. Les mouvements sociaux sont également des porteurs de la volonté de transformation politique de cette société. L’unité ou la fragmentation, les avancées ou les reculs des mouvements sociaux sont mêmes des déterminants du champ des possibles dans lequel s’inscrit la construction d’un parti politique de gauche.

Un parti qui désire être en phase avec les mouvements sociaux aux prises avec l’offensive néolibérale a avantage à ne pas se cantonner dans le travail électoral et à lutter également dans la rue aux côtés des organisations sociales populaires. En effet, la construction d’un parti de gauche et le développement des mouvements sociaux sont des processus interdépendants.

Dans cette perspective, Québec solidaire ne peut se contenter de saluer les luttes sociales ou de s’en faire simplement l’écho sur le terrain institutionnel et parlementaire. L’enracinement d’un projet de société et la construction d’un parti qui le porte ne sont pas d’abord le produit d’un travail d’éducation politique et de prise de parole publique mais sont liés aux combats concrets qui seront menées par la population du Québec pour ses revendications dans le sens d’une transformation sociale véritable. Québec solidaire est devant un défi essentiel : offrir un projet alternatif de gauche dans leur cœur même de la résistance populaire.

Un mouvement syndical, un mouvement féministe et d’autres mouvements sociaux forts et unis sont essentiels pour créer des conditions favorables à l’émergence d’une alternative politique de masse. Québec solidaire n’est pas neutre face à ce défi. Il souhaite le renforcement des mouvements sociaux et de leur combativité. Car. une politique de transformation sociale ne se fera pas sans eux, sans leur implication tant dans la définition des objectifs poursuivis que des mobilisations qu’il faudra construire pour parvenir à cette transformation.

Ce n’est que s’il s’articule à la mobilisation des mouvements sociaux qu’à l’accession au pouvoir un parti de gauche aura les moyens de transformer des revendications en réalisations durables. Sans un mouvement social fort, le gouvernement d’un parti de gauche ne saurait être en mesure d’appliquer et de maintenir ses politiques et de faire face aux résistances du grand capital et de ses alliés.

Québec solidaire n’est pas neutre face aux mouvements sociaux. Il est leur allié. Comme parti et comme futur gouvernement, il doit
 soutenir leurs revendications,
 chercher à renforcer leurs capacités d’organisation et d’actions,
leurs droits et leur rayonnement,
 oeuvrer à renforcer leur unité et leurs actions communes.

C’est ainsi qu’un gouvernement Québec solidaire élargira le droit à la syndicalisation, le droit de grève, qu’il soutiendra le développement de l’organisation du mouvements des femmes dans le respect de son autonomie, et donnera sou soutien au mouvement d’éducation populaire et au travail des groupes de citoyennes et de citoyens mobilisés pour défendre leur pouvoir sur leur vie.

Si Québec solidaire se donne de telles tâches, c’est qu’il reprend à son compte la perspective qui affirme que les travailleuses et les travailleurs seront les principaux sujets de leur propre émancipation et qu’il ne prétend nullement, comme parti, que la transformation des conditions de vie et de travail de la vaste majorité de la population se fera d’en haut sans que les personnes directement impliquées ne soient elles-mêmes les artisanes de ces transformations.

3. La nature des rapports à établir entre le parti Québec solidaire et les mouvements sociaux

Par son membership, Québec solidaire représente donc une force transversale aux mouvements sociaux. Son action vise à favoriser l’autonomie des mouvements sociaux face aux partis du patronat, à défendre l’unité dans l’action des différents mouvements sociaux et à défendre la constitution d’un front social et politique unitaire de résistance.

Les rapports égalitaires entre partis et mouvements sociaux doivent pouvoir se vivre à travers des forums de la gauche, au cours desquels mouvements sociaux et partis participent conjointement au processus d’élaboration : de manière à ce que le travail d’élaboration politique puisse se faire à travers un débat sur le fond des questions et non pas dans l’urgence de l’échéance électorale.

Ces perspectives peuvent se moduler :

 par la défense de l’unité d’action, 
 par la défense de rapports égalitaires entre le mouvement syndical et les autres mouvements sociaux, 
  par la défense de la nécessité de construire des cadres unitaires durables d’élaboration collective,et par la participation à la construction de tels cadres unitaires, 
 par l’animation de lieux de partage d’expériences

Pour développer sa pertinence politique dans les différents mouvements sociaux, Québec solidaire doit favoriser le réseautage de ses militantes et militants qui appartiennent au mouvement populaire, au mouvement syndical, au mouvement féministe ou au mouvement étudiant... pour favoriser des débats véritables en son sein et élaborer collectivement des propositions pour ces différents mouvements sociaux.