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Questions féministes à considérer dans le programme de Québec solidaire

jeudi 14 octobre 2010, par Comité Femmes de Gauche socialiste

Le débat sur l’enjeu 2 (« Pour une société solidaire et écologique ») est un débat déterminant pour le programme de Québec Solidaire. C’est pourquoi il est essentiel que les revendications des femmes y trouvent leur place. Nous avons trop parlé de la transversalité des demandes féministes pour passer outre quand vient le temps de parler d’économie, de travail, d’écologie et d’agriculture. Malheureusement, les textes de l’enjeu 2 laissent peu de place aux femmes. C’est pourquoi nous aimerions proposer les argumentaires suivants et surtout les revendications à réintroduire sous forme d’amendements. Tout au long de notre argumentation, nous allons tenter de lier, à l’instar de la Charte mondiale des femmes, l’oppression patriarcale à l’exploitation capitaliste.

1. Pour sortir les femmes de la pauvreté

Majoritairement à temps partiel, ne gagnant encore que 75 % du salaire des hommes, cantonnées dans des secteurs féminins sous-payés, vivant la pauvreté comme cheffe de famille monoparentale sur l’aide sociale, isolées dans leur solitude et sans-le-sou au moment de leur vieillesse, les femmes sont insérées sur le marché du travail et dans l’économie en général, sans l’être vraiment. Cette insertion particulière est loin d’être une erreur de parcours, c’est en fait le mode d’insertion des femmes au travail et par conséquent à l’économie. Les femmes sont encore considérées comme des salaires d’appoint, comme des travailleurs de seconde zone. Cette insertion spécifique des femmes s’explique par le fait que ça profite aux entrepreneurs dans leur ensemble. Les femmes sont une main-d’œuvre bon marché, qui ne coûte pas cher. C’est pourquoi toutes les mesures d’égalité sont difficiles à mettre en place et à gagner. Le capitalisme a intérêt à être patriarcal… ça lui rapporte de l’argent.

Il faut donc défendre l’autonomie économique des femmes en reprenant les revendications suivantes :

• Instaurer un revenu minimum garanti pour sortir les femmes de l’aide sociale, des pensions alimentaires ou de vieillesse ;

• Développer des programmes sociaux pour augmenter le salaire social ;

• Instaurer une réelle équité salariale pour l’ensemble des entreprises basées sur des normes standardisée nationalement ;

• Favoriser l’accès rapide et facile à la syndicalisation pour tous les travailleurs et travailleuses quelque soit la grosseur de leur entreprise ;

• Mettre en place des mesures de discrimination positive pour les femmes pour permettre l’accès aux métiers non traditionnels.

2. La maternité socialement reconnue

Les congés de maternité payés n’ont fait leur apparition que dans les années 1970. Aujourd’hui, les femmes cheffes de famille monoparentale sont encore majoritaires sur l’aide sociale. La maternité est donc loin d’être reconnue socialement comme ce qu’elle est : la reproduction de la vie. Pourquoi ? Parce que dans notre société actuelle, la maternité est vécue comme un choix individuel à assumer individuellement. Tout cela revient à dire que c’est aux femmes de se débrouiller. Toute cette responsabilité, les femmes l’assument gratuitement comme mère et ménagère. Le capitalisme profite donc de ce bénévolat des femmes, le capitalisme se nourrit du patriarcat.

Nous revendiquons :

• Instaurer une banque de congé parental pour toutes les mères et les pères (peu importe leur situation), payant à 100 % tous les congés nécessaires à une grossesse en santé, à un enfantement supervisé et au suivi nécessaire à l’enfant y compris des congés pour les maladies des enfants ;

• Développer des services publics sur le modèle de fonctionnement des garderies, à but non lucratif et syndiquées, pour prendre en charge les repas dans les écoles, l’aide aux devoirs, l’entretien ménager, l’entretien des vêtements, la préparation des repas, etc. ;

• Baisser les heures de travail, sans perte de salaire et faciliter l’accessibilité à des horaires flexibles pour permettre une meilleure conciliation famille-travail ;

• Développer le réseau actuel des garderies (à but non lucratif et syndiqué) pour que les services soient offerts 24h/24 et 7 jours par semaine.

3. La place des femmes : une participation essentielle

Pour gagner une réelle égalité, les femmes doivent prendre leur place comme citoyenne, comme travailleuse, comme personne impliquée et responsable. Isolées et pauvres, les femmes peuvent difficilement devenir des citoyennes à part entière. Les femmes doivent pouvoir penser leur vie autrement : ne pas être uniquement cantonnées dans la sphère privée, c’est-à-dire prendre leur place dans la sphère publique.

Seule leur implication permettra de montrer comment le patriarcat sert le capitalisme. Si Québec solidaire veut bâtir une société nouvelle, il doit permettre aux femmes d’agir à part entière. Les femmes doivent aussi prendre du pouvoir.

Nos revendications sont donc importantes pour assurer aux femmes une place égale :

• Obliger les partis politiques à la parité dans les candidatures et les postes de responsabilité.
• Développer des mesures d’implication (exemple congés payés) des femmes pour permettre la démocratie citoyenne ;

• Permettre aux femmes immigrantes d’avoir un statut de femme autonome et libre de l’autorité du père ou du mari et développer des programmes de francisation et de réinsertion au marché du travail ;

• Développer des mesures d’accès à l’égalité dans les syndicats et les organismes communautaires et populaires.