Voilà déjà près de quatre mois que Québec solidaire se fait entendre sur la scène sociale et politique du Québec, et cela non sans succès et espoirs grandissants.
Qu’on pense par exemple au score électoral de plus de 22% obtenu par Manon Massé dans la circonscription de Sainte-Marie-Saint-Jacques, ou encore aux interventions remarquées des porte-parole de Québec solidaire sur la guerre en Afghanistan ou vis-à-vis des volontés acharnées de privatisation du parc du Mont-Orford par le gouvernement Charest.
Ces premiers bons points doivent nous faire penser cependant à toutes les choses qui restent en suspens et, pour un parti qui vient de naître, elles sont innombrables et d’autant plus importantes que les premiers pas faits dans telle ou telle direction risquent d’orienter pour longtemps le Québec solidaire que nous voulons.
D’où l’envie qu’on ressent chez beaucoup, et dont on souhaiterait à Presse-toi à gauche ! se faire l’écho : celle d’aller doucement, de prendre son temps, de ne rien précipiter, de rentrer dans une véritable démarche de démocratie participative en ce qui concerne le devenir même du parti. Comme si la fusion entre Option citoyenne et l’UFP devait être menée jusqu’au bout en intégrant les meilleurs apports des deux formations à l’origine du Québec solidaire d’aujourd’hui.
Par exemple, l’UFP avait toujours pensé qu’il fallait construire un parti qui soit à la fois des urnes et de la rue, c’est-à-dire qui se définisse autant par son intervention électorale que par ses actions au quotidien et ses liens avec les différents mouvements sociaux en action (mouvements étudiant, écologiste, des femmes, antiguerre, syndical, communautaire, etc.). Et cela parce que les transformations socioéconomiques auxquelles aspire la gauche -de par leur ampleur même- ne peuvent être pensées qu’à travers la participation citoyenne la plus large.
Voilà pourquoi, à Presse-toi à gauche !, nous insistons tant sur cette idée d’un parti de gauche qui marche sur ses deux pieds. On ne peut pas en effet se contenter de mener la seule bataille des élections, il y a aussi d’autres terrains où la gauche doit d’ores et déjà agir se faire entendre et reconnaître.
En ce sens, ce dont Québec solidaire aurait besoin, selon nous, c’est moins d’un programme de gouvernement pour les 1000 premiers jours -programme qui risque de donner la part trop belle à l’électoralisme- qu’un programme d’urgence solidarité qui, en s’appuyant sur les besoins et les mobilisations des différents mouvements sociaux et sur les haut-parleurs que seraient devenus les quelques députés que nous aurions pu faire élire aux prochaines élections, chercherait à stopper au jour le jour les menées chaque fois plus agressives de la droite : montée des inégalités, dégradation de l’environnement, érosion des libertés individuelles et collectives (droit à l’organisation syndicale, à l’indépendance), etc.
Certes, articuler ces deux dimensions de l’action est loin d’être simple. Mais, si on se donnait les moyens et le temps d’y réfléchir, n’aurions-nous pas infiniment plus de chances d’être rassembleurs et efficaces, de faire ainsi grandir dans la bonne direction le parti de nos rêves ?