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Bilan des élections fédéraless

Un non massif du Québec à la corruption et au chantage des libéraux fédéraux

mardi 29 juin 2004, par Amir Khadir , Denise Veilleux

mardi 6 juillet 2004

Montréal, le 29 juin 2004 - En accordant 54 sièges au Bloc québécois, la population du Québec a lancé, hier, un sévère coup de semonce au Parti libéral du Canada, qui a puisé allègrement dans les fonds publics pour brimer le droit du Québec de se prononcer librement sur la question de l’indépendance. " Le Bloc a balayé le Québec, au sens électoral bien sûr, mais aussi au sens de nettoyer les écuries du dégât que représente le PLC ", déclare Amir Khadir, porte-parole national de l’Union des forces progressistes. Notre jeune parti note avec intérêt que, sans céder à la campagne de peur et en dépit d’un mode de scrutin désuet, la population a voté plus à gauche pour affirmer son progressisme social et environnemental en votant notamment en beaucoup plus grand nombre pour le BQ et le NPD. "

Le scrutin d’hier révèle aussi que la population québécoise estime favorablement le travail des députés et députées bloquistes dans l’opposition, considérant que le Bloc défend bien les intérêts supérieurs du Québec. Le vote populaire exprime sans doute aussi une sanction punitive contre le gouvernement libéral de Jean Charest qui n’a cessé de semer la colère par son acharnement antisocial et antisyndical. Le Parti conservateur n’a obtenu aucun siège, la population québécoise estimant qu’elle souffrait déjà assez d’un gouvernement néoconservateur à Québec sans en porter un autre au pouvoir à Ottawa.

L’indignation suscitée par le scandale des commandites a certes eu un impact considérable sur les résultats du vote au Québec, mais d’autres motifs ont contribué à l’échec des partis de droite. Il suffit de penser à l’opposition massive à la guerre en Irak et à l’alignement sur la politique étrangère américaine envisagé autant par Martin que par Harper ; aux souffrances quotidiennes imposées par les compressions fédérales dans la santé, l’éducation et les programmes sociaux en raison du déficit fiscal ; au détournement de 45 milliards de la caisse d’assurance-emploi ; sans parler des intrusions répétées du fédéral dans les champs de compétence du Québec. " Aucun parti n’a toutefois suffisamment abordé des sujets extrêmement importants comme les grands accords commerciaux imposés par le néolibéralisme (ALENA, ZLEA, AGCS) et la loi antiterroriste dont le caractère discriminatoire et inique menace nos libertés démocratiques ", ajoute Amir Khadir.

Au vu du déferlement de la vague bloquiste, les gains enregistrés par le NPD dans la faveur populaire au Québec expriment un vote de conviction à gauche. Plus d’une dizaine de membres de l’UFP ont été candidats pour le NPD, le Parti Vert ou le Parti communiste du Canada lors de cette élection. À l’instar des campagnes de plusieurs candidats néo-démocrates qui ont reçu l’appui des associations locales de l’UFP, celle d’Omar Aktouf, qui a enregistré le meilleur pourcentage pour le NPD au Québec avec plus de 14 % des voix dans Outremont, a permis de renforcer les liens entre les progressistes sur le terrain de l’action politique. Il ne fait toutefois pas de doute que le NPD souffre encore au Québec de son appui passé à la loi sur la clarté référendaire, bien que Jack Layton insiste aujourd’hui pour dire qu’il reconnaît le droit à l’autodétermination du peuple québécois.

Dans le reste du Canada, le NPD gagne l’appui de plus de 19 % de la population, mais n’obtient pas plus que 6 % des sièges, ce qui illustre cruellement le déficit démocratique du scrutin uninominal à un tour favorisant les vieux partis institutionnels. " Pourquoi s’étonner alors de la chute constante du taux de participation qui vient même de tomber sous la barre des 60 % au Québec et au Canada ? " demande Denise Veilleux, vice-présidente et porte-parole nationale de l’UFP. " L’abstention d’une proportion croissante de l’électorat, surtout les jeunes, les femmes et les classes populaires, n’exprime-t-elle pas leur méfiance par rapport aux vieux partis ? N’est-ce pas aussi une façon de rejeter un mode de scrutin qui annule tous les votes sauf ceux accordés aux candidatures et aux partis gagnants ? La légitimité de nos institutions démocratiques dépend de la participation des citoyens et des citoyennes, c’est pourquoi l’UFP considère l’introduction du scrutin proportionnel comme une priorité tant au Québec qu’au Canada ", conclut Denise Veilleux