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Forum social de Québec, Chaudière-Appalaches

Un Forum pour faire converger nos luttes et pour poursuivre nos débats

dimanche 29 septembre 2002, par Bernard Rioux

Les 27, 28 et 29 septembre dernier s’est tenu le Forum social régional de Québec Chaudière-Appalaches. Le Forum a rassemblé plus de 200 personnes impliquées dans les différents mouvements sociaux : mouvement populaire, mouvement des femmes, mouvement écologiste, mouvement anti-mondialisation, mouvement syndical, mouvement étudiant…

Déroulement

Le thème du forum était "Faire converger nos luttes pour un monde juste et solidaire". Pour concrétiser ce thème, le Forum social visait non simplement à être un lieu d’échanges, mais également à dégager des consensus et des pistes d’action. Les participantes et les participants ont d’abord été conviés à un panel qui visait à situer le contexte du débat en établissant les impacts possibles de la mondialisation néolibérale sur la situation vécue dans les différents secteurs sociaux.

Le samedi matin, dans des ateliers -(sur l’alimentation et la société, les alternatives politiques, les arts et la culture, l’éducation, les enjeux pour les groupes populaires, communautaires et groupes de femmes, l’environnement, la fiscalité et le rôle de l’État, l’immigration, le logement et les conditions de vie, la mondialisation et les relations nord-sud, la pauvreté et les droits sociaux, la santé et les services sociaux et le travail)-, les participantEs se donnaient comme tâche de partager les impacts de la mondialisation capitaliste sur leurs réalités, de réfléchir sur les alternatives et d’identifier les convergences.

Samedi après-midi, une première assemblée générale permettait aux militantEs d’entendre les rapports des ateliers, de partager leurs analyses de la situation des différents secteurs et de dégager les consensus.

Mentionnons que l’encadrement de la démarche visait à établir des constats partagées sur les impacts de la mondialisation et des pistes d’action afin de déboucher sur une déclaration du Forum et un suivi concret.

Le dimanche matin, le comité organisateur présentait un premier rapport intitulé "Nos réalités et nos alternatives" suite aux ateliers et aux discussions de la veille ainsi qu’une brève présentation de l’histoire des expériences de coalition dans la région de Québec.

Une nouvelle ronde d’ateliers, non-thématiques cette fois, permettait de recadrer la discussion autour de deux questions : celle des convergences entre les différents thèmes des ateliers de la veille et celle des actions communes qui pourraient prendre racine au sein de ces nouvelles convergences afin d’identifier les suites à donner au Forum en termes organisationnels, stratégiques ou autres.

Après un nouveau travail du comité de synthèse, une déclaration du Forum était soumise à l’Assemblée, déclaration que nous publions ici, et qui reflétait la réalité des débats et la volonté de continuer d’agir.

Importance

Ce forum a constitué un moment fort d’un processus de politisation car il a reflété la volonté d ’aller au-delà des problématiques purement sectorielles. Grâce au sérieux du travail d’organisation, il a permis un travail de réflexion qui s’inscrit dans la continuité de la résistance au Sommet des Amériques et des réflexions du Forum de Porto Alegre. La dimension internationaliste était omniprésente dans la réflexion et les références. L’importance du nombre de jeunes impliqués dans le mouvement anti-mondialisation présent à ce forum n’est pas étranger à ce fait. Les analyses sur ce qui se passe dans la santé ou l’éducation, en ce qui concerne l’environnement ou le travail se font désormais dans une optique clairement internationaliste et ceci constitue une conséquence de la lutte contre la mondialisation capitaliste ces dernières années. Cette lutte est encore en cours et la bataille contre la ZLÉA reste un axe essentiel du combat qu’a identifié le Forum. Ainsi la consultation populaire sur la ZLÉA (menant à un vote au printemps prochain) et la grève et les actions étudiantes du 31 octobre sont des axes des actions communes envisagées.

Cette préoccupation internationaliste s’est reflétée également dans la déclaration au niveau de la lutte pour la paix entre autres en Palestine, en Irak et en Amérique latine.

La dimension féministe était aussi très présente. Dans les ateliers, des militantes féministes avaient d’ailleurs comme rôle à rappeler que cette dimension traversait l’ensemble des problématiques et que la lutte contre le néolibéralisme ne pouvait faire abstraction des luttes des femmes.

En ce qui concerne l’alternative politique partisane, les débats qui visaient à dégager les convergences et les actions communes ont peu touché les débats politiques fondamentaux qui sont devant les forces progressistes.

Ainsi, si on a bien identifié la montée de la droite et les dangers de l’ADQ, aucun bilan des politiques du gouvernement péquiste n’a été même esquissé ; les réalités comparées du PQ, du PLQ et de l’ADQ n’ont pas été discutées ; aucun débat ne s’est fait sur les différentes stratégies possibles face à la prochaine campagne électorale : soutien à un parti politique progressiste comme l’UFP ou vote pour le parti identifié comme le moindre mal ou abstentionniste ou présentation de candidatures populaires. L’importance de la place de la construction d’un parti progressiste comme instrument d’éducation et d’unification des luttes n’a pas été un enjeu du débat. La question nationale qui polarise la scène politique au Québec plus de 30 ans n’a pas eu droit à la moindre intervention. Sur tous ces débats, les consensus auraient sans doute été beaucoup plus difficiles. Ces débats politiques essentiels ont donc été esquivés. Il faudra bien y revenir.

Il reste cependant que la déclaration finale fait de la discussion sur la construction d’une alternative progressiste un des débats urgents à mener et ceci est un acquis important du Forum social régional Québec-Chaudière-Appalaches.

Par le sérieux des débats, par la haute qualité de l’organisation, par l’enthousiasme suscité chez les participantEs, par le suivi qu’il a su esquissé, le Forum régional a été un succès remarquable qui a jeté les bases de l’unification de la militance (même si des secteurs importants du mouvement syndical n’étaient pas présent, FTQ-CSQ) et a préparé le terrain pour que les débats à venir sur l’alternative politique puissent se faire et déboucher sur de claires conclusions.

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