Tiré de PTAG
mardi 9 décembre 2008, par Bernard Rioux
Le Parti libéral a son programme économique, son projet pour traverser la crise. Ce projet, c’est celui de l’affaiblissement des services publics, du règne sans partage du secteur privé, de la réduction des droits collectifs. Il faut être prêt à voir resurgir ces projets qui seront maintenant motivés par la volonté de faire face à la crise. Il appellera même à la solidarité de tous et de toutes pour traverser cette crise, utilisant de façon totalement instrumentale la rhétorique nationaliste. Charest n’a en effet aucune gêne à utiliser les différents mécanismes de la manipulation.
Le Parti québécois a profité de l’effondrement de l’ADQ. Il a aussi profité du dégoût tout à fait justifié provoqué par la campagne de dénonciation du Québec et des indépendantistes menée par le gouvernement Harper. Encore une fois, ce parti des élites québécoises a réussi à profiter des aspirations nationales et sociales pour se rapprocher du pouvoir. Pauline Marois a encore osé prétendre que le Parti québécois est le porteur des idéaux de justice sociale, de partage et d’égalité. Il n’en est rien. Les bilans des gouvernements péquistes sont clairs à cet égard. Les discours rassembleurs du Parti québécois sont d’abord des discours pour éviter de tirer au clair les enjeux, pour cacher les intérêts de classe qui s’opposent, pour créer des consensus qui visent à entraver les actions d’une opposition sociale et politique aux projets des partis qui veulent maintenir en place notre soumission à la logique capitaliste.
Québec solidaire a construit dans ses élections sa pertinence et sa crédibilité en défendant son autonomie et l’originalité de son projet de société. Il a réussi à démontrer sa nécessité en opposant une nouvelle stratégie pour la souveraineté alors que le PQ a rejeté cette perspective dans un horizon lointain.
Charest voudra compter sur les vestiges de l’ADQ pour se renforcer et faire nous faire payer les coûts de la crise. Le PQ voudra continuer à vouloir faire de la lutte pour la souveraineté sa marque de commerce tout en mettant de l’avant des politiques économiques qui ne répondent aux intérêts de la majorité laborieuse.
Le mouvement syndical et les autres mouvements sociaux avec la crise économique et sociale qui vient auront des défis majeurs à relever. L’élaboration de solutions doit partir des intérêts des classes ouvrières et populaires. Elle doit refuser toute collusion et toute collaboration avec les responsables de cette crise. C’est la condition de la réussite des luttes qui sont devant nous.
Ces élections en provoquant une redistribution importante des rôles des différents acteurs politiques à l’Assemblée nationale, en confortant le principal parti néolibéral et en renforçant le parti des alliances nationalistes, aura dressé de nouveaux obstacles sur les nécessités de notre résistance collective et poseront de nouvelles questions sur les alliances que nous devrons nouer comme sur celles que nous devrons refuser.